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Émir Abdelkader : Noureddine Aït Hamouda crée une vive polémique

Émir Abdelkader : Noureddine Aït Hamouda crée une vive polémique

Noureddine Aït Hamoudi a de nouveau tenu des propos polémiques sur des personnalités et des faits historiques. Sur El Hayat TV, il a qualifié jeudi soir de « traîtres » plusieurs personnalités dont l’Émir Abdelkader, Houari Boumediene et Messali el Hadj.

Ce sont néanmoins les propos qu’il a tenus sur l’Émir Abdelkader, considéré officiellement comme « le fondateur de l’État algérien moderne », qui ont le plus fait réagir.

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Noureddine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche, héros de la Guerre de libération nationale, a relaté des « faits », certains connus de tous, comme le fait que l’Émir ait entretenu après sa reddition de bons rapports avec la France, notamment l’empereur Napoléon III, et d’autres moins connus. Il a accusé notamment les descendants de l’Émir de percevoir jusqu’à aujourd’hui des pensions de l’État Français.

« Ce n’est pas moi qui dis qu’il est un traître, c’est l’Histoire qui l’a condamné. Il a combattu la France pendant 15 ans, puis il a combattu aux côtés de la France », dit d’emblée Aït Hamouda.

Celui-ci rappelle les faits et apporte son appréciation qui, semble-t-il, n’est pas au goût de tous. Pour lui, ce qu’a fait l’Émir est une « trahison », à commencer par sa reddition.

« Amirouche a été encerclé par les Français à Boussaâda avec l’aviation et des milliers de soldats et il s’est battu jusqu’à la mort. Il pouvait se rendre. S’il l’avait fait, il serait encore vivant. Beaucoup de dirigeants de la révolution se sont d’ailleurs rendus », rappelle-t-il.

Le traité de la Tafna est aussi une « trahison », selon lui. « Il a remis l’Algérie à la France. L’Algérie n’est pas son bien personnel pour qu’il décide de la céder ou non. La différence avec Krim Belkacem, c’est que ce dernier a signé les accords d’Evian pour arracher l’Algérie à la France, et l’Émir a signé les accords de la Tafna pour céder l’Algérie à la France », accuse Nourredine Ait Hamouda, ex-député.

Le traité de la Tafna a été signé en 1837 entre l’Émir Abdelkader et le général Bugeaud. Il portait sur la reconnaissance par Abdelkader de la souveraineté impériale française sur l’Algérie contre la cession de plusieurs provinces (deux tiers du territoire) à l’Émir.

« Il a refusé de soutenir la révolte du peuple algérien en 1871 »

Après sa reddition, Abdelkader est devenu un « ami de la France ». Cela est connu, mais Aït Hamouda exhibe des documents qui attestent que l’Émir a refusé notamment de s’allier avec Otto Bismarck (chancelier allemand, ndlr) en 1871 contre les Français.

« La même année, il a refusé de répondre à l’appel d’El Mokrani de venir soutenir la révolte du peuple algérien », ajoute-t-il. « Je dénonce cette insurrection contre la justice, contre la volonté de Dieu et la mienne. Nous prions le Tout-puissant de confondre les traîtres et de confondre les ennemis de la France », aurait écrit l’Émir à propos de l’insurrection d’El Mokrani.

Évoquant ses descendants, Aït Hamouda soutient qu’ils perçoivent encore des pensions de la France.  Il raconte aussi qu’au lendemain de l’indépendance, un de ses descendants aurait été impliqué dans une tentative de déstabilisation de l’Algérie.

« En 1963, un arrière-petit-fils de l’Émir Abdelkader est venu avec un groupe d’une vingtaine d’Israéliens aux Ouadhias (Kabylie) pour créer des troubles. Ils ont été arrêtés mais Ben Bella et Boumediene ont décidé de les expulser. Je pense qu’ils voulaient exprimer leur reconnaissance à Israël qui avait voté aux Nations-Unies en faveur de l’indépendance de l’Algérie, contrairement à la Turquie qui était le seul pays musulman qui a voté contre l’indépendance de l’Algérie. Le descendant de l’Émir était officier de l’armée israélienne, marié à une israélienne. Il a refusé d’être enterré selon le rite musulman », assure-t-il.

La famille de l’Émir Abdelkader n’a pas tardé à réagir et des dépôts de plaintes sont annoncés. « La loi doit être appliquée à l’encontre de ceux qui la transgressent et c’est ce que nous attendons de la justice algérienne », a déclaré à Al Quds Al Arabi Atika Boutaleb,  arrière petite-nièce de l’Émir.

« Des propos dangereux pour l’unité nationale »

« Les propos tenus par Noureddine Aït Hamouda sur El Hayet TV sont très graves, dangereux pour l’unité nationale et portent atteinte à notre Histoire (…) Ce n’est que la face apparente d’une campagne plus vaste qui vise les symboles de l’État et que nous avions dénoncée par le passé. C’est un phénomène qui n’a pas commencé aujourd’hui. Il y a une volonté des ennemis de l’Algérie de la déstabiliser en dénigrant tous ceux qui ont combattu le colonialisme », juge-t-elle.

Mme Boutaleb annonce en outre qu’elle soutient le dépôt de plainte annoncé par les avocats Hasna Bourenane, Lahcen Touati et Brahim Zouaoui. Les trois avocats ont par ailleurs appelé les Algériens à déposer des plaintes au niveau des juridictions à travers tout le territoire national.

La démarche est soutenue par deux autres descendantes de l’Émir Abdelkader, la princesse Badiaâ et Zhor Assia Boutaleb.

Concernant l’accusation de percevoir des pensions, Atika Boutaleb les dément catégoriquement. « Si c’était vrai, il y aurait des documents qui l’attestent. Deux membres de la famille ont vécu dans la pauvreté à Constantine », assure-t-elle.

L’accusation est aussi réfutée par un autre membre de la famille, Djafar Al Hosni Al Djazaïri, arrière-petit-fils de l’Émir Abdelkader et président de la fondation éponyme. Sur Echorouk TV, il a indiqué qu’il est pour la liberté d’expression concernant les faits historiques, mais qu’il n’accepte pas «  les allégations » portées contre la famille de l’Émir.

« J’espère qu’il va s’excuser. Il ne doit pas oublier qu’il est lui-même fils de chahid et nous, nous aimons le chahid Amirouche et tous les martyrs de l’Algérie. Nous avons des points de vue différents. Nous sommes pour la liberté d’expression. Mais vu qu’il nous accuse de percevoir des pensions, nous allons l’ester en justice pour prouver que tout ce qu’il a dit n’est que fausses allégations », a déclaré M. Al Hosni.

Les propos de Noureddine Aït Hamouda sur l’Émir Abdelkader ne sont pas nouveaux. En 2009, au cours d’une conférence à Bejaïa, il avait rappelé entre autres l’épisode du refus de l’Émir de soutenir la révolte d’El Mokrani. Mais à l’époque, ses propos étaient passés inaperçus et n’avaient pas provoqué de tollé.

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