Emirates a commandé 36 A380 pour un montant catalogue de 16 milliards de dollars et offert une bouffée d’oxygène pour le géant d’Airbus, qui peut ainsi pérenniser son programme phare et espérer débloquer le compteur auprès d’autres compagnies.
La compagnie du Golfe l’a annoncé la première via son compte Twitter, en indiquant que cette commande de 36 appareils dont 20 fermes « souligne notre confiance dans le programme A380 ».
Emirates, de loin la principale cliente du Super Jumbo, porte ainsi ses commandes d’A380 à 178 appareils dont une centaine a déjà été livrée.
Pour Airbus, elle constitue une véritable bouffée d’oxygène alors que l’avionneur avait prévenu lundi que sans cette commande, le programme A380 était menacé.
« Très honnêtement, si nous n’arrivons pas à un accord avec Emirates, il n’y aura pas d’autre choix que d’arrêter le programme », avait déclaré le directeur commercial sortant, John Leahy, lors de la présentation lundi du bilan commercial 2017 du groupe.
En communiquant sur cette commande jeudi, M. Leahy a indiqué qu’elle « souligne l’engagement d’Airbus à produire l’A380 pendant encore au moins dix ans », conformément à ce qu’exigeait Emirates avant de signer.
« Je suis personnellement convaincu que d’autres commandes suivront l’exemple d’Emirates et que ce superbe appareil sera construit bien au-delà des années 2030 », a ajouté le directeur commercial.
Le patron d’Emirates, le Cheikh Ahmed ben Saïd Al-Maktoum, a de son côté estimé que « cette commande va offrir de la stabilité à la ligne de production de l’A380 ». Selon lui, les appareils sont destinés à remplacer une partie des A380 actuellement en service dans sa flotte.
Pour le directeur commercial d’Airbus comme pour le numéro deux de l’entreprise, Fabrice Brégier, cette commande, initialement attendue lors du salon aéronautique de Dubaï en novembre, constitue une consécration. M. Leahy s’apprête à prendre sa retraite après avoir vendu plus de 16.000 avions au nom du constructeur européen depuis 1985, lui permettant de se hisser au rang de géant de l’aéronautique et de rival de Boeing.
Quant à Fabrice Brégier, il va quitter le groupe le mois prochain.
– Des partenariats avec la Chine –
Entré en service en service en 2007, l’A380 avait jusqu’alors été commandé à 317 exemplaires, dont 222 ont déjà été livrés.
En l’absence de nouvelle commande depuis deux ans, l’avionneur a été contraint de réduire la cadence de production de l’appareil afin de prolonger autant que possible le cycle de production.
Il est ainsi passé à une production d’un exemplaire par mois en 2018 contre 27 au total en 2015. Fabrice Brégier a même indiqué que le constructeur pouvait abaisser sa production « jusqu’à six avions par an ».
Airbus espère qu’en pérennisant ainsi le programme pour les dix années à venir voire au-delà, des clients potentiels de l’A380 vont se décider à passer commande de l’appareil.
L’avionneur n’a de cesse de répéter que l’avion, capable d’emporter 575 passagers et au-delà sur une distance de 15.200 kilomètres, constitue la meilleure réponse à la hausse continue du trafic aérien dans le monde, qui double tous les 15 ans.
Il espère notamment des commandes en provenance de Chine, pays qui devrait détrôner les Etats-Unis en 2022 comme le plus grand marché mondial du transport aérien.
Fabrice Brégier a ainsi dit espérer « développer des partenariats, par exemple avec la Chine, et de répondre aux besoins du marché lorsque le marché sera beaucoup plus dynamique sur ce segment » des gros porteurs.
Pour soutenir son programme, Airbus avait annoncé en juin, au salon aéronautique du Bourget, un « A380 Plus » pour optimiser sa rentabilité. Des discussions avec Emirates avaient eu lieu pour « A380neo » remotorisé, mais ce projet n’est plus à l’ordre du jour, du moins pour l’instant.
Pour l’heure, le nombre d’A380 en exploitation dépasse celui des Boeing 747 en service dans le monde alors que les sorties de flottes s’accélèrent pour le Jumbo Jet de Boeing, dont le premier vol date de 1969.