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Emmanuel Macron invite les Français à faire des propositions sur l’immigration

Emmanuel Macron invite les Français à faire des propositions sur l’immigration

Deux mois après le début du mouvement des « gilets jaunes » qui a ébranlé son pouvoir, le président français adresse une lettre à ses concitoyens pour lancer un « grand débat national » déjà critiqué pour les restrictions qui en limitent la portée.

Les Français se sont soulevés contre une hausse des taxes sur les carburants. Ils sont invités à s’interroger sur l’utilité de maintenir certains services publics et surtout à avaliser la suppression de l’Impôt sur la fortune, le « cadeau » qui fait passer Emmanuel Macron pour le « président des riches ».

A travers 35 questions posées aux Français, quatre thèmes sont proposés aux discussions qui se tiendront pendant deux mois, du 15 janvier au 15 mars. Parmi les thèmes, il y a celui relatif à la démocratie et à la citoyenneté qui englobe le sujet de l’immigration supprimé en tant que thème à part entière suite au tollé qu’il avait suscité après son annonce, de surcroît en lien avec la question de l’identité.

En président libéral et en défenseur de l’entreprise, Emmanuel Macron n’a pas d’opposition dogmatique à l’arrivée d’une main-d’œuvre étrangère dans son pays. Il doit quand même prendre en compte la progression de l’extrême droite en Europe et le risque qu’elle favorise celle de Marine Le Pen dans son pays. Il y a aussi un sentiment anti-musulman qui s’est diffusé dans la société à la suite des attentats et qu’il ne peut pas ignorer. C’est le terreau sur lequel prospère justement Marine Le Pen et qu’il convient de ne pas fertiliser davantage.

« Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol. C’est le devoir de l’asile qui ne saurait être remis en cause. Notre communauté nationale est toujours ouverte à ceux qui, nés ailleurs ont fait le chois de la France, à la recherche d’un avenir meilleur : c’est comme cela qu’elle s’est aussi construite. Or cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions, des doutes liées à l’immigration, aux défaillances de notre système d’intégration », écrit le président français dans sa lettre.

En 2017, la recherche du statut de réfugié a franchi pour la première fois la barre symbolique des 100.000 demandes, dont 23.000 ont été acceptées. Près de 2.500 demandes émanaient de ressortissants algériens. Ce qui les plaçait en 9e position des demandeurs, après notamment les Afghans, les Soudanais et les Syriens. Curiosité : 11 Algériens ont même demandé le statut d’apatride. Six l’ont obtenu. Le droit d’asile a été instauré en 946 en France. Il est consacré par la Constitution depuis 1993.

Après le constat, Emmanuel Macron demande aux Français : « Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre nation ? En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le parlement ? Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ? »

La piste des quotas d’immigrés sur le modèle de ce qui se fait au Canada avait déjà été envisagée sous la présidence de François Hollande. Il n’y a rien de nouveau. L’immigration en France reste dominée par le regroupement familial. Dans bien des cas, un immigré régularisé, homme ou femme, est quelqu’un qui va se marier dans son pays d’origine et fera venir son conjoint. S’il était déjà marié et avait des enfants c’est toute sa famille qui le rejoindra. Autre source d’immigration : les déboutés du droit d’asile que le pays ne parvient pas à reconduire hors de ses frontières et qui vont y demeurer en situation clandestine jusqu’à une éventuelle régularisation par la voie du mariage avec un conjoint français ou du travail.

Autre question, celle de la laïcité. « Elle est toujours en France sujet d’importants débats », observe Emmanuel Macron. « La laïcité est la valeur primordiale pour que puissent vivre ensemble , en bonne intelligence et harmonie des convictions différentes, religieuses et philosophiques. Elle est synonyme de liberté parce qu’elle permet à chacun de vivre selon ses choix’, dit-il encore. Après ce constat, il demande : comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’Etat et les religions de notre pays ? Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?

Avant même d’engager ce débat, le président a déjà lancé le chantier des religions avec l’idée de réviser la « loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 ».

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