search-form-close
« En Algérie, nous avons un manque de lits de réanimation »

« En Algérie, nous avons un manque de lits de réanimation »

Après le pic historique de Covid-19 enregistré mardi 25 janvier, le nombre nouveau est en baisse pour le 5e jour consécutif ce dimanche 30 janvier.

Avec 1464 nouvelles infections recensées ce dimanche 30 janvier, et bien que la décrue semble être amorcée, la pression au niveau des hôpitaux reste, pour l’heure, toujours élevée.

| Lire aussi :Huile, médicaments : l’Algérie face à la « maladie » de la spéculation

Interrogé ce dimanche 30 janvier par TSA, le Docteur Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’ordre national des médecins algériens affirme que les capacités normales d’accueil des hôpitaux » ont été dépassées « .

« Certains hôpitaux ont atteint leurs limites de capacités. Le ministère de la santé, de façon locale, en fonction des hôpitaux, que ce soit à Alger, Oran, Constantine, Annaba, est en train de démobiliser des services pour pouvoir accueillir les malades dans un état infectieux difficile, c’est-à-dire faire des extensions dans certains services qui n’étaient, à la base, pas prévus pour cela ».

Le Dr Bekkat Berkani souligne qu’actuellement » l’écrasante majorité des personnes qui se trouvent dans les services de réanimation n’est pas vaccinée ». Il tient toutefois à préciser : » Les services de réanimation sont sous tension mais il y a une différence importante entre la vague Omicron et celle du variant Delta en matières d’oxygène et de réanimation ».

La vague Delta, qui avait frappé l’été dernier l’Algérie, a provoqué la saturation des hôpitaux et des pénuries d’oxygène médical.

| Lire aussi :Positif au Covid : les nouvelles règles pour la reprise du travail

« Actuellement et comparé à la troisième vague de l’été dernier, nous ne sommes pas complètement saturés. 70 à 80% des lits sont occupés mais cela prouve qu’on est en pleine vague. On n’est pas saturés mais le trois quarts des lits sont occupés », relève le  Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialisés  de la santé publique (SNPSSP).

Interrogé sur les cas de refus de certains hôpitaux, particulièrement à Alger, d’accueillir les malades ou de les transférer vers d’autres établissements sous prétexte d’un manque de lits, le Dr Yousfi répond :  « Ce n’est pas normal. Ce n’est pas logique. Les lits devraient être dégagés en fonction de l’évolution de l’épidémie ». Selon lui, « c’est un problème d’organisation et d’absence de coordination ».

Le président du SNPSSP développe : « En Algérie, on déclare avoir 25.000 lits. Nous ne sommes jamais arrivés à ce nombre. Même au plus haut de la troisième vague de l’été dernier, nous sommes arrivés à 17.000 ou 18.000 lits occupés. Cela veut dire que nous n’avons pas utilisé tous les lits. Là se pose un problème d’organisation et de refus de certains chefs de services d’ouvrir des lits ».

« Pendant la deuxième et la troisième vagues, certains hôpitaux étaient saturées. Des malades étaient refoulés et allaient mourir chez eux alors qu’il y avait la possibilité de les hospitaliser dans d’autres hôpitaux. C’est inacceptable », a-t-il déploré.

En revanche, le Dr Yousfi pointe un autre problème : en Algérie, « nous avons un problème de lits de réanimation et non pas de lits d’hospitalisation ». Un problème, qui selon lui, « est ancien et qui existait même avant le Covid ».

« Nous avions déjà d’énormes problèmes pour hospitaliser des malades en réanimation (avant le Covid). Ce problème est beaucoup plus ancien et n’a jamais été réglé. On n’a pas pensé à créer de nouveaux services de réanimation et à augmenter le nombre de lits de réanimation. Le problème s’est aggravé au cours de l’épidémie », a-t-il regretté.

Fermeture des écoles et mesures restrictives

Pour faire face à la vague épidémique qui sévit actuellement en Algérie, les écoles du pays  sont fermées depuis le jeudi 20 janvier. La reprise des cours n’est pas prévue avant le 5 février prochain.  Une mesure « souhaitable »,  selon le Dr Bekkat Berkani.

« Cela a été démontré depuis longtemps. Il y a des clusters au niveau des écoles, dans les milieux scolaires et universitaires. Les enfants sont des vecteurs de la virose. Dans notre pays, n’ayant pas la possibilité de tester les enfants, voire de les vacciner, comme ça se fait ailleurs, c’est une mesure qui est souhaitable », a-t-il déclaré.

Une mesure jugée « logique » par le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, le Dr Mohamed Yousfi. « Les enfants, avec l’Omicron, sont très contaminés. Il y a une forte diffusion du virus avec les enfants et les enseignants », a-t-il dit.

Bien que les écoles, cinémas, et autres lieux de loisirs (mesure qui concerne la ville d’Alger), soient actuellement fermés, les mosquées et les centres commerciaux, sont toujours ouverts au public. Des lieux, parfois bondés de monde et où les gestes barrières ne sont pas toujours respectés.

Faut-il instaurer de nouvelles mesures ?  Le comité scientifique a-t-il pris à la légère la situation épidémique ?

Pour le Dr Bekkat Berkkani, « le stade du confinement total est terminé. » « On ne peut pas paralyser une vie sociale et économique. Il faut appliquer les mesures barrières (port de masque et gel désinfectant). Il faudrait essayer de faire des jauges. On ne peut pas tout arrêter », a-t-il déclaré.

Que faut-il faire alors selon lui? « Observer les mesures barrières. Observer une restriction sanitaire mais continuer à vivre aussi. Le gouvernement a décidé d’instaurer un pass vaccinal. Il faut appliquer les décisions, la réglementation, les lois et les décrets », a-t-il souligné.

Pour le Dr Bekkat Berkkani, l’urgence est à la vaccination contre le Covid-19. « Nous avons un défaut de communication par rapport à la vaccination. Nous sommes arrivés aux limités de nos capacités de persuasion sur les 30% de la population qui sont vaccinés. Le reste n’a pas du tout confiance en la vaccination. Certains pays ont pris la décision de vacciner les enfants. Chez nous, la vaccination des enfants est souhaitée mais elle n’est absolument pas mise à l’œuvre pour plusieurs raisons qui sont inhérentes à l’applicabilité de cette mesure. Les adultes ne sont pas vaccinés, comment voulez-vous qu’ils acceptent le vaccin pour leurs enfants? », s’est-il interrogé.

Faut-il ou fallait-il fermer les centres commerciaux ou les mosquées ? Pour sa part, le Dr Yousfi n’y voit, actuellement, pas d’intérêt. « Dans les autres espaces (autres que les écoles), les mesures barrières, même si elles ne sont pas toujours respectées à la lettre, sont en vigueur. Les gens passent moins de temps dans ces espaces que les enfants dans les écoles. S’ils respectent les mesures barrières, ça ne devrait pas favoriser la transmission du virus », a-t-il estimé.

Le président du conseil de l’ordre national des médecins, qui estime » que nous allons vers une décrue »,  tient à soulever un dernier point: les fortes tensions sur certains médicaments entrant dans le protocole thérapeutique contre le Covid-19.

« La communication n’a pas été complète pour éviter la ruée sur les médicaments, en particulier sur les anticoagulants qui sont, dans le cas d’une contamination à l’Omicron, parfaitement inutiles, voire dangereux parfois. La communication a été plus ou moins absente, comme d’habitude », a-t-il regretté.

  • Les derniers articles

close