En Algérie, l’obésité est un réel problème qui touche surtout les femmes et les jeunes filles, selon un rapport publié par le New England Journal of Medicine ce lundi 12 juin. Selon les auteurs du rapport qui évalue l’obésité dans 195 pays entre 1990 et 2015, l’obésité a causé 4 millions de morts dans le monde l’année passée.
En Algérie, en comparaison avec le reste du monde, le taux d’obésité chez les femmes et les filles de moins de 20 ans est élevé. Du côté des hommes et des garçons de moins de 20 ans, l’Algérie est dans la moyenne. Les auteurs ont mis au point un indice qui permette de dégager plusieurs catégories allant de 1 à 8 pour les adultes (1 correspondant à un faible taux d’obésité, 8 à un taux élevé) et qui va, suivant la même logique, de 1 à 7 pour les jeunes de moins de 20 ans. Le Maroc et la Tunisie ont généralement un taux d’obésité inférieur à celui de l’Algérie. Quelle que soit la population étudiée, on retrouve toujours aux États-Unis le taux d’obésité le plus élevé.
Selon ces catégories, l’Algérie a une note de 7/8 pour ce qui est de l’obésité chez les femmes, ce qui place le pays parmi les plus touchés au monde, au même rang que, notamment, la Libye, la Russie, l’Australie et le Mexique. Les États-Unis, la Turquie, l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite et quelques pays du Moyen-Orient ont un score plus élevé. Le Maroc et la Tunisie ont un score de 5/7. En Europe et en Afrique, le score est globalement inférieur ou égal à 5.
En Algérie, chez les filles de moins de 20 ans, l’obésité atteint un score de 4/7, ce qui place aussi l’Algérie parmi les pays les plus affectés. En Afrique du Nord, la Libye et l’Égypte ont des résultats supérieurs avec des scores respectifs de 6 et 7, tandis que le Maroc, la Tunisie et la France ont un score de 3/7. L’Arabie saoudite, les États-Unis et le Canada ont le maximal de 7/7.
Chez les hommes et des garçons de moins de 20 ans algériens, la situation est moins critique que chez les femmes et les jeunes filles. En ce qui concerne les hommes, l’Algérie a un score de 4/8, contre 3/8 au Maroc et en Tunisie. Le score algérien est de 3/7 pour les jeunes garçons, comme le Maroc et la Tunisie. L’obésité des jeunes garçons touche principalement l’Amérique du Nord, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Brésil et la Russie. L’obésité des hommes reste limitée et touche assez modérément les États-Unis, l’Égypte, l’Australie, l’Arabie saoudite et la Turquie, aucun pays n’atteignant le maximum de 8/8.
Pour évaluer l’obésité et son impact, les auteurs ont utilisé comme référence l’indice de masse corporelle (IMC), qui correspond au poids d’une personne en kg divisé par le carré de sa taille en mètres. Un IMC supérieur à 25 est le signe d’un surpoids. L’étude évalue la prévalence de l’obésité à travers le monde en fonction d’un « index sociodémographique » qui prend en compte le revenu, le niveau d’étude et le taux de fécondité dans le pays étudié. De manière générale, selon l’étude, plus cet index est élevé, plus l’obésité est fréquente.
Sur les 4 millions de décès enregistrés en 2015, 70% étaient dus à des maladies cardiovasculaires et plus de 60% ont touché des personnes obèses. Lorsque l’IMC dépasse les 25, le risque de décès s’accroît –cependant, dans certaines régions du monde, le risque de maladie est compensé notamment par l’amélioration de la prise en charge médicale. Mais en termes de risques, l’étude n’a pas trouvé de différence entre les groupes ethniques ou suivant les localisations géographiques.
L’étude pose aussi une relation causale entre l’élévation de l’IMC et les cancers de l’œsophage, du colon, du rectum, du foie, de la vésicule et du canal biliaires, du pancréas, du sein, de l’utérus, des ovaires, des reins, de la thyroïde, et de la leucémie. Les troubles musculo-squelettiques sont eux aussi aggravés par l’excès de poids, selon les auteurs.
L’élévation de l’IMC est l’un des facteurs de risque sanitaire qui s’accroît le plus vite, indique le rapport. La facilité d’accès à des aliments très caloriques et la réduction de l’activité physique en milieu urbain peuvent contribuer à expliquer cette augmentation, et les mesures prises pour y remédier (réduction des publicités pour les aliments trop riches en calories, la subvention d’aliments sains, etc.) n’ont jusqu’à présent pas donné de résultats satisfaisant à grande échelle, estiment les auteurs du rapport, et le problème ne reçoit pas assez d’attention de la part des politiques, déplorent-ils.