Diaspora

En France, l’enseignement privé musulman sous pression

Dans un contexte de forte montée des discriminations contre les musulmans en Europe, l’offre en écoles musulmanes en France est de plus en plus restreinte. La fermeture administrative d’établissements et le refus d’accorder des subventions creusent le fossé entre l’offre réduite et la demande qui ne cesse d’augmenter.

C’est la Fédération nationale de l’Enseignement privé musulman (FNEM) qui a fait ce constat dans un communiqué publié mardi 22 octobre, et cité par le journal La Croix.

Selon cet organisme créé en 2014 pour structurer le réseau des établissements d’enseignement musulman, la communauté musulmane reste largement sous-dotée en écoles privées. Pourtant, « l’islam constitue la deuxième religion de France », rappelle la FNEM.

L’offre d’écoles musulmanes « n’a jamais été aussi réduite » en France

Durant les cinq dernières années, la Fédération déplore un nombre restreint d’ouvertures d’écoles privées musulmanes par rapport aux autres réseaux. En parallèle, « la tendance est à la fermeture administrative ou à la rupture des contrats d’association », dénonce encore la FNEM.

À titre d’exemple, la Fédération cite le cas du lycée Averroès à Lille, « pourtant symbole d’excellence ». Le 24 février dernier, le tribunal administratif de Lille a en effet confirmé en référé la décision de la préfecture du Nord de résilier le contrat entre l’État et le lycée Averroès.

Il y a également qu’en mars dernier, le collège musulman Avicenne de Nice, dans le sud-est de la France, avait fait l’objet d’une décision de fermeture de la part du préfet sous prétexte « de financements opaques et d’irrégularités financières manifestes ».

Mais en juillet dernier, l’établissement scolaire a eu gain de cause après avoir gagné son procès contre le préfet des Alpes-Maritimes. Il reste donc ouvert après une bataille juridique lancée contre l’autorité préfectorale.

À cela s’ajoutent les fermetures régulières des écoles d’enseignement de la langue arabe par les préfets sous prétexte de lutte contre le prosélytisme islamique.

Dans le communiqué de la FNEM, signé par son président Makhlouf Mamèche, la Fédération plaide pour une « égalité de traitement » avec les autres réseaux. La demande d’écoles musulmanes « n’a jamais été aussi forte », mais « l’offre n’a jamais été aussi réduite », regrette-t-on.

« Montée inquiétante de la discrimination à l’encontre des musulmans en Europe »

Ce constat intervient au moment où le racisme et les discriminations s’accentuent pour de nombreux musulmans vivant dans les pays de l’Union européenne. C’est ce qui en sort d’un rapport publié jeudi 24 octobre par l’agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA).

L’enquête réalisée en 2022 dans 13 États membres de l’UE, citée ce vendredi par le site Toute L’Europe, a fait état d’une montée en flèche des discriminations envers les musulmans depuis la dernière enquête du genre datant de 2016.

Le rapport indique que le racisme contre les musulmans est particulièrement palpable sur le marché de l’emploi et du logement. En effet, 27 % des musulmans interrogés déclarent avoir subi du harcèlement racial au cours des cinq années précédant l’enquête.

Quant au pays ayant enregistré le plus de cas de racisme contre les musulmans, le rapport met l’Autriche en tête de liste avec 71 % des personnes interrogées qui se disent victime de discriminations raciales.

L’Allemagne arrive en deuxième place avec 68 % et la Finlande en troisième place avec 63 %. La France, quant à elle, se situe au niveau de la moyenne européenne dans ce classement, avec 39 % des musulmans interrogés qui s’estiment victimes de discriminations.

« Nous assistons à une montée inquiétante du racisme et de la discrimination à l’encontre des musulmans en Europe », a souligné la directrice de la FRA, Sirpa Rautio, dans un communiqué.

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