Société

En France, les diabétiques sont “coachés” par la Sécurité sociale

Près de 800.000 patients diabétiques participent au programme Sophia, service d’accompagnement téléphonique lancé il y a dix ans par l’Assurance maladie en France, qui en a vanté ce jeudi ses résultats “encourageants”.

Dépistage, alimentation, activité physique, tabagisme… ce programme de “coaching” personnalisé incite le patient à améliorer “ses habitudes de vie” et le suivi de sa maladie, grâce à un réseau de 220 infirmiers-conseillers en santé accessibles par téléphone, “en relais des recommandations de son médecin traitant”.

Conçu en réponse à l’augmentation des maladies chroniques, il a d’abord été expérimenté et généralisé pour le diabète, puis progressivement étendu, de 2014 à 2018, à l’asthme (qui concerne 72.000 bénéficiaires supplémentaires).

Fin 2018, quelque 790.000 diabétiques avaient adhéré au dispositif, contre 640.000 en 2015, soit presque un quart des 3,5 millions de personnes traitées pour cette pathologie en France. Et un tiers des 2,5 millions des patients éligibles (majeures, affiliées au régime général de la Sécurité sociale et prises en charge à 100%).

“Pour la première fois, la longévité du service permet d’avoir un recul suffisant pour mesurer des résultats en termes de santé publique”, souligne l’Assurance maladie dans une note de synthèse publiée jeudi.

Une étude réalisée l’année dernière évalue ainsi les effets de Sophia sur 8 ans auprès des premiers adhérents de 2008, comparés à un groupe témoin qui en était privé avant sa généralisation en 2013.

Elle montre que le service permet de “modérer les hospitalisations et les complications liées au diabète” à partir de la 6e année. Le taux de décès est en outre inférieur chez les adhérents Sophia (3,1% entre la 5e et la 8e année) qu’au sein de la population témoin (3,6%).

L’impact sur les finances se fait lui sentir à partir de la 7e année, avec une moindre augmentation des dépenses de soins chez les bénéficiaires de Sophia.

Loin des chiffres, Antoine, 66 ans, l’assure, Sophia lui a tout bonnement “sauvé la vie”.

Diabétique “depuis une vingtaine d’années”, ce retraité de la région toulousaine jugeait pourtant le service un “peu lourd, parce qu’on est appelé assez souvent” pour aborder la maladie alors que “moi j’ai un peu tendance à mettre le couvercle sur la marmite pour ne pas” y penser, explique-t-il.

L’année dernière, il finit au bout d’un troisième rappel par passer l’électrocardiogramme d’effort que lui recommandent les infirmiers de Sophia, “ne serait-ce que pour leur dire: +ca y est je l’ai fait+”.

Résultat, “le cardiologue m’a annoncé trois coronaires pratiquement bouchées”, relate celui qui a subi dans la foulée un “triple pontage”.

Paradoxe, dès son lancement, Sophia a surtout touché les patients déjà mieux suivis que la moyenne des diabétiques, les programmes de prévention étant davantage plébiscités par les personnes “les plus sensibles à leur santé”.

“Pour contrebalancer cet effet”, la priorité est donnée depuis 2015 aux patients ne réalisant pas régulièrement trois des examens destinés à prévenir les complications du diabète (fond d’œil, bilan rénal et examen dentaire), soit un tiers des personnes éligibles.

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