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En France, Macron veut lutter contre le « séparatisme islamiste »

En France, Macron veut lutter contre le « séparatisme islamiste »

Le président français Emmanuel Macron devait présenter, ce mardi 18 février à Mulhouse, les mesures de son gouvernement visant à lutter contre le « séparatisme islamiste », nouveau nom donné à la notion de communautarisme, ainsi que « les discriminations », rapportent plusieurs médias français.

« La République doit tenir ses promesses », a déclaré le président français lors d’un bain de foule effectué à Bourtzwiller, quartier sensible de Mulhouse. « On doit lutter contre le séparatisme parce que quand la République ne tient pas ses promesses, d’autres essaient de la remplacer », a affirmé Macron, ajoutant qu’ « on doit lutter contre les discriminations, on doit mettre la méritocratie partout ».

« Trop de divisions au nom des origines, des religions »

Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de la stratégie élaborée par le président français dans le sillage de ses vœux du Nouvel an aux Français, dans lesquels Emmanuel Macron avait affirmé vouloir « lutter avec détermination contre les forces qui minent l’unité nationale » car « 2020 doit ouvrir la décennie de l’unité retrouvée de la nation », estimant en outre voir « trop de divisions au nom des origines, des religions ».

La stratégie du président Macron et de son gouvernement s’articule autour de deux piliers, expliquent les médias français. Le premier pilier coercitif vise à lutter contre « le repli communautariste, le séparatisme islamiste et le radicalisme ». Ceux-ci prennent forme dans des cas comme les écoles hors contrat qui ne respectent pas les principes républicains, les jeunes filles non scolarisées, la séparation hommes-femmes dans les piscines, la censure de films ou de spectacles, ou encore des associations culturelles qui deviennent religieuses.

L’autre pilier concerne la « reconquête républicaine des quartiers qui en ont besoin » en termes de services publics, de culture, d’équipements sportifs, pour que les habitants ne soient pas tentés d’aller vers des circuits parallèles. Une autre partie de la stratégie porte par ailleurs sur l’organisation de l’islam de France, notamment la formation des imams et le financement des lieux de culte par des pays étrangers.

« Nous sommes ici pour une ambition que nous portons avec les musulmans, qui est de lutter contre le communautarisme », a déclaré plus tôt ce mardi le ministre de l’Intérieur français, Christophe Castaner, en déplacement également à Mulhouse.

La visite du président français dans ce quartier sensible n’est pas fortuite. Bourtzwiller figure en effet parmi les 17 territoires de lutte contre la radicalisation, définis depuis quelques mois, où sont mises en place des cellules contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR) dont Emmanuel Macron souhaite renforcer l’action.

Accueil mitigé

L’annonce de la stratégie du président Macron a été accueillie de manière mitigée sur la scène politique française. « Emmanuel Macron va faire ce qu’il fait de mieux depuis trois ans : il va faire un discours, mais où sont ses actes ? », a dénoncé Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs Les Républicains (ex-UMP, droite dure).

Le numéro 2 du parti Les Républicains, Guillaume Peltier, a quant à lui appelé à « des actes forts et clairs parce que nous sommes en train de perdre la guerre contre l’islam politique », tandis que Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national (ex-Front national, présidé par Marine Le Pen), a dénoncé pour sa part des « grosses ficelles complètement ringardes qui sont, juste avant les élections, d’allumer les sujets qui fâchent dans le pays et qui ne seront surtout pas traités ».

L’utilisation du mot « séparatisme » au lieu de « communautarisme » dans la rhétorique du président Emmanuel Macron a quant à elle été accueillie de manière positive par Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). « Il ne fustige pas la communauté musulmane qui défend certes ses intérêts, comme d’autres communautés, mais sans repli sur elle-même », a-t-il estimé.

« Si on prend ‘séparatisme’ dans le sens plat du terme, c’est-à-dire non politique, des gens qui décident de faire leur salut en dehors d’une société qu’ils jugent païenne, oui le terme est bon. Mais si on veut dire qu’il y a un projet politique, c’est très exagéré », a analysé de son côté Olivier Roy, professeur à l’Institut universitaire européen de Florence.

« Les salafistes n’ont pas de projet politique. Ce ne sont pas eux qui mènent campagne pour le burkini, mais les Frères musulmans », explique M. Roy, ajoutant que le projet des Frères musulmans vise à ce « que la République reconnaisse en son sein une minorité ethno-religieuse, ce n’est pas une stratégie séparatiste ». « Ce ne sont pas des nationalistes corses », a ironisé l’universitaire.

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