L’absence de joueurs évoluant en championnat local dans la première liste du nouveau sélectionneur national Djamel Belmadi dévoilée vendredi, a fini par provoquer la polémique. Chacun y va de son propre interprétation, à une semaine de la première sortie officielle de la sélection samedi prochain en déplacement face à la Gambie, comptant pour la 2e journée (Gr.D) des qualifications de la Coupe d’Afrique des nations (CAN-2019).
En faisant appel à 25 joueurs, tous évoluant à l’étranger, Belmadi a carrément mis fin à la politique de la « réhabilitation » du joueur local, prônée par son prédécesseur Rabah Madjer, limogé le 24 juin dernier, qui se basait sur des éléments de cru dans l’ensemble des matchs disputés sous sa conduite par les Verts.
S’agit-il d’une nouvelle stratégie ?, pas forcément avancent les observateurs, alors que Belmadi vient juste de prendre en main l’équipe nationale. Éléments de réponses par des spécialistes.
« C’est un véritable coup dur pour le football national. De ma mémoire, c’est la première fois depuis l’indépendance qu’aucun joueur local ne figure sur une liste de la sélection. Je pense quand même qu’il y a des joueurs locaux qui méritent d’être présents », a indiqué sans détours l’ancien coach national Abderrahmane Mehdaoui à TSA.
Les Chafaï, Benmoussa, et autres Boukhenchouche, régulièrement convoqués par Madjer, ont disparu de la liste de Belmadi, au grand dam des partisans de la valorisation du joueur de cru, préférant faire dans l’innovation en retenant deux nouvelles têtes : le milieu offensif Farid Boulaya (FC Metz/ France) et le gardien de but Alexandre Oukidja (FC Metz/ France), tout en battant le rappel aux « bannis » de Madjer : Rais M’bolhi, Sofiane Feghouli, ou encore Saphir Taider.
« Circonstances atténuantes »
« En dépit d’un constat amer, nous devons accorder à Belmadi des circonstances atténuantes, d’autant qu’il n’aura pas assez de temps pour préparer le prochain match face à la Gambie. Il a retenu des joueurs, qui à ses yeux, sont les plus indiqués pour ce rendez-vous important qu’il doit gagner pour permettre à cette équipe de provoquer le déclic et surtout réussir ses débuts », a expliqué Mehdaoui, soulignant que « Belmadi saura certainement rectifier le tir en suivant de près quelques éléments locaux susceptibles de renforcer les Verts ».
Avant d’enchaîner : « Le connaissant méthodique, je suis persuadé que Bemladi va coordonner avec la direction technique nationale (DTN) pour dénicher les meilleurs joueurs évoluant en Algérie et les intégrer ensuite au sein de l’E.N ».
Interrogé sur le même sujet, l’entraineur du CR Belouizdad Si Tahar Chérif El-Ouezzani, champion d’Afrique avec l’Algérie à la CAN-1990, a refusé de verser dans la polémique.
« Le fait de ne pas trouver un joueur local dans cette liste est une véritable surprise pour moi, mais ce n’est pas la fin du monde. Belmadi a jugé utile de faire confiance à une composante de joueurs exerçant à l’étranger, c’est son choix. Il est venu alors que le match de la Gambie s’approchait à grands pas. Il n’a pas eu assez de temps pour suivre les locaux, ce qui explique à mon sens sa stratégie. Je suis sûr qu’il va superviser tous ceux qui sont capables d’apporter un plus ».
Au cours de son premier point de presse animé quelques jours après sa désignation à la tête de l’E.N, Djamel Belmadi a rejeté tout débat autour des joueurs locaux et ceux évoluant à l’étranger, une manière d’anticiper pour couper court à toute mauvaise interprétation au sujet de sa liste.
« On dirait qu’en Algérie on n’est pas professionnel ! Alors que je n’ai pas entendu un joueur de l’USMA qui était boulanger durant la journée. Pour moi, ce débat : binationaux, local, professionnels, nous pose un grand problème, on perd du temps. Je suis sûr que derrière cela, il y’a une volonté de perdurer dans ce débat là et de ne pas faire avancer les choses, à qui cela profite-t-il ? surtout pas à l’équipe nationale. L’Algérien peu importe où il se retrouve, qu’il soit bon et sait jouer au football, il est sélectionnable. Donc, il n’y a que les compétences qui m’intéressent. Il faut arrêter avec ce débat, je ne veux plus en parler ».
Une éventuelle victoire en Gambie, confortera certainement Belmadi dans ses choix, même si la fédération algérienne de football (FAF) a reçu un véritable coup dur, en l’absence de joueur locaux pour la première fois depuis très longtemps. La DTN est plus que jamais interpellée à revoir ses cartes et éviter ce genre d’ « affront », loin d’arranger le football national même s’il s’agit de la sélection.
Les 25 éléments retenus entameront à partir de lundi prochain un stage au Centre technique national de Sidi Moussa, qui se poursuivra jusqu’au 11 septembre, soit trois jours après le match face aux “Scorpions” de la Gambie. Les Verts s’envoleront pour Banjul le 6 septembre à bord d’un vol spécial.
Lors de la première journée des qualifications de la CAN-2019 disputée en juin 2017, l’Algérie s’était imposée face au Togo au stade de Blida (1-0) alors qu’elle été dirigée sur le banc par l’Espagnol Lucas Alcaraz.