À l’appel de plusieurs syndicats  du secteur de la santé, le corps médical et les travailleurs des établissements de santé d’Alger ont été des milliers à marcher ce mardi 19 décembre, pour dire non au prolongement du mandat d’Abdelaziz Bouteflika et contre le système.

Cette manifestation marque le début de l’engagement du corps médical dans la prestation populaire contre le pouvoir. Cette corporation rejoint aujourd’hui les nombreuses autres qui ont déjà annoncé, à travers leurs syndicats et organisations professionnelles, leur adhésion au mouvement populaire de rejet du système.

Comme lors des autres nombreuses manifestations que connaît l’Algérie depuis le 22 février, les banderoles et pancartes brandies par les travailleurs de la santé ce mardi ont souvent été inspirées par leurs métiers.

« Ni détartrage, ni plombage, système dégage ! »

Tous les métiers de la santé étaient représentés à la marche de mardi et chaque praticien y est allé de son slogan en lien avec sa spécialité. « Ni détartrage, ni plombage, système dégage ! », a inscrit une jeune dentiste sur une pancarte représentant une dent cariée sur le point d’être arrachée par une pince de dentiste. Le message est clair, les manifestants veulent « arracher » tout le système et non le réparer.

Une autre dentiste a brandi une pancarte montrant cinq dents atteintes à des degrés différents par les caries. La cinquième dent, représentant le cinquième mandat est tout à fait noire, elle est « à arracher », dit la pancarte.

« Les médecins algériens déclarent Bouteflika inapte »

Le thème de l’aptitude physique d’Abdelaziz Bouteflika à assurer la présidence est lui aussi souvent revenu lors de la manifestation du corps médical. « Certificat médical : Les médecins algériens déclarent Bouteflika inapte », a inscrit un médecin sur sa pancarte.

Pour rappel, le Conseil national de l’ordre des médecins algériens avait, au début du mouvement de protestation national, émis un communiqué dans lequel il avait mis en garde contre l’établissement d’un certificat médical au profit du président, par un médecin qui ne serait pas inscrit à l’ordre. Un message qu’il fallait comprendre comme une mise en garde contre une éventuelle falsification du certificat médical du président qui était alors candidat à sa propre succession.

« Le Docteur Peuple prescrit le départ du système », ont inscrit d’autres médecins sur leurs pancartes. « Le peuple va soigner le pays », a lancé une manifestante brandissant une de ces pancartes.

« Dégagecycline »

« Le seul antibiotique efficace contre le système : la Dégagecycline », disait la pancarte brandie par une des manifestantes en blouse blanche qui a voulu faire référence au slogan « dégage » et au suffixe « cycline », associé aux antibiotiques de la famille des tétracyclines.

« Faites-vous vacciner contre le cachir »

Le cachir, symbole de la dérision par les Algériens des pro-pouvoir, est devenu incontournable dans les manifestations contre le système, au fil des marches, il a été « cuisiné » à toutes les sauces et ce mardi, c’était au tour des travailleurs de la santé de se servir de ce symbole. « Faites-vous vacciner contre le cachir », disait une pancarte brandie par un médecin.

« Examen clinique de l’Algérie »

Des médecins et étudiants en médecine ont brandi des pancartes affichant les résultats de « l’examen clinique » qu’ils ont fait de l’Algérie. « Inspection : éruption de mafia. Palpation : tuméfaction d’un système infecté. Percussion : hyper-sonorité du peuple. Auscultation : 4^e mandat surajouté. Traitement : Dégagez ! », a résumé un médecin sur sa pancarte.

« Le QCM de l’année »

La complexité et la difficulté des études de médecine ont également inspiré de nombreux slogans, notamment aux étudiants en médecine. Un des manifestants a résumé les revendications des Algériens par un QCM (questionnaire à choix multiples), le genre de questions auxquelles sont confrontés les étudiants en sciences médicales tout au long de leurs études.

« Que veut le peuple algérien ? », interroge le « QCM de l’année » qui propose 5 réponses possibles : « Un cinquième mandat pour Bouteflika ; Prolongement du quatrième mandat de Bouteflika ; Négocier avec ce gouvernement ; Avec le plan machiavélique de ce système ; Changement radical, partez ! ». Les quatre premières propositions étant pour le manifestant erronées, sont signalées par des croix rouges alors que la dernière est ponctuée d’un signe vert d’approbation.