Au moins six écoliers ont été tués mardi par un tir d’obus du régime syrien sur une ville assiégée de la Ghouta orientale, région rebelle à l’est de Damas où les enfants sont déjà frappés de malnutrition et de maladies.
Le régime a bombardé le même jour d’autres villes de la région rebelle, mais le tir sur la ville de Jisrine a donné lieu à des images particulièrement terribles d’enfants ensanglantés et d’autres enveloppés dans des linceuls.
“Un obus tiré par les troupes du régime s’est abattu à l’entrée d’une école dans la ville de Jisrine au moment où les enfants quittaient l’établissement”, a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Au total, six enfants ont péri, selon un nouveau bilan fourni par l’OSDH, qui rapporte aussi la mort d’un adulte dans cette attaque.
Un premier bilan faisait état de quatre enfants tués, mais deux écoliers ont succombé à leurs blessures selon l’OSDH. Une source médicale à l’hôpital de Jisrine a évoqué une vingtaine de blessés.
– Cartables tachés de sang –
Un photographe de l’AFP qui s’est rendu jusqu’à l’établissement a vu les corps d’au moins quatre enfants, des cartables d’écoliers frappés du sigle de l’Unicef et des chaussures d’enfant tachés de sang.
En arrivant à l’hôpital, un homme ayant appris la mort de son fils a commencé à crier, les personnes présentes tentant de le prendre en charge. Un autre homme pleurait devant les corps de deux enfants enveloppés de linceuls blancs, les visages marqués par les blessures.
Plusieurs autres enfants blessés à la tête ou à la jambe étaient assis, hébétés, sur des lits. Parmi eux, un enfant aux jambes sectionnées, tandis qu’un autre gémissait de douleur au moment de lui bander la jambe.
Des flaques de sang sont visibles dans l’hôpital mais aussi dans la rue de l’école primaire où le photographe s’est également rendu.
“Je sortais de l’école et j’allais emprunter une ruelle lorsque (l’obus) est tombé. Il y a eu des morts, des blessés”, a raconté à l’AFP un enfant revenu sur place.
La Ghouta orientale est l’un des derniers fiefs de la rébellion syrienne en lutte contre le régime de Bachar al-Assad depuis six ans.
Le 22 juillet, la Russie a annoncé la conclusion d’une trêve avec des groupes rebelles “modérés” dans cette région assiégée, où a été créée une “zone de désescalade”.
Mais, depuis une semaine, ce secteur connaît une recrudescence des bombardements du régime.
En plus de Jisrine, les bombardements ont également touché la localité de Mesraba, plus au nord, tuant quatre civils dont deux enfants, selon l’OSDH.
Dans une morgue, un vidéaste de l’AFP a vu des secouristes et des jeunes hommes mettant deux cadavres dans des sacs en plastique blancs, ceux d’un père et de son fils.
“Que Dieu se venge des oppresseurs”, s’est écrié le frère de l’homme décédé.
– Malnutrition –
Par ailleurs, dans la ville de Harasta, dix personnes, dont cinq enfants, ont été blessées par des obus qui se sont abattus là aussi près d’une école au moment où les élèves sortaient de l’établissement.
Dimanche, 11 civils ont été tués, dont un journaliste local travaillant pour une chaîne de l’opposition.
Près de 400.000 personnes vivent dans la Ghouta orientale, où l’aide humanitaire parvient au compte-goutte en raison du siège de l’armée.
L’escalade intervient d’ailleurs au moment où des cas de malnutrition ont été rapportés dans la Ghouta orientale, l’AFP publiant notamment des photos choc d’enfants squelettiques.
Au moins deux nourrissons sont récemment décédés en raison de malnutrition dans la zone, selon des médecins.
Lundi, des dizaines de camions transportant de l’aide humanitaire pour 40.000 personnes ont pu entrer dans cette zone rebelle.
Autrefois région agricole importante pour la Syrie, la Ghouta orientale est assiégée depuis 2013 par les troupes gouvernementales, après sa prise de contrôle par les rebelles.
Ce siège a provoqué une flambée des prix des produits locaux et de contrebande.
La guerre en Syrie, qui implique de multiples acteurs, a fait plus de 330.000 morts depuis 2011.