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En Tunisie, des élections présidentielles au résultat incertain

En Tunisie, des élections présidentielles au résultat incertain

Des élections présidentielles sont organisées ce dimanche 15 septembre en Tunisie. À la veille du scrutin, le résultat demeure encore incertain face à la multitude d’options à la portée des électeurs, avec initialement 26 candidats dont 24 hommes et deux femmes, qui s’opposent pour accéder à la haute fonction du pays.

Si le nombre de candidats est très nombreux, certains d’entre eux font figure de timides favoris. Le député Abdelfattah Mourou, 71 ans, est le candidat du parti islamiste majoritaire au parlement Ennahda dont il est l’un des fondateurs mais dont il ne fait plus partie, préférant s’identifier comme conservateur.

Le candidat Abdelkrim Zbidi, 69 ans, est l’actuel ministre de la Défense. Il bénéficie du soutien du parti Nidaa Tounis du défunt président Essebsi. Il a également bénéficié du désistement en sa faveur de deux candidats, Slim Riahi et Mohsen Marzouk, qui ont appelé à voter pour M. Zbidi.

L’actuel Premier ministre Youcef Chahed, 44 ans, est présenté par ses alliés comme étant le « candidat naturel de la famille démocratique et progressiste ». Libéral assumé, le programme de M. Chahed est défini comme se voulant poursuivre la politique qu’il mène depuis trois ans en tant que chef du gouvernement, avec un bilan économique et social pourtant présenté comme étant mitigé.

L’un des deux seules femmes candidats des prochaines élections, Abir Moussi, 43 ans, est présentée comme l’unique candidate revendiquant ouvertement l’héritage politique de Zine-El-Abidine Ben Ali, dictateur ayant régné sur la Tunisie pendant 23 ans avant d’être déchu en janvier 2011 et en exil en Arabie saoudite depuis. Mme Moussi est également présentée comme étant très engagée contre l’islam politique.

Mohamed Abbou, 53 ans, est quant à lui présenté comme étant le candidat anti-corruption. Avocat de formation ayant pris la défense des victimes de la dictature Ben Ali. Il a notamment été arrêté et emprisonné en 2005 par le régime du dictateur pour avoir exprimé publiquement son opposition aux pratiques du régime Ben Ali. Il ne sera libéré que deux ans plus tard, suite aux pressions internationales de l’Onu ou encore de la France exigeant la libération de ce détenu d’opinion.

« Si on parle de corruption, il faut malheureusement constater que le phénomène de la corruption s’est aggravé depuis » le départ de Ben Ali, a déploré M. Abbou, cité par Le Point, ajoutant que « sous Ben Ali, sa belle-famille contrôlait ça, désormais, la corruption s’est démocratisée » et s’engageant à combattre le fléau s’il venait à être élu.

Enfin, l’incongruité du prochain scrutin électoral tunisien réside en la candidature du magnat de l’audiovisuel Nabil Karoui, 56 ans. Présenté pendant plusieurs mois comme un favori des suffrages, ce propriétaire de la chaîne télévisée Nessma est incarcéré depuis le 23 aout dernier à la prison de Tunis, après avoir été poursuivi pour blanchiment d’argent et soupçonné d’évasion fiscale. Sa détention n’a cependant pas empêché sa candidature d’être maintenue puisque seule une condamnation peut l’exclure, créant la situation ubuesque d’une campagne électorale menée depuis la prison.

« Je considère que mon mari est un prisonnier politique. Il sortira de prison si les magistrats le décident, sinon nous avons grand espoir qu’il soit libéré par les urnes », estime son épouse Salma Smaoui, citée par Le Parisien.

« [Nabil Karoui] gère comme il peut sa campagne depuis sa cellule avec un énorme sentiment d’injustice et de révolte par rapport à une élection que le pouvoir essaye de truquer. Heureusement sur le terrain les gens n’attendent qu’une chose : voter pour le sortir de prison », a-t-elle ajouté. M. Karoui est présenté comme étant le candidat populiste du scrutin, ses alliés voyant pour leur part dans son incarcération une volonté de museler un favori qui dérange.

Face à la multitude de candidats risquant certainement de créer une fragmentation des voix des électeurs, un second tour semble pratiquement inévitable compte tenu de l’infime probabilité que l’un d’entre eux récolte les 50% permettant d’être élu dès le premier tour.

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