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En visite à Alger, le maire de Marseille adresse des messages forts et tranchants

En visite à Alger, le maire de Marseille adresse des messages forts et tranchants

Il est venu en ami de l’Algérie, il repart encore plus charmé par ce pays. Benoît Payan, maire de Marseille, avoue qu’il ne soupçonnait pas un tel degré de ressemblance entre la capitale algérienne et la cité phocéenne.

« Quand je me suis réveillé lundi matin, j’ai cru que j’étais chez moi, à Marseille », résume-t-il lors d’une rencontre avec des journalistes algériens mardi soir sur la terrasse de l’hôtel El Aurassi, qui domine une partie de la ville et presque toute la baie d’Alger.

Le cadre est idéal pour constater la similitude « frappante, troublante », entre les deux cités, qui ne sont séparées finalement que par cette masse « liquide » qu’est la Méditerranée.

Similitude « frappante, troublante » entre Alger et Marseille

Il était arrivé dimanche en Algérie pour une visite de cinq jours. Soit presque une semaine d’une activité intense à la hauteur des liens historiques et humains entre l’Algérie et Marseille.

Rencontre avec le wali d’Alger, avec lequel il a revisité l’accord liant les deux villes, avec le ministre des Transports, celle de la Culture, forum d’affaires sur l’économie maritime, virées au jardin d’Essais, au musée des Beaux-Arts, Palais du Dey…

Ce mercredi, il est attendu à Annaba, à l’extrême-est du pays, qui fait, elle aussi, face à Marseille. Partout, le même constat qui tord le cou aux clichés : « des femmes qui gèrent et dirigent merveilleusement ».

S’agissant des segments de coopération, Benoît Payan a beaucoup insisté sur la coopération maritime entre les ports des deux villes, le partenariat dans la rénovation urbaine et les défis écologiques et les échanges culturels, avouant son admiration pour la vitalité de la jeunesse algérienne dont il a rencontré des représentants.

Il a aussi émis le vœu de renforcer le transport entre les deux pays, sachant que les 64 liaisons quotidiennes actuelles ne suffisent pas à satisfaire la demande.

Maire de Marseille depuis 2020, c’est seulement le premier voyage à l’étranger de Benoit Payan en tant qu’édile de la deuxième ville de France. « Je me suis engagé à ce que mon premier déplacement sera en Algérie », dit-il. Promesse tenue.

Benoît Payan, maire de Marseille, reçu à Alger pendant trois heures par le président Tebboune

Sa réputation l’a en quelque sorte précédé à Alger. En décembre dernier, il avait reçu la visite de Saïd Moussi, ambassadeur d’Algérie en France, devant lequel il a qualifié Marseille de « plus algérienne des villes françaises ».

En raison bien sûr des 250.000 Algériens qui l’habitent, mais aussi de ses liens historiques et culturels avec Alger et l’Algérie. « Alger et Marseille ne sont pas seulement sœurs, elles sont jumelles », juge-t-il. Ou encore, « notre Dame d’Afrique et la basilique Notre Dame de la Garde ont été construites pour se regarder. »

Benoit Payan fait sienne cette prière gravée sur la statue de la Vierge à la basilique algéroise : « Priez pour nous et pour les musulmans ». C’est cet esprit de paix et de rapprochement qu’il souhaite cultiver.

Dans sa ville et sous son autorité, les gestes en faveur de l’Algérie ne se comptent plus. Il cite le plus notable à ses yeux qui est d’avoir débaptisé une école au nom du maréchal Bugeaud, l’enfumeur d’Algérie, qui « faisait honte » à Marseille.

L’école porte désormais le nom d’un Algérien qui a contribué à la libération de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, Ahmed Lithim.

La considération qu’il a montrée à l’égard de l’Algérie, on ne peut pas dire que le pays ne la lui a pas bien rendue pendant sa visite.

Le maire de Marseille a été reçu avec les honneurs, y compris au plus haut sommet de l’État. En arrivant à la rencontre des journalistes, il venait de sortir, « honoré », du bureau du président de la République qui l’a reçu pendant trois heures. « Deux heures et 55 minutes », précise-t-il.

Venu en ami, l’Algérie lui déroule le tapis rouge

« C’est quelque chose qu’il faut savoir mesurer, un honneur qu’il faut comprendre », dit-il, assurant avoir trouvé Abdelmadjid Tebboune « fier », plein de « bienveillance » et qui a « une vision de l’avenir ».

« Il m’a dit que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare. Il a aussi indiqué qu’il faut investir sur la jeunesse », révèle le maire à propos de sa rencontre avec le chef de l’État.

Interrogé sur la possibilité d’inclure Marseille dans l’agenda de la visite de Tebboune en France annoncée pour l’automne prochain, Benoît Payan n’a pas confirmé, ni infirmé : « Il m’a parlé de Marseille avec des yeux pétillants. »

Benoît Payan n’a pas souhaité en dire davantage. Pas plus qu’il n’en a dit sur le rôle qui pourrait être le sien dans le rapprochement politique entre les deux pays, rappelant qu’il est maire et qu’il ne prétend pas se substituer à ceux qui ont la charge de ces questions.

Par contre, sur le courant d’extrême-droite qui, en France, fait tout pour « diviser », il a bien voulu placer quelques mots, tranchants, très forts. « C’est gens-là, je ne les considère pas comme des adversaires, mais comme des ennemis ». « Et je me battrai pour qu’ils n’accèdent pas au pouvoir », promet-il.

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