Le parquet d’Alger a annoncé ce lundi 3 août l’ouverture d’une enquête sur la signature d’un contrat de lobbying entre le détenu Ali Haddad et une société américaine, d’un montant de 10 millions de dollars.
Le parquet s’explique dans un communiqué après avoir réagi à la publication dans la presse nationale d’une information relative à la signature par une représentante de l’ex-président du FCE avec la société Sonoran Policy Group, une firme de lobbying fondée par Robert Stryk.
Ce dernier a été conseiller du président américain Donald Trump lors de sa campagne présidentielle, qui a abouti à son élection à la tête des États-Unis en 2016.
“Le parquet général près la Cour d’Alger informe l’opinion publique de l’ouverture d’une enquête préliminaire sur cette affaire pour déterminer les circonstances de conclusion de ce marché et en définir le véritable objectif “, précise le communiqué.
L’existence de ce contrat, signé le 26 juillet dernier, a été révélée mercredi 29 juillet le média américain indépendant Foreign Lobby qui a été repris par des médias algériens dont TSA.
Le contrat, qui court jusqu’au 25 juillet 2021, a été signé au nom de l’ex-patron des patrons algériens par Sabrina Ben, présentée comme étant « conseillère principale d’Ali Haddad », qui réside à Paris.
Le 1er juillet, Ali Haddad a été condamné à 18 ans de prison dans l’affaire de son groupe ETRHB. Il était poursuivi, avec ses frères et d’anciens hauts responsables politiques, pour blanchiment d’argent, pressions sur des fonctionnaires afin d’obtenir d’indus avantages, corruption de fonctionnaires et financement occulte de campagne électorale.
L’ex-président du FCE avait été arrêté fin mars 2019 à la frontière avec la Tunisie, alors qu’il tentait de traverser la frontière, quelques jours avant la démission du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression du hirak et de l’armée.
« Je soupçonne que parce que le nouveau régime algérien est relativement faible, et parce qu’ils vont à un moment donné chercher à s’attirer les faveurs des États-Unis, l’objectif d’Ali Haddad serait de s’attirer les faveurs des Américains les plus puissants afin que [son] sort soit inclus dans la conversation avec l’Algérie sur la suite des évènements », a expliqué William Lawrence, ex-diplomate américain spécialisé dans l’Afrique du Nord, interrogé par Foreign Lobby.
« Si les procès sont vus comme équitables, il n’y aura même pas de discussion. Mais si les procès sont considérés comme inéquitables, avec une opération de nettoyage sans vrai nettoyage, alors une réévaluation de l’affaire Haddad ferait partie de ce processus. Et je pense que c’est ce que [Haddad] espère », a estimé M. Lawrence.