Les avocats de Rachid Boudjedra ont déposé plainte, ce lundi 19 juin, auprès du doyen des juges d’instruction au tribunal de Sidi M’hamed contre Ennahar TV et les personnes impliquées dans la caméra cachée dont a été victime l’écrivain. Ils poursuivent la chaîne de télévision pour « torture morale », « usurpation de fonction », « atteinte à la vie privée avec usage de l’image d’une personne contre sa volonté » et « diffamation », précise Me Miloud Brahimi.
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Selon Me Brahimi, il s’agit bien d’une « affaire criminelle » et non « d’une affaire délictuelle ». « Ce ne sont pas les avocats qui le disent mais la loi qui dispose que la torture morale, tout comme la torture physique, est sanctionnée par une peine de cinq à dix ans de réclusion criminelle », explique l’avocat qui évoque également l’atteinte à un principe constitutionnel majeur, celui de la liberté de conscience.
Fin mai, Ennahar TV diffusait un épisode de sa caméra cachée intitulée « Rana h’kemnek » (Tu es pris au piège), dont la victime n’était autre que Rachid Boudjedra. Durant plusieurs longues minutes, le romancier est interpellé sur son athéisme avant d’être sommé de prononcer la profession de foi. Il est ensuite bousculé par un homme qui se présente comme étant un officier de police.
Le traitement subi par l’écrivain a suscité l’ire de nombreux téléspectateurs sur la toile. Des intellectuels organisent, le 3 juin, un rassemblement devant l’Autorité de régulation de l’audiovisuel pour dénoncer la caméra cachée et la chaîne de télévision privée. Un rassemblement marqué par la présence de Saïd Bouteflika, frère et conseiller du Président de la République.
Quatre avocats assurent la défense de l’auteur de L’escargot entêté, dont Me Miloud Brahimi et Me Khaled Bourayou.