L’affaire des enseignantes sauvagement agressées dans la nuit de lundi à mardi à Bordj-Badji-Mokhtar, a choqué les Algériens et soulevé un vent d’indignation dans le corps de l’éducation.
En solidarité avec leurs collègues de Bordj Badji-Mokhtar, des enseignants de la wilaya d’Adrar (d’où sont originaires les instructrices agressées) ont observé, mercredi 19 mai, un arrêt de travail ponctué d’un rassemblement de protestation devant la direction de l’Éducation de la wilaya.
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Les protestataires ont pris la décision de ne pas rejoindre leur travail tant que les tenants et aboutissants de cette affaire ne sont pas élucidés et que les responsabilités ne sont pas précisées.
« La situation est très grave », lance une enseignante gréviste au milieu de la foule, comme le montre une vidéo tournée par la Coordination nationale des enseignants du cycle primaire d’Adrar.
Les états-majors des syndicats de l’éducation tous cycles confondus ont également dénoncé cette agression qualifiée unanimement de lâche et ont apporté leur soutien aux enseignantes qui ont enduré un calvaire durant deux heures.
Parallèlement, le parquet général du tribunal d’Adrar a publié mercredi un communiqué dans lequel il informe que le procureur de la République a instruit la police judiciaire de mener une enquête sur l’agression, ajoutant que les premiers éléments de l’enquête font état de deux individus appréhendés après qu’ils aient été reconnus par les victimes.
Les institutrices agressées ont été rapatriées dans la nuit de mardi à mercredi par avion spécial vers la wilaya d’Adrar.
Ce mercredi, une réunion entre les syndicats de l’éducation, le directeur de l’éducation de la wilaya d’Adrar et les représentants de la sûreté nationale se tenait encore au moment de l’écriture de ces lignes, a appris TSA auprès d’Abdelkader Azzoug, délégué du SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation) dans la wilaya d’Adrar.
Au cœur de la réunion l’absence de sécurité autour du domicile et de l’établissement primaire dans lequel exercent les victimes a été soulevée.
« L’école est située à Bordj-Badji-Mokhtar qui est distante d’au moins 700 km de la wilaya d’Adrar (dont elle dépendait avant qu’elle ne soit promue au statut de wilaya lors du dernier découpage administratif). Elle est proche des frontières maliennes », indique M. Azzoug.
Pour compenser le manque d’encadrement dans les établissements de la région, la direction de l’éducation d’Adrar a puisé dans ses effectifs. C’est dans ce cadre que les institutrices ont été affectées à l’école primaire N°10 de la commune de Bordj-Badji-Mokhtar.
Le représentant du SATEF tient à souligner que l’agression de lundi soir avait été précédée par d’autres au moins à quatre reprises. Il ne manque pas de préciser que la région où a eu lieu l’assaut est réputée pour être un repaire pour les brigands et autres délinquants.
« Les victimes ont été impactées physiquement (blessées à coups d’armes blanches), matériellement (des affaires personnelles leur ont été volées) et socialement », s’inquiète M. Azzoug.
« Comment dans ces conditions pourrait-on convaincre ces enseignantes ne serait-ce que pour réintégrer l’enseignement ? », se demande-t-il. Le ministère de l’Éducation nationale n’a pas encore réagi.