L’enseignement de la langue française en Algérie est de nouveau au cœur d’une polémique. Des écoles privées qui dispensent les cours dans cette langue et appliquent le programme français au détriment du programme national auraient été sommées par les autorités de se conformer à la réglementation, sous peine de sanctions.
Le journal français Le Monde, qui rapporte l’information, évoque dans un article consacré au sujet le désarroi des élèves et de leurs parents, pris au dépourvu par cette décision qui coïncide avec un changement au CNED français (Centre national d’enseignement à distance) qui n’accepte plus les inscriptions des élèves algériens pour le Bac français.
Les élèves sont pris au milieu du gué, ne pouvant pas être redirigés vers le programme algérien, car il leur est impossible de refaire leur retard en langue arabe, indique le journal français.
La réglementation algérienne en la matière est claire. Depuis 2005, année de l’octroi des premiers agréments aux établissements privés, ces derniers sont tenus de dispenser exclusivement le programme national, c’est-à-dire d’enseigner les mêmes matières, dans la même langue et avec les mêmes volumes horaires que l’école publique.
Leur vocation est de préparer les élèves aux examens nationaux des trois paliers, l’ex-sixième, le BEM (brevet de l’enseignement moyen) et le baccalauréat.
Interdiction de l’enseignement du programme français dans les écoles privées
Mais certains établissements dispensent, parfois en plus du programme national ou exclusivement, le programme français pour des élèves qui souhaitent passer le bac français à travers le CNED. Au nombre de 3.000, les élèves algériens constituent le plus important “contingent étranger” de ce centre, selon le Monde. Le Bac français permet l’inscription dans une université française avec une procédure simplifiée au niveau de Campus France.
D’autant plus qu’il est très difficile d’accéder au lycée français d’Alger (Lycée international Alexandre Dumas) qui, fait savoir la même source, reçoit 56 demandes pour une place.
La pratique de la dispense du programme français dans les écoles privées est illégale, mais tolérée. Jusqu’à cette rentrée 2023-2024 où les autorités ont décidé brusquement d’appliquer fermement la réglementation. Dans le même temps, le gouvernement a accéléré l’introduction de l’anglais dans le cycle primaire, avec un recrutement massif d’enseignants de cette langue.
Néanmoins, nous explique le gérant d’une école privée non concernée par cette décision, le phénomène est “marginal“, même si, dit-il, il arrive à son établissement de “perdre” des élèves au milieu du cursus au profit d’écoles qui dispensent un programme étranger. Cette pratique a cours dans un nombre restreint d’établissements, alors que la majorité des 586 écoles privées agréées en Algérie se conforment strictement à la règlementation, assure-t-il.
Notre interlocuteur dit regretter que des élèves puissent se retrouver dans une telle situation, mais il pointe du doigt la responsabilité des parents qui ont engagé leurs enfants dans un cursus illégal vis-à-vis de la loi.
Une loi claire et rigoureuse. Selon ce gérant, même les programmes destinés à renforcer les capacités des élèves en langues étrangères sont soumis à l’autorisation écrite du ministère de l’Éducation. Il assure que son établissement l’a sollicité et l’obtient “sans difficulté” à chaque début d’année scolaire.
La réglementation ne permet pas aussi l’usage de manuels étrangers qui, “de toute façon, sont excessivement chers et difficiles à trouver“, ajoute notre interlocuteur.