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Entre la Palestine, Israël et le Sahara occidental, le Maroc ne cache plus son choix

Depuis le début de la guerre à Gaza, il y a cinq mois, le Maroc adopte la posture la plus paradoxale de tous les pays arabes et musulmans.

La rue crie son soutien à la Palestine et les autorités sont contraintes au silence gêné par leur normalisation avec Israël, tout en actionnant leurs relais pour faire croire à la continuité de l’attachement à la cause palestinienne du roi, autoproclamé président du « comité Al Qods ».

Il se trouve en fait que le Maroc a sacrifié la cause palestinienne pour tenter d’imposer le fait accompli de son occupation du Sahara occidental.

La signature des accords de normalisation avec Israël en décembre 2020 s’était faite simultanément à l’annonce par les États-Unis de Donald Trump de leur reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Le marchandage était assumé à demi-mot par la communication officielle qui avait évoqué « l’intérêt national » pour faire accepter la normalisation à une opinion publique résolument pro-palestinienne.

Le temps d’assumer pleinement est venu après cinq mois de guerre barbare contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. Comme le veut la nouvelle manière de faire du palais royal, ce sont ses relais médiatiques qui sont chargés d’exprimer le fond de sa pensée et de passer aux aveux formels.

Dans un éditorial paru dans le dernier numéro du magazine Telquel, il est clairement expliqué que, « devant l’énorme injustice infligée aux frères palestiniens », le Maroc est rendu « impuissant » par la peur de perdre le soutien des Occidentaux à ses thèses dans le dossier du Sahara occidental.

En clair, le royaume est face à une forme de chantage et a vite fait son choix.

Gaza : le Maroc se tait pour ne pas perdre le soutien des Occidentaux dans le dossier du Sahara occidental

Un choix que défend et partage le journal marocain, bien qu’il parle d’ « embardées génocidaires » du « gouvernement suprématistes de Benyamin Netanyahou » qui « peut tuer en toute impunité ».

La position du Maroc est « délicate », reconnaît Telquel. Le royaume ne peut ni utiliser la rhétorique du président brésilien Lula da Silva ni engager un débat en sa qualité de président du conseil des droits de l’Homme de l’ONU, « sous peine de détruire six décennies d’efforts » dans le dossier du Sahara occidental occupé.

Malgré « certaines fissures dans l’armure », l’Occident soutient toujours Israël et « ne pardonnerait pas au royaume une attaque frontale et décomplexée des méthodes barbares et contraires au droit international de l’État hébreu ».

Ce qui remettrait donc en cause les « acquis » engrangés, soit la reconnaisse de la « marocanité » du Sahara occidental par les États-Unis et Israël et l’alignement sur le plan d’autonomie de pays tels que l’Espagne, la Belgique et l’Allemagne, avance Telquel.

Cet aveu fait, le journal marocain passe à un autre : ce que les autorités marocaines ne peuvent pas dire tout haut, elles laissent la rue l’exprimer dans les marches de soutien à la Palestine. Et accessoirement les relais médiatiques, comme cet exercice d’explication difficile que constitue l’éditorial lui-même.

S’il agit ainsi, c’est que le Maroc ne désespère pas de s’attribuer le beau rôle en prenant part activement aux négociations à venir après la guerre de Gaza pour s’imposer en « intermédiaire de choix » entre les Occidentaux, les pays arabes et Israël.

Pas sûr toutefois que les choses se passeront comme calculé au palais de Rabat. Les Palestiniens d’abord puis tout le monde arabe et musulman sauront faire la part des choses et distinguer entre la position honorable du peuple marocain et la compromission dont se sont rendus coupables le palais royal et son gouvernement.

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