La crise entre le Qatar et ses puissants voisins notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se manifeste également à travers une guerre entre de puissants médias. Ces trois pays disposent en effet de trois grandes chaînes de télévision largement regardées dans le monde arabe voire dans le monde en plus de leurs médias locaux.
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Une fausse information ?
D’ailleurs, tout est parti de propos controversés attribués à l’émir du Qatar. Le jeune émir aurait notamment expliqué que l’Iran, bête noire de l’Arabie saoudite, était « une puissance islamique avec laquelle il faut compter puisqu’elle contribue à la stabilité de la région ». Alors que ce fameux discours se propage sur internet, Doha cherche à éteindre l’incendie. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’agence de presse officielle qatarie (QNA) dément et annonce qu’elle a été visée par une attaque informatique.
Al Arabiya prend en main l’offensive
La chaîne d’information qatarie Al Jazeera est la première démentir le « fake-news ». Mais les Saoudiens et leurs alliés ne sont pas convaincus par les arguments qataris. Les relais médiatiques saoudiens et émiratis, respectivement Al Arabiya (aussi Al Hadath) et Sky News Arabia, se mettent en marche pour dénoncer les prises de position de Cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani. Les démentis qataris sur la chaîne Al Jazeera sont submergés par un flot d’informations, de déclarations et d’accusations sur les médias des voisins.
Un affrontement médiatique sur la véracité des propos de Cheikh Tamim débute. Pour Al Arabiya, il n’y a aucun doute : le communiqué publié par l’agence qatarie est authentique. Parmi les « preuves » que la chaîne avance pour étayer ses accusations, la publication des déclarations de l’émir du Qatar sur le compte Instagram officiel de Qana.
Sky News Arabia suit le mouvement
De son côté, la chaîne de droit émirati, Sky News Arabia, rejoint Al Arabiya pour dénoncer les propos supposément tenus par Cheikh Tamim. Experts et Spécialistes sont les invités des plateaux pour donner du crédit aux informations rapportées par cette chaîne.
Al Jazeera défend l’émirat dans un premier temps
En face aux deux chaînes, Al Jazeera, ne lâche rien. Loin de sa prudence éditoriale habituelle sur plusieurs sujets, la chaîne qatarie défend cette fois avec acharnement la version officielle de l’émirat. Dans le même temps, Al Jazeera essaye de contrer les arguments avancés par ses deux chaînes rivales.
Comme sur les chaînes saoudienne et émiratie, des reportages et des entretiens avec des experts sont réalisés pour conforter la version qatarie. Al Jazeera est allée jusqu’à crier au complot.
Puis contre-attaque
Après la décision des voisins du Qatar de rompre leurs relations diplomatiques, Al Jazeera contre-attaque. Elle cible particulièrement les Émirats arabes unis. La chaîne relaye notamment les informations faisant état de plusieurs mails de l’ambassadeur émirats aux États-Unis qui ont fuité. Des informations dévoilant le rôle trouble des Émirats, censés les mettre mal à l’aise devant leur allié saoudien. La couverture de l’événement est totale, avec la panoplie habituelle d’experts et d’analystes.
Des messages et des menaces
En réponse, l’Arabie saoudite, qui a longtemps fustigé Al Jazerra, a utilisé tout ce dont elle dispose comme moyens médiatiques pour faire passer ses messages… Et aussi ses menaces.
Selon le Courrier International, les médias saoudiens ont véhiculé l’idée qu’il faudrait sauver le Qatar de la mainmise de l’Iran, l’ennemi juré du royaume wahhabite. L’une de ces idées véhiculées, par la chaîne Al Arabiya, voudrait faire croire que l’émir du Qatar est devenu l’otage des Iraniens. « Ce sont les gardiens de la révolution qui protègent l’émir », affirme le site de la chaîne cité le Courrier International.
Une intervention militaire saoudienne ne serait donc pas à écarter, laissent entendre les médias locaux. Dans un entretien accordé, lundi 5 juillet, au quotidien Arab News, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubair, a déclaré : « J’espère que nous n’en arriverons pas là ». Mais le message est passé.
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