Pour son dernier entretien avant sa « mise en congé » pour se consacrer à la campagne électorale pour les législatives, le ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjema Talai livre son analyse du secteur sur TSA.
Quels sont les grands projets à livrer dans les travaux publics ?
Les projets qui ne sont pas entamés méritent étude et maturation approfondie. Y compris pour les conditions de financement. Je pense que les projets à caractère économique qui ont une relation directe avec le développement et ont une rentabilité doivent être réalisés. Pour les autres projets, quelle que soit leur nature, qui ont été inscrits puis gelés, leur reprise est conditionnée par ces éléments de maturation et de rentabilité économique.
À quelle date seront lancés les travaux pour le projet du grand port du centre ?
Je préfère parler de ce qu’on a déjà fait : nous avons été chargés par le gouvernement de mener à terme l’étude de l’avant-projet détaillé. Pour pouvoir avoir la bonne estimation de son coût, l’architecture du port de manière détaillée (emplacement, configuration…). C’est chose faite. Nous avons même réalisé le modèle réduit, sur lequel nous faisons des essais, pour voir le comportement des digues et des ouvrages. Toutes les études sismiques, d’environnement… Tout cela a été fait. Nous envisageons, si les accords sont donnés par le gouvernement, de lancer les travaux vers la fin du premier semestre 2017. Le coût de réalisation est fixé à 3,6 milliards de dollars pour la totalité du port, clés en main, y compris l’autoroute qui doit relier le port à El Affroun.
Le viaduc TransRhummel à Constantine est menacé par un glissement de terrain. Avez-vous mis en œuvre une solution pour régler ce problème ?
Cela arrive. Constantine est connue pour être une zone sensible aux glissements de terrain et aux mouvements. On sait également que les études géotechniques ne sont pas une science exacte. Nous avons le même problème à Bouira. Il y a un élément qui accélère ces désordres : c’est la présence de l’eau. À Constantine, pour ce viaduc, nous avons le bon diagnostic et nous avons la bonne solution technique. Elle est engagée, mise en route et est en cours de réalisation. Elle permettra tout d’abord de protéger l’ouvrage pour toute sa durée de vie. Et à partir du moment où nous avons les bonnes études techniques, les solutions sont pérennes. C’est une solution à court terme, il faudra 6 à 7 mois pour l’achever. Mais il est définitivement hors de danger.
Pourquoi ne pas réaliser un 2e aéroport pour Alger ?
Lorsque l’on inscrit un projet et qu’on le dimensionne, nous voyons loin, jusqu’à 2050. Mais au-delà, il faut envisager les extensions. L’actuel est prévu pour 20 à 30 ans et nous avons prévu des zones pour son agrandissement. À un certain moment, cela va saturer. Et il y a également les périmètres de sécurité à respecter. Tout cela est pris en compte.
Mais en termes de trafic routier par exemple, les axes sont déjà saturés. Est-il opportun de concentrer un si grand flux vers un seul aéroport ?
C’est un peu plus difficile. L’axe routier est déjà insuffisant aujourd’hui. Et il y aura encore des augmentations du parc automobile, de par la hausse démographique par exemple. Pour y faire face, je privilégie plutôt le renforcement du transport urbain, collectif et sécurisé comme le métro, le tramway et les voies ferrées régionales. Il faut éviter que les gens prennent leur voiture et qu’il devienne plus aisé de prendre ces modes de transport collectif, comme cela se passe en Europe.
En cas d’intempérie, les vols vers Alger sont déroutés vers Constantine, cela fait loin…
Cela fait loin, mais on peut aller plutôt vers Sétif ou Béjaïa, ou ailleurs. Il y a toute une série d’aéroports dans la région où l’on peut dérouter des vols, à 1 heure ou deux heures de route. Mais cela arrive à tous les pays du monde, on ne peut pas imaginer un deuxième aéroport juste pour dérouter des vols. À mon avis, il s’agit d’un faux problème.
La nouvelle aérogare d’Alger sera-t-elle réservée à Air Algérie ?
Non, c’est un aéroport international qui aura une fonction de hub et qui est destiné à recevoir toutes les compagnies. Elles sont toutes les bienvenues. Il va y avoir une zone de transit dans cet aéroport : un hub veut dire qu’il y a un transfert de passagers, entre l’Afrique et l’Europe, via Alger en l’occurrence. Il va drainer près de 11 millions de passagers par an. Les essais seront lancés au mois de juillet 2018. Ces essais (équipements, réseaux, passerelles, escaliers mécaniques…) dureront 2 à 3 mois. Ensuite, il sera mis en exploitation.
Donc il sera livré vers le mois d’octobre ?
Il sera livré à la rentrée. Je préfère préciser une date, pour que les entreprises respectent l’engagement. Le maître d’ouvrage délégué, qui est la Société de gestion de l’aéroport, sait qu’il doit le mettre à disposition à cette date. Et quand je dis « à telle date », c’est « à telle date ». Un engagement ne peut être fiable que s’il est respecté. Sinon nous ne sommes plus crédibles.
Le métro d’Oran est-il toujours d’actualité ?
Il n’est pas d’actualité. Ce serait bien de faire le métro d’Oran, mais dans les conditions financières d’aujourd’hui, ce n’est pas possible. En revanche, il y a un projet de loi qui est en préparation, concernant le partenariat public privé (PPP), qui peut offrir une alternative intéressante pour le financement.
À quand l’application du nouveau Code la route ?
Il y a une nouvelle loi qui va régler le problème de circulation routière, qui prévoit un nouveau Code de la route, le permis à point, etc. Tous les textes d’application sont prêts et nous allons les passer rapidement. Il y a de nouvelles réglementations pour les camions, le transport de marchandises, de personnes. Il faut également un texte d’application et un décret pour la mise en place du chronotachygraphe. Il y a également de nouvelles réglementations pour les auto-écoles. Nous avons passé un texte sur le contrôle technique des véhicules. À partir du moment où la loi a été publiée, les textes d’application doivent suivre immédiatement. Nous sommes prêts. Nous devons passer par le gouvernement, mais ce qui est bien est que ces textes sont programmés immédiatement.
L’effet que l’on attend de cette loi est la réduction du nombre de morts sur la route, et pas plus. C’est l’essentiel.
Quels sont les principaux projets à livrer cette année dans les chemins de fer ?
Parmi les principaux projets, je peux citer la ligne entre Tizi Ouzou et Alger, dont l’exploitation commerciale commencera dès le 15 avril prochain. Il y a aussi la ligne Saida – Moulay Slissen ce mois-ci, sur 120 kilomètres. Les gens de Saida l’attendent avec impatience. Par ailleurs, d’ici décembre 2017, il y aura une ligne entre Sétif et El Gourzi sur 108 kilomètres.
Enfin, nous procéderons à la réalisation de G-RVB (renouvellement voie et ballast) sur 172 kilomètres, notamment entre Souk Ahras et Kouif, Tebeassa et Djebel Onk, ainsi qu’entre Ramdane-Djamel et Constantine.
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