Réda Hamiani est le prédécesseur d’Ali Haddad à la tête du FCE.
Vous faites partie des signataires d’un communiqué au nom du « FCE originel » en soutien au mouvement populaire de contestation du 5e mandat. Pourquoi l’avez-vous signé ?
Beaucoup de membres m’ont appelé pour réagir par rapport aux évènements que connaît notre pays depuis quelques jours. Après concertation avec Si Omar (Omar Ramdane, président d’honneur du FCE), nous a publié un communiqué. Les choses vont évoluer. Beaucoup de membres veulent un repositionnement du FCE sur la question du 5e mandat. En ce qui me concerne, puisque je ne parle au nom des autres membres, je demande la tenue d’une assemblée générale extraordinaire du Forum. Je pense qu’il est opportun d’écouter le maximum de membres et cette AG est le cadre idéal pour le faire.
Est-ce que vous demandez le départ d’Ali Haddad ?
Ce n’est pas à moi de réclamer le départ de quiconque. Il s’agit d’organiser un débat sur la position du FCE et son rôle. Je n’ai aucune inimité avec Ali Haddad. J’ai beaucoup de respect et de considération pour lui. Je tiens à préciser que je n’ai aucune ambition, et je ne veux pas redevenir président du FCE. Je pense que c’est le moment de laisser la place aux jeunes. Le Forum ne peut pas rester en dehors du peuple qui s’est exprimé pacifiquement.
Pourquoi avez-vous attendu maintenant pour contester la position du FCE sur le 5e mandat ?
Le FCE est parcouru par des différents courants, et le courant majoritaire a suivi l’actuel président. Maintenant, des membres veulent suivre le mouvement populaire, et donner leur avis. En ce qui me concerne, j’ai toujours contesté la très grande proximité avec le pouvoir politique de notre président actuel (Ali Haddad). Le rapprochement avec le pouvoir politique a desservi le FCE et j’ai toujours milité pour la neutralité politique du Forum. Le FCE devait et doit garder une certaine distance avec le pouvoir et prendre positions par rapport aux politiques économiques du gouvernement. Le rôle du FCE est de veiller à ce que l’économie se porte bien, créé des emplois, des richesses, etc.
Le FCE ne joue plus son rôle ?
J’estime que le FCE s’est trop rapproché du pouvoir politique, il est devenu une organisation satellitaire. Il a délaissé son rôle de critique des textes et des politiques économiques. Maintenant, il s’agit de revenir aux nobles missions de notre association, de veiller à ce que les politiques économiques soient concrétisées sur le terrain, ce qui n’est pas toujours le cas, à cause de la lourdeur de notre administration.
Les marches contre le 5e mandat se multiplient à travers le pays. Quel est votre regard sur ce qui se passe dans notre pays ?
C’est historique. Je suis très satisfait de la réaction populaire. On avait l’impression que le peuple était amorphe, désabusé, mais il vient de donner une leçon au monde entier, avec son pacifisme et sa spontanéité. Sans parti pris, le peuple a montré qu’il ne veut pas de violence. C’est méritoire. Je souhaite la poursuite de ce mouvement populaire et que les responsables prennent la mesure de son importance. Cette vague populaire est un tournant historique pour notre pays. Il ne faut pas qu’elle soit confisquée, les dividendes doivent revenir au peuple, surtout aux jeunes qui doivent avoir leur mot à dire et ne plus de demander de visas pour quitter le pays. Il ne faut plus être passif.