Les élections pour le renouvellement partiel des membres des ordres médicaux (chirurgiens-dentistes, pharmaciens, médecins généralistes) des douze régions du pays ont eu lieu la semaine dernière.
Le Dr Mohamed Bekkat Berkani dénonce l’ingérence du ministère de la Santé dans l’élection de la section ordinale d’Alger dont il est président.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé lors du déroulement des élections pour le renouvellement partiel à Alger ?
Cette opération s’est déroulée dans des conditions tout à fait légales et réglementaires.
À Alger, au dernier jour du vote le jeudi 27 mai (l’opération se déroule pendant dix jours, les médecins pouvant voter par correspondance), à la polyclinique des Sources où siège le Conseil de l’ordre depuis 20 ans, le ministère de la Santé soudainement et sous l’instigation du ministre a décidé de faire injonction à la commission électorale de changer le lieu de vote et le déplacer vers quatre hôpitaux.
Une décision qui a pour prétexte le fait que la polyclinique faisait office de centre de vaccination, alors que l’opération s’y déroule au ralenti. Cette décision est bizarre.
C’est une immixtion dans le fonctionnement des ordres médicaux qui sont indépendants et ne sont pas sous la tutelle du ministère de la Santé.
Le prétexte en lui-même, nous l’avons jugé fallacieux voire tendancieux dans la mesure où nous ne pouvions pas en 24 heures changer de lieu de vote alors que l’organisation était centralisée et que les listes de vote étaient sous l’autorité d’un huissier de justice.
Que s’est-il passé par la suite ?
Le ministère va déposer une plainte en référé au niveau du tribunal administratif de Bir-Mourad-Rais. Pour notre part, en plus de l’impossibilité de changer de lieu de vote, cette démarche est illégale du fait que les convocations pour les médecins étaient déjà parties depuis un mois et demi et ce conformément à la loi.
Mercredi après-midi, par le biais de notre avocat, nous avons introduit un recours au niveau du tribunal administratif précité en attendant la décision. Pendant ce temps, les élections se poursuivaient très normalement.
Le jeudi 27 mai, il y a eu un groupe de médecins, instrumentalisés par le ministère de la Santé, qui a tenté d’influer sur les cours des élections.
Les médecins sont venus en grand nombre et ont exercé leur devoir électoral, subitement au cours de l’après-midi il y a eu une décision du tribunal administratif confirmant la décision de changer le lieu de vote alors que le vote avait commencé à 14 h.
Nous avons fait opposition, au niveau du Conseil d’État, de la décision du tribunal administratif. Vers 19 h alors que les opérations étaient terminées et que le dépouillement avait commencé, il y a eu une décision du Conseil d’État nous demandant de changer de lieu alors que le vote avait été clôturé.
Nous avons fait opposition devant le Conseil d’État, et le ministère de la Santé a continué son acharnement contre la section d’Alger étant donné qu’elle est présidée par le Dr Bekkat Berkani qui n’est même pas candidat, en continuant à sponsoriser un groupe de médecins.
Cette situation dénote du peu de crédit qu’a ce ministère vis-à-vis d’une opération électorale tout à fait anodine. Les médecins ont par ailleurs répondu en masse avec 1.350 votants inscrits sur les listes de vote.
À quoi attribuez-vous cette attitude du ministère ?
Il semblerait que ce soit une ultime manœuvre de la part de ce ministère qui a mieux à s’occuper des problèmes de vaccination et autres, au lieu d’essayer de gêner une opération électorale professionnelle et dont il lui appartient guère de se mêler, étant donné que l’Ordre national et les conseils régionaux (des médecins généralistes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens) sont indépendants et ne sont pas sous la tutelle du ministère de la Santé.
Maintenant quel est le sort de ces élections, sont-elles remises en cause ?
Nous avons fourni un dossier au Conseil d’État. La première audience a été fixée au 17 juin. Nous, nous continuons normalement le processus électoral.
La période des recours individuels des candidats s’étale jusqu’au 12 juin. Ils seront examinés par le Conseil national des ordres. L’installation des conseils régionaux à travers le pays ne doit pas dépasser le délai du 27 juin.
Nous avons un calendrier électoral qui se poursuit normalement. Mardi a eu lieu une réunion de la commission nationale d’organisation et des recours qui regroupe les chirurgiens-dentistes, pharmaciens et médecins généralistes qui ont décidé d’homologuer le résultat des élections.
Pour nous, l’élection est valide sur le plan légal. Maintenant que la justice poursuit son chemin. Dans cette affaire, nous avons été surpris du fait que le ministère de la Santé se mêle d’élections professionnelles. Un fait unique depuis la création des ordres médicaux.
Cette ingérence dont vous parlez, concerne uniquement la section ordinale d’Alger ?
En effet, les autres régions ont organisé leurs élections d’une manière légale et réglementaire.