Politique

Entretien. L’avocat de Fekhar dénonce et accuse

Dans quelles circonstances est décédé Kamel-Eddine Fekhar ?

Me Salah Dabouz, avocat de Fekhar. Sa mort était programmée. Quand je l’ai vu mercredi passé, il avait déjà commencé à perdre la mémoire mais il m’avait quand même reconnu. Il m’avait fait cette déclaration : “On a programmé ma mort”. Et je l’ai dit dans des vidéos que j’ai postées sur ma page (Facebook).

Cela fait trois semaines que je fais des vidéos où je dis qu’il est très maltraité et il n’est pas pris en charge convenablement par le corps et paramédical du pavillon carcéral de l’hôpital de Ghardaïa. D’abord, il était en détention de façon arbitraire et je ne cesse de lancer des accusations depuis ce matin. J’accuse le procureur général de Ghardaïa d’avoir causé la détention arbitraire de Kamel Eddine (Fekhar), laquelle a conduit à sa mort. Et j’accuse le juge d’instruction de la 1ère chambre d’avoir ordonné la détention de Fekhar avant même d’avoir examiné son dossier. C’est Fekhar qui me l’avait dit, et donc d’être la cause de son décès.

J’accuse le président de la Chambre d’accusation et le staff qui siège avec lui d’avoir maintenu la décision de détention de Fekhar malgré le fait que le dossier ne contient aucun fait grave. Et j’accuse le directeur de l’hôpital (de Ghardaïa) les médecins et le corps paramédical qui devaient le soigner mais qui ne l’ont pas fait correctement.

Avez-vous eu en parler avec le corps médical ?

Non. Je n’ai pu contacter personne. La famille de Fekhar m’a demandé de déposer une plainte.

On ne vous a pas laissé le voir sur place ?

Si, j’ai vu Fekhar. Me Zai (son autre avocat) a essayé de voir les responsables qui l’ont écouté mais qui n’ont rien fait.

Quelles ont été les circonstances de l’arrestation de feu Kamel Eddine Fekhar ?

Il a fait une vidéo que j’ai partagé sur ma page (Facebook) avec Mohamed Ali Allalou, le 25 mars dernier. C’était à Ghardaïa et Kamel Eddine paraissait décontracté et en très bonne santé. Dans cette vidéo, il a parlé de la situation à Ghardaïa et il a dénoncé la discrimination par les autorités contre les mozabites. Il a dit qu’il y avait une discrimination claire et ce sont les mozabites qui sont ciblés ajoutant que cela ressemblait à de l’apartheid. C’est à cause de ça qu’il a été arrêté.

Avant son arrestation, il était en bonne santé ?

Sa santé s’est dégradée durant sa détention.

Quelles démarches envisagez-vous dans l’immédiat ?

Actuellement, nous gérons une situation d’urgence parce que sa famille a voulu transmettre aux autorités judiciaires le vœu de feu Fekhar d’être enterré au cimetière de Sidi Bennour à Bab El Oued, mais elle n’arrive pas à transmettre ce vœu. Les autorités judiciaires insistent sur le transfert du corps à Ghardaïa. C’est vraiment méprisant que de ne pas accéder à la dernière volonté de quelqu’un qui est décédé. Soit ils veulent leur dire que vous êtes des mozabites vous n’avez pas droit au reste de l’Algérie ou ils ont des calculs politiciens derrière la tête qu’on ne connaît pas.

Revenons à votre cas. Vous êtes toujours sous contrôle judiciaire ?

Je suis toujours sous contrôle judiciaire à raison de trois fois par semaine. Il faut signaler qu’il n’est jamais arrivé en Algérie, depuis 1962, de mettre quelqu’un sous contrôle judiciaire trois fois par semaine et à 600 Km de son lieu de résidence. Ce qui fait que c’est un acharnement, c’est de la vengeance.

Que vous reproche-t-on au juste ?

Je suis dans le même dossier que Fekhar, je suis co-accusé de Kamel Eddine. On me reproche d’autres déclarations.

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