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ENTRETIEN. Les Algériens boudent le vaccin covid, les stocks s’accumulent

ENTRETIEN. Les Algériens boudent le vaccin covid, les stocks s’accumulent

Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi du covid.

Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi du covid, renouvelle dans cet entretien son appel à la population pour se vacciner contre le covid-19 alors que la campagne vaccinale « marque le pas ».

Alors qu’une 4e vague du covid-19 en Algérie n’est plus exclue, le Pr Mahyaoui lance un appel au corps médical afin de stimuler les gens à se vacciner.

Une 3e dose du vaccin anti-covid est-elle nécessaire pour les personnes déjà vaccinées ?

Cette question s’est posée dans pas mal de pays, certains ont suivi cette option, d’autres non. Mais il est clair que l’administration de la 3e dose viendrait renforcer l’immunité en diminution.

Cette 3e dose est donc recommandée chez les personnes ayant une immunité déficiente et atteintes de maladies chroniques, les personnes âgées de plus 65 ans.

Ce sont ces catégories dont l’immunité diminue dans les six mois. La 3e dose sera une arme supplémentaire pour lutter contre le covid-19.

Le nombre de personnes vaccinées en Algérie reste très faible. Pourquoi ?

Effectivement, nous sommes autour de 22-23 % de population vaccinée, ce qui est insuffisant par rapport aux objectifs fixés initialement : à savoir que pour atteindre l’immunité collective il fallait vacciner 70 % voire plus de la population, et ce bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit qu’à 50 % on peut dire qu’on est en sécurité au plan épidémiologique.

Au lancement de la vaccination anti-covid en janvier dernier, on a reçu 50 000 doses, ce qui nous a permis de vacciner 25.000 personnes.

Par la suite, la tension sur les vaccins s’étant atténuée, on a pu acquérir des millions de doses.

Aujourd’hui, on est dans une situation inverse. On a des millions de doses en stock et des millions d’autres sont en train d’arriver, sans parler qu’on va fabriquer le vaccin chez nous, malheureusement on n’arrive même pas à vacciner 30.000 personnes par jour. On voit même que la population est réticente à la vaccination.

La question qui se pose est : pourquoi cette réticence et quels sont les facteurs qui font que les Algériens refusent d’aller se faire vacciner ? Il faut trouver une solution.

À ce rythme très faible de la vaccination, n’y a-t-il pas un risque de voir les doses en stock arriver à leur date de péremption ?

Effectivement, le risque existe alors qu’auparavant chaque dose du vaccin était très précieuse pour notre pays. Il faudra faire redémarrer la vaccination par le biais de la sensibilisation et de l’incitation.

Il faudrait trouver un moyen pour relancer cette campagne vaccinale qui bat de l’aile. Je dis et le répète : il ne faut pas rater le rendez-vous pour se faire vacciner.

Actuellement, au niveau des hôpitaux c’est le calme plat (par rapport à la situation épidémiologique) et c’est le moment pour aller se faire vacciner en masse.

On ne sait pas ce que nous réserve cette pandémie et le variant Delta. D’autant plus qu’on parle d’un nouveau (sous) variant du Delta un peu plus contaminant. Reprenons donc le bon sens et vaccinons-nous pour nous protéger éventuellement en cas de 4e vague.

La réticence envers la vaccination est palpable même chez les personnels de la santé. Comment l’expliquez-vous ?

Effectivement et cela décourage les gens. En tant que corps médical, on doit plutôt œuvrer à stimuler les gens à se vacciner, de les sensibiliser.

Rappel nécessaire : la 3e vague du covid a été meurtrière et 90 % des patients hospitalisés avec des formes graves et qui sont décédés n’étaient pas vaccinés. Pour résumer, la balance penche clairement vers le côté bénéfice du vaccin.

L’Algérie doit-elle se préparer à une 4e vague du covid-19 ?

Absolument. Il faut se préparer à toutes les éventualités. On sait que beaucoup de pays européens connaissent ces jours-ci une augmentation des cas covid. On n’est donc pas à l’abri d’une autre vague.

Le passe sanitaire est-il aujourd’hui nécessaire afin d’encourager les citoyens à se vacciner ?

Je suis certain que si on incite les gens à avoir un pass sanitaire pour accéder dans certains espaces qui leur étaient fermés depuis près de deux ans, notamment les salles des fêtes, les salles de sport, les stades, etc., il y aura de la motivation pour la vaccination.

On le voit à travers le monde : il n’y a plus de jauge dans les stades du fait que les supporters ont leurs passes sanitaires. Prenons exemple de cette ouverture à la vie normale. Le pass sanitaire est une très bonne méthode de motivation pour se vacciner.

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