Après plusieurs jours de répit, Seddik Chihab, ancien porte-parole du RND relance l’offensive contre Ahmed Ouyahia, apporte son soutien à Gaid Salah et s’exprime sur la présidentielle.
Quel est l’ordre du jour de la rencontre que vous avez présidée, ce jeudi 23 mai à Alger ?
C’est une réunion organique du bureau de wilaya d’Alger qui a pour ordre du jour de débattre de la situation interne du parti.
Comment évaluez-vous la situation actuelle du RND ?
Le parti est dans une situation chaotique et des plus critiques par le fait que notre secrétaire général est traîné en justice. C’est une situation qui fait très mal aux militants, lesquels disent unanimement qu’« on n’a pas à payer pour lui, pour ses égarement ainsi que pour ses positions ».
Le fait donc qu’il soit convoqué par la justice déteint-il négativement sur les militants ?
Ce n’est pas seulement ça. Le fait qu’il soit décrié par la population impacte très négativement sur la vie organique du RND. Aujourd’hui, les militants désertent le parti. Ceux qui ont un attachement important vis-à-vis du parti disent qu’on n’a pas à payer pour lui : il n’a qu’à démissionner et laisser le parti tranquille. Pourquoi s’impose-t-il et impose toute cette haine que le peuple lui voue au parti ?
Qu’allez-vous faire, dans le cas où Ouyahia s’accroche à son poste ?
Après le Ramadhan, les choses vont s’accélérer. On ne va pas rester éternellement dans une situation où le parti est pris en otage par une personne qui prouve qu’il n’a pas de scrupules.
Qu’allez-vous faire concrètement ?
Nous allons passer à l’action, on ne va pas rester en l’état. On convoquera une instance provisoire qui prendra les rênes du parti.
Et si les membres du conseil national ne marchent pas ?
Justement, nous ne faisons pas face à un problème organique. On ne se confine pas dans les problèmes des structures organiques.
Pourquoi ?
Parce que justement, le SG a mis en place des structures organiques sur mesure et des statuts sur mesure pour qu’il se comporte comme un dictateur.
Quel est donc votre problème avec Ouyahia ?
Le problème est éminemment politique. Une personne qui est rejetée par les Algériens, il ne peut pas faire prévaloir de demeurer à la tête d’un parti comme le RND. Toutes les structures du parti sont prises en otage par un seul homme et une dizaine de personnes qui ont des intérêts directs avec lui.
Pourquoi n’avez-vous pas dénoncé Ouyahia avant le départ des Bouteflika ?
Avant, tout le monde était au pas. Qui aurait eu le courage de parler ? Tu parles, on te brise. Tu parles, on t’accuse de n’importe quoi. C’est le hirak qui a libéré toutes ces forces de l’inertie dont on vivait. Le hirak a brisé le mur de la peur et a permis à tout le monde de s’exprimer et de se démarquer.
Que reprochez-vous à Ouyahia ?
On lui reproche ce que le peuple lui reproche. On reproche à Ouyahia de nous avoir enfarinés, de s’être joué de nous, d’avoir profité de notre discipline, de notre patriotisme et de notre engagement. Ce sont de lourds reproches : lorsqu’en fin de compte tu te rends compte que le chef en qui tu avais confiance, il s’est joué d’un parti et qu’il l’a mis sous le coude exclusivement pour ses petites ambitions et ses petits intérêts.
C’est-à-dire que pour Ouyahia, le RND n’a été qu’un instrument pour ses ambitions ?
Tout à fait. Il l’a utilisé comme instrument pour ses ambitions ou pour les ambitions de son clan hors parti. Parce que le véritable clan d’Ouyahia n’est pas au parti mais hors parti.
C’est-à-dire qu’Ouyahia travaille pour d’autres cercles autres que le parti ?
C’est ça. Il ne travaille pas du tout pour le parti.
Que pensez-vous des décisions annoncées par Gaid Salah ?
Le chef d’état-major est en train de faire un accompagnement du hirak empreint de sagesse et de sérénité. C’est la bonne voie et la bonne démarche de rester à la fois dans son cadre constitutionnel et qu’il y ait dans le même temps cette fusion qu’ont les Algériens avec l’ANP au profit d’un changement en faveur de la construction d’un Etat sérieux.
Que pensez-vous des élections du 4 juillet prochain ?
Nous appelons à la nécessité d’aller aux élections le plus vite possible. Il faut trouver un mécanise à travers un dialogue sérieux avec l’ensemble des composantes de la société pour arrêter une date appariée pour cette présidentielle. Il faut que la question de la date des présidentielles soit maturée de façon sérieuse et rapide.
Que pensez-vous d’une période de transition ?
Il faut que la transition soit la plus courte possible pour éviter le pourrissement de la situation et fermer la porte à ceux qui veulent prolonger la crise.