Il a parlé. Enfin. Mokhtar Hasbellaoui a effectué ce dimanche une visite à l’hôpital de Boufarik, la localité la plus touchée par l’épidémie de choléra avant d’animer une courte conférence de presse au siège de la wilaya de Blida.
Visiblement agacé et tendu, le ministre, également professeur en médecine, a souligné à plusieurs reprises qu’il s’exprimait en tant que « ministre de la Santé, professionnel de la santé et citoyen ». Comprendre : il maîtrise parfaitement son sujet et il ne se soucie que très peu des critiques sur sa gestion du dossier.
« On ne cache pas les chiffres »
Après avoir affirmé que le président Bouteflika suivait de très près la situation et l’interrogeait quotidiennement sur la situation des malades, Mokhtar Hasbellaoui a justifié le retard pris pour annoncer l’épidémie.
« On ne peut pas parler d’épidémie si le laboratoire ne nous donne pas le diagnostic positif. On était dans un cadre de suspicion. Les professionnels de la santé avaient suspecté çà et quand on a eu la confirmation on l’a dit. Point barre », a-t-il tranché. Et d’ajouter : « Le ministère était actif dès le premier jour et jusqu’à des heures impossibles, pour mettre une stratégie car elle compte plus que la visite ».
Lors de la conférence de presse, Mokhtar Hasbellaoui n’a pas fourni de nouveaux détails, hormis le nouveau chiffre des contaminations : 49 cas confirmés sur 147 cas suspects. Il a souligné une évolution positive dans le traitement de la maladie et salué le travail effectué par les équipes médicales.
« On ne cache pas les chiffres. Dans les maladies contagieuses, il ne faut surtout pas cacher la vérité. Pour pouvoir maitriser cette situation, et qui connait une amélioration, nous devons être honnêtes avec les chiffres que nous publions », a-t-il assuré.
Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a également réaffirmé que la source Sid el Kebir, à Ahmer el Aïn, dans la wilaya de Tipaza, était la cause principale de l’épidémie du choléra.
« On a fait plusieurs prélèvements et on a prélevé jusqu’à maintenant 38 sources au niveau de 04 wilayas (Blida, Alger, Bouira et Tipaza) et c’est dans une seule source, celle de Ahmer el Ain, qu’on a trouvé le vibrion cholérique », a-t-il soutenu.
La responsabilité du citoyen
« La source de Sid el Kebir de Ahmer El Ain est infestée de vibrions cholériques et les citoyens ne doivent pas boire son eau », s’est écrié M. Hasbellaoui quand un journaliste lui a posé la question sur la vidéo montrant des citoyens en train de boire de l’eau issue de cette source quelques heures après l’annonce des résultats des analyses par le ministère de la Santé.
Et d’enchainer : « Mais les citoyens doivent savoir que cette bactérie n’est pas la seule cause de la diarrhée. Il y a ce qu’on appelle les vibrions cholériformes, une bactérie qui ressemble à celle qui provoque le choléra et qu’on a trouvée dans les sources où l’on a fait des prélèvements. On a trouvé que 60,11% de ces sources étaient infectées de vibrions cholériformes. Ce qui donne également des gastro-entérites, pas aussi graves que celles du choléra mais ça peut être très dangereux pour les sujets qui sont fragiles ».
Après quoi, M.Hasbellaoui a ajouté : « Avec le wali de Blida et ceux des wilayas voisines, on a mis une stratégie pour prendre en charge les analyses de toutes les sources et pour faire des analyses sur tous les produits agricoles aux alentours des points où on a eu des cas. C’est un travail qui doit être minutieux (…) ces analyses qui sont en train d’être menées dans les wilayas et l’Institut Pasteur seront poursuivies jusqu’au moment où on aura sécurisé l’ensemble des points et des sources d’eau ».
Indirectement, le ministre de la Santé a pointé du doigt la responsabilité du citoyen dans la propagation de l’épidémie. Même s’il s’est juste contenté de donner des conseils sur la nécessité de protéger l’environnement et de procéder à la javellisation de l’eau de robinet et des sources, de veiller à la propreté des ustensiles où l’on stocke de l’eau, etc.
