L’équipe d’Algérie de football a été battue mardi 29 mars à domicile par le Cameroun (1-2) et n’ira pas au Mondial qatari. Après trois ans au sommet, la bande à Djamel Belmadi a perdu le match qu’il ne fallait pas perdre, le plus important sans doute de ces dernières années.
Le sélectionneur national lui-même répétait sans cesse que l’objectif de l’équipe, après avoir gagné la CAN 2019 en Égypte, était d’aller au Mondial 2022. Les Verts tenaient ce billet pour le Qatar avant de le lâcher dans les dernières dix secondes de ce match contre le Cameroun.
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Deux jours après la débâcle, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) a démissionné. En partant, Amara Charaf-Eddine a laissé comme un conseil à ses successeurs : plutôt que de courir derrière l’illusion de rejouer le match, il faut accepter le fait que l’équipe nationale ne verra pas le Qatar et se mettre dès maintenant à penser à l’avenir.
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Il est certes difficile de se remettre d’un tel scénario, mais l’avenir a déjà commencé et il n’y a plus de temps à perdre. Statutairement, un nouveau bureau fédéral et un nouveau président devraient être élus dans deux mois au plus tard.
La grande question concerne bien sûr la barre technique et l’avenir de Djamel Belmadi. Le BF actuel engagera-t-il lui-même les démarches pour garder le sélectionneur ? Nommera-t-il un nouveau coach ou laissera-t-il la question au président de la FAF qui sera élu par l’Assemblée générale ?
Même abattu après ce qui s’est passé, en voyant tout ce qu’il a construit s’effondrer tel un « château de cartes », pour reprendre son expression, Belmadi n’est pas encore parti.
Très sage, il a indiqué juste après le match du Cameroun qu’il prendra le temps nécessaire pour prendre une décision. Le voir continuer son travail, c’est le souhait de toute l’Algérie, du public aux autorités politiques, en passant par la Fédération et les médias.
Malgré deux déconvenues consécutives, l’élimination au premier tour de la CAN 2021 en janvier dernier puis cet échec à se qualifier en Coupe du monde, Djamel Belmadi fait toujours l’unanimité.
Après la CAN 2021, le coach des Verts a exprimé sa gratitude envers le public algérien, qui a sportivement accepté l’élimination et il devrait être animé du même sentiment maintenant que les Algériens demandent son maintien malgré l’immense désillusion.
Cette attitude du public devrait peser dans la décision du sélectionneur. Néanmoins, le voir partir n’est pas non plus exclu. Dans tous les cas de figure, l’œuvre de reconstruction doit commencer sans tarder.
Même si Belmadi décide de continuer, ce ne sera pas avec l’effectif actuel, dont de nombreux éléments ont dépassé la trentaine. M’bolhi, Guedioura, Slimani, Feghouli, Mandi, Belaili, Mahrez, Benlamri, pour ne citer que ces cadres, ne pourront être encore là en 2026, si l’on considère que le prochain mondial est l’objectif de l’équipe.
Ils pourront être utiles lors de la CAN 2023 mais il leur sera difficile de garder leur niveau au-delà de cette échéance.
Si Belmadi reste, il devra se résigner à renouveler profondément un groupe auquel il est très attaché et de reconstruire autour du noyau de jeunes qui se sont déjà imposés, comme Bensebaini, Bennaceur, Zerrouki, Atal, Touba…
L’un des reproches qui peuvent être faits au sélectionneur c’est d’avoir quasiment figé son « onze » depuis la CAN 2019. Le groupe qui a valu bien des satisfactions à l’Algérie, avec une CAN gagnée et une série historique d’invincibilité, a commencé à montrer ses limites depuis plusieurs mois.
D’abord lors de la double confrontation contre le Burkina Faso en phase des poules des qualifications pour le mondial, puis lors de la dernière CAN et enfin dans ce tour de barrages face au Cameroun.
Quelque chose s’est cassée
L’erreur, du coach et de tout le monde, était de chercher à chaque fois les raisons des contre-performances dans l’arbitrage, l’état du terrain ou les conditions climatiques.
Que Belmadi reste ou cède sa place, l’urgence sera d’insuffler du sang neuf dans la sélection, d’autant plus que les prétendants ne manquent pas notamment dans les championnats européens.
Les choses risquent néanmoins de ne jamais redevenir comme avant avec cette instabilité dans l’encadrement de la FAF. Le prochain président de la Fédération sera le quatrième en seulement 5 ans et on sait que Djamel Belmadi a été fortement contrarié par l’éviction de Kheireddine Zetchi en avril 2021 alors que tout marchait à merveille sous sa direction.
Le coach avait dénoncé publiquement ce changement et les tentatives de l’impliquer dans la désignation du nouveau président. Pour beaucoup d’observateurs, quelque chose s’est cassé lors de cet épisode qui pourrait avoir aussi contribué au recul des résultats de l’équipe nationale.
La leçon doit être retenue pour permettre l’élection d’un nouveau bureau fédéral parmi les compétences que compte le football algérien, loin de toute interférence et toute considération autre que sportive.
Il appartiendra ensuite au nouveau bureau et au nouveau président d’entamer la véritable œuvre de reconstruction qui va au-delà du renouvellement de l’effectif de l’équipe nationale.
La Fédération algérienne de football est appelée à doter le pays d’un championnat véritablement professionnel, à mettre de l’ordre dans le fonctionnement du football national et à mettre fin à la banalisation des scandales en tout genre, de la corruption à la violence dans les stades.
Le véritable chantier du football algérien est celui de la formation. L’apport, depuis plus de dix ans, des binationaux formés en Europe, a fait oublier aux responsables du sport national leur mission première qui est d’assurer la disponibilité des infrastructures et de la logistique et de mettre en place un fonctionnement des clubs qui permette l’émergence et la prise en charge des jeunes talents pour alimenter l’équipe nationale.