L’équipe d’Algérie de football a déplacé son stage de septembre du CTN de Sidi Moussa à Tabarka en Tunisie. Une décision qui ravive la polémique sur la situation du football algérien et l’état des infrastructures footballistiques en Algérie, en dépit des sommes colossales dépensées par l’État pour leur modernisation.

Habituellement, la sélection nationale de football se prépare au centre technique national (CTN) de Sidi Moussa. Or, il se trouve que cette infrastructure n’est pas dans son meilleur état à l’heure actuelle.

Les doutes sur l’état de la pelouse du stade de préparation et la capacité du centre à accueillir le stage des Verts ont émergé il y a quelques semaines, avant d’être balayés par la Fédération algérienne de football.

Le directeur du CTN, Youssef Ouznali, s’est montré rassurant dans une interview accordée le 22 août dernier à la cellule de communication de la FAF quant à l’état du centre.

Équipe d’Algérie : le directeur du CTN désavoué par Belmadi

Tout en reconnaissant que les pelouses du CTN ont subi des dégâts dus à la canicule qui a touché l’Algérie cet été, le Dr Ouznali a déclaré que le centre était en “parfait état” et a invité les médias à vérifier par eux-même lors du prochain stage de l’équipe nationale en septembre.

Ce n’est visiblement pas ce que pense le sélectionneur national Djamel Belmadi qui a décidé de délocaliser le stage de l’équipe nationale vers la Tunisie. En effet, la Fédération algérienne de football a annoncé vendredi dans un communiqué que les Verts se déplaceront à Tabarka, justifiant le choix de cette ville par sa proximité avec Annaba où se déroulera la rencontre face à la Tanzanie comptant pour la dernière journée des éliminatoires de la CAN 2024.

La raison du déplacement du stage évoquée dans le communiqué de la FAF est l’état des pelouses qui sont en “germination“.

Entre les déclarations du directeur du CTN et la décision du sélectionneur national de délocaliser le stage, un flou s’est installé concernant la situation du centre en question.

Un indice de taille sur le malaise qui couve au sein de la sélection nationale et de la Fédération : l’annulation de la conférence de presse du sélectionneur national Djamel Belmadi annoncée par la FAF sur son site vendredi.

L’instance fédérale s’est contentée de rapporter l’annulation de la conférence de presse de Djamel Belmadi sans pour autant donner les raisons de l’événement prévu initialement pour ce dimanche 3 septembre au CTN de Sidi Moussa justement.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’ébullition. Le débat sur la qualité des infrastructures sportives et leur entretien est relancé. Hafid Derradji a commenté la délocalisation du stage en Tunisie et est revenu sur la situation du CTN dont il avait été parmi ceux qui avaient donné l’alerte il y a quelques semaines.

Hafid Derradji évoque des “interrogations” concernant le déplacement du stage et l’annulation de la conférence de presse de Djamel Belmadi.

“Des questions se posent. Pourquoi Tabarka ? Pourquoi pas Constantine ou Annaba ? Qui a conseillé Belmadi ? La délocalisation du stage implique des procédures administratives et financières importantes. Le transport du matériel vers la Tunisie nécessite un dispositif logistique considérable différent de celui qui pourrait être mobilisé pour un déplacement à Annaba ou Constantine“, s’interroge le journaliste algérien.

Il n’est pas exclu que la sélection nationale se prépare finalement en Algérie, selon des sources concordantes.

Pour Hafid Derradji, le CTN de Sidi Moussa est “en état de délabrement depuis plusieurs mois voire depuis des années” en raison “de la mauvaise gestion à l’image de la situation de la Fédération algérienne de football“.

Alors que les pouvoirs publics affichent des ambitions importantes avec la candidature pour l’accueil de la CAN 2025 placée comme objectif, la Fédération algérienne de football se montre incapable de gérer une simple infrastructure d’entraînement qui accueille la sélection de football occasionnellement.

Autre problème : comment se fait-il que l’équipe nationale ne dispose que d’un centre de préparation dans tout le pays, alors que l’État a investi d’importantes sommes d’argent pour construire des stades ultramodernes à Alger (Baraki), Oran et Tizi-Ouzou ?

La Fédération algérienne de football rongée par l’instabilité

L’instance fédérale est rongée par l’instabilité depuis plusieurs années. Deux présidents de fédérations se sont succédé en une courte période. Charaf-Eddine Amara avait succédé à Kheireddine Zetchi en avril 2021, avant de démissionner moins d’une année suite à l’élimination de l’équipe d’Algérie de la course à la qualification au Mondial 2022.

Son successeur Djahid Zefizef a tenu à peine une année, avant de jeter l’éponge, après son échec aux élections du comité exécutif de la CAF. Un nouveau président de la Fédération algérienne de football devrait être élu le 21 septembre prochain.

Quatre candidats sont en lice. Walid Sadi, ex-bras droit de Mohamed Raouraoua, Meziane Ighil, ancien sélectionneur et ex-président du NA Hussein Dey ainsi que l’actuel président de la Ligue de football professionnel, Abdelkrim Medouar, et enfin Kaddour Dif, président du club de Hassi Bahbah.

Après des réserves, la FAF a annoncé la prolongation du délai pour permettre à ces candidats de compléter leurs dossiers. L’assemblée générale élective devrait se tenir le 21 septembre prochain.