L’Algérie est agitée par une nouvelle polémique sur les binationaux suite aux déclarations du président de la Fédération algérienne de football, Djahid Zefizef concernant les joueurs algériens formés en Europe.

Répondant aux questions des journalistes après la qualification de l’Équipe d’Algérie des moins de 17 ans pour le deuxième tour de la Coupe d’Afrique des nations de la catégorie vendredi dernier, le patron de la FAF a utilisé le terme « étrangers » pour faire référence aux joueurs algériens binationaux formés à l’étranger notamment en France.

 « Notre projet était basé sur la détection des joueurs étrangers. Entre nous, je ne suis pas très satisfait de cette situation, mais nous n’avions pas beaucoup de temps. On ne pouvait pas faire un remaniement total », a-t-il déclaré face à la presse.

Djahid Zefizef a poursuivi en évoquant ses ambitions de construire un projet de formation des joueurs en Algérie. Il a juste exprimé sa pensée concernant la nécessité de compter également sur des joueurs formés en Algérie et de ne pas dépendre de la France ou des pays européens pour alimenter les équipes nationales.

Qualifier des joueurs qui ont choisi l’Algérie dès leur jeune âge au détriment de l’Équipe de France d’« étrangers » ne peut que susciter une polémique. D’autant que le sélectionneur national Djamel Belmadi ainsi que le capitaine des Verts Riyad Mahrez sont des binationaux.

Une telle affirmation est bien maladroite quand on connaît les efforts faits pour convaincre des jeunes joueurs franco-algériens d’opter pour l’Algérie dans les jeunes catégories comme en équipe seniors.

Récemment, l’Algérie a pu s’assurer les services de joueurs de qualité tels que Badredine Bouanani, Farès Chaïbi pour ne citer que ceux qui pouvaient toujours aspirer à être convoqués en équipe de France au vu des prestations qu’ils ont fournies cette saison respectivement avec l’OGC Nice et le Toulouse FC.

Comme le chantier de récupération des pépites est toujours en cours, la maladresse verbale de Djahid Zefizef ne tombe pas au bon moment.

Justement, l’Algérie a beaucoup de chance de convaincre davantage plus de joueurs franco-algériens formés dans les clubs français vu qu’ils sont ciblés par des polémiques concernant leur religion et sont parfois stigmatisés.

L’Algérie est une opportunité à saisir pour des jeunes joueurs qui ne voudraient pas être condamnés à vivre le même sort de Karim Benzema qui, malgré avoir atteint les sommets avec le Real Madrid, a été tenu à l’écart pendant six ans de l’Équipe de France avant de finir sa carrière avec les Bleus sur une polémique juste avant le Mondial 2022 au Qatar.

Joueurs binationaux : une maladresse de plus

Vu les problèmes que vivent certains joueurs d’origine maghrébine en France, l’Algérie tout comme le Maroc ou la Tunisie sont devant une occasion en or pour récupérer des éléments de talents formés dans les meilleurs centres de formation au monde.

Lors du mois de Ramadan, des informations rapportées par le journaliste sportif d’investigation, Romain Molina faisaient état de pressions qu’auraient subi des joueurs musulmans afin de ne pas observer le jeûne.

À la même période, l’international algérien du FC Nantes, Jaouen Hadjam a été écarté du groupe parce qu’il avait décidé de jeûner malgré les injonctions de son entraîneur Antoine Kombouaré.

Plus récemment, Younes Benali, un joueur algérien sélectionné par Arezki Remmane pour disputer la CAN U 17 ans, a été licencié par le FC Nantes.

Dans ce cas, le club français peut faire valoir l’aspect juridique et mettre en avant le fait que le joueur n’a pas été autorisé à rejoindre sa sélection vu qu’il n’y a pas de dates FIFA qui obligeraient les clubs à céder leurs éléments en faveur de leurs sélections. Néanmoins, si le même joueur avait choisi la France, est-ce que le FC Nantes aurait refusé de le céder à l’Équipe de France pour un Euro des moins de 17 ans ou pour la Coupe du Monde ? Rien n’est moins sûr.

Jusqu’à présent, il semblerait que la Fédération algérienne de football ne se soit toujours pas rendu compte de la bourde de son président. En effet, sur le site de la FAF, aucune mise au point n’est venue clarifier les propos de Djahid Zefizef sur les joueurs binationaux.