Equipe de France Yacine Adli

Snobé par Deschamps, raillé en Algérie : Yacine Adli entre deux feux

A part Kylian Mbappé qui a des origines algériennes par sa mère, la liste de Didier Deschamps pour l’Euro 2024 ne comporte aucun nom d’origine maghrébine.

Une première en équipe de France depuis années. Le temps où les joueurs d’origine algérienne faisaient briller les Bleus sur la scène internationale semble révolu.

En Algérie, la liste des joueurs convoqués par le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps pour l’Euro 2024 est très commentée à cause de l’absence du franco-algérien Yacine Adli.

La non-convocation du milieu franco-algérien du Milan AC cache toutefois une autre « absence », celle des joueurs d’origine maghrébine.

Effet de la conjoncture politique en France où changement de paradigme chez les franco-maghrébins qui ne voient plus dans le foot un tremplin pour la réussite sociale ?

Si le cas Yacine Adli, 23 ans, captive l’intérêt en Algérie, c’est parce que le joueur a snobé l’équipe nationale il y a à peine deux mois, en mars dernier, donnant la priorité à l’équipe de France qui offre à ses yeux un meilleur challenge sportif.

Sa non-convocation par Didier Deschamps donne de ce fait lieu à de nombreuses railleries chez les internautes algériens.

Néanmoins, ce qu’il ne faut aussi retenir c’est l’absence quasi-totale de joueurs d’origine algérienne et maghrébine dans la liste des Bleus pour l’Euro 2024 en Allemagne.

Dans le groupe retenu pour le tournoi majeur européen, dévoilé jeudi 16 mai par Deschamps, seul Kylian Mbappe a des liens avec le Maghreb, par sa mère d’origine algérienne. Le gros du groupe est constitué de joueurs ayant des origines d’Afrique subsaharienne.

Équipe de France : aucun joueur portant un nom algérien dans la liste de Deschamps

Depuis près de trois décennies, les franco-maghrébins étaient régulièrement représentés en équipe de France. De la superstar Zinedine Zidane à Karim Benzema, en passant par d’autres joueurs de haut niveau comme Samir Nasri, Sabri Lamouchi, Hatem Ben Arfa, Wassim Ben Yedder, Kamel Mériem, Nabil Fekir…

Didier Deschamps, nommé en 2012, n’est pas connu pour être un fan des joueurs ayant des origines algériennes, marocaines ou tunisiennes.

Au Mondial 2022 au Qatar, Guendouzi et Benzema avaient représenté les Maghrébins dans l’équipe de France. Le premier a chauffé le banc et le second a quitté le groupe pour blessure avant le début de la compétition.

Le départ de Karim Benzema avait suscité une vive polémique, son entourage estimant que sa blessure n’était pas trop grave et que le Ballon d’or 2022 pouvait se rétablir avant la fin du mondial.

Les joueurs « maghrébins » ne font plus le bonheur de l’équipe de France  

À la coupe du monde 2018, remportée par les Bleus, seul Nabil Fekir avait été convoqué, pour quelques minutes de jeu en finale. Au Brésil, en 2014, il n’y avait que Benzema qui sera écarté une année plus tard suite à l’affaire dite de la sextape.

Lorsqu’il a appris sa non-convocation pour l’Euro 2016, Benzema avait publiquement accusé Deschamps d’avoir cédé à la pression de « la partie raciste de la France ».

Le foot n’est plus un ascenseur social ? 

On pourrait dire que la composante du groupe qu’il vient de dévoiler est conforme à ce que Deschamps a fait concernant les Maghrébins pendant ses 12 ans de présence à la tête des Bleus.

Certains y verraient aussi l’impact du climat général en France fait de stigmatisation qui cible particulièrement ceux qui sont issus de l’immigration maghrébine.

Mais à la décharge du sélectionneur des Bleus, il reste un fait indéniable : quand bien même il serait disposé à prendre des « Maghrébins » dans son groupe, il n’a pas un large choix du fait que très peu d’entre eux se distinguent vraiment en ce moment dans les grands championnats européens.

Yacine Adli a certes fait une bonne saison avec le Milan AC, terminant deuxième de Serie A, mais il n’a pas franchement montré un niveau qui rende sa place indiscutable en équipe de France, dans un secteur où la concurrence est rude.

Autre élément qui peut expliquer l’absence de plus en plus remarquée chez les Bleus des joueurs d’origine maghrébine, beaucoup de ceux qui, à un moment donné de leur carrière, auraient pu prétendre légitimement à porter le maillot bleu, ont opté pour la sélection de leur pays d’origine, comme l’Algérien Ryad Mahrez.

À moins que tout cela ne soit révélateur d’un profond changement chez cette frange de la jeunesse française qui ne voit plus dans le foot un moyen de réussite sociale comme par le passé.