Luis Enrique, nouveau sélectionneur de l’équipe d’Espagne de football, a promis jeudi qu’il n’opérerait “pas de révolution” dans le style de jeu de la “Roja” après un nouvel échec au Mondial, entre défaite sur le terrain et psychodrame de l’éviction de Julen Lopetegui.
“Il n’y aura pas de révolution, c’est un mot que je n’aime pas. Il doit y avoir une certaine évolution, il y aura des changements”, a déclaré Enrique, lors de sa présentation à la presse au siège de la Fédération espagnole de football (RFEF) près de Madrid.
“Clairement, nous allons poursuivre avec notre style, n’ayez aucun doute là-dessus: on veut prendre le jeu à notre compte”, a prévenu l’ex-entraîneur du FC Barcelone, de 48 ans.
“Il faut défendre bien mieux, encaisser beaucoup moins de buts, avoir beaucoup plus de profondeur, essayer de se créer plus d’occasions de but”, a-t-il ajouté.
Pour lui, le fait que l’Espagne soit une “sélection de référence” rend les choses plus difficiles.
“Tout le monde t’étudie. Etre une sélection de référence, cela veut dire que tout le monde connaît les caractéristiques de tes joueurs, qu’on connaît tes mouvements…”, a-t-il déclaré.
Le “tiki-taka”, style de jeu tout en passes courtes qui a fait la renommée de l’Espagne, est de plus en plus questionné tant il s’est parfois transformé en possession stérile.
Au Barça, qui avait aussi construit son identité sur ce style de jeu, il s’en était détaché, avec un jeu plus vertical et porté sur l’attaque.
Vaste chantier
Nommé sélectionneur le 9 juillet après l’humiliante élimination de l’Espagne en huitièmes de finale du Mondial russe par le pays hôte, l’Asturien a fait le parallèle avec le moment où il est devenu entraîneur du Barça en 2014, à l’issue d’une année vierge pour le club catalan.
Pour sa première saison sur le banc du club blaugrana, il avait réalisé un triplé Coupe-Championnat-Ligue des champions.
Le chantier s’annonce néanmoins compliqué. L’Espagne n’a plus passé les huitièmes de finale d’une compétition internationale depuis l’Euro-2012, son dernier titre et épilogue d’une époque dorée avec un titre mondial et deux européens.
“C’est vrai que les résultats n’ont pas été bons, nous venions d’être champions de tout (…) Nous avons beaucoup de choses à améliorer”, a dit l’ancien joueur de la Roja, qui compte 62 sélections dans les années 1990.
Le champion olympique 1992 a assuré avoir à l’oeil quelque 70 joueurs, alors que plusieurs piliers de l’actuelle équipe sont soit partis, comme Andrés Iniesta, soit vieillissants, comme Gerard Piqué, David Silva ou le capitaine Sergio Ramos.
Sa première liste sera annoncée à la mi-août, avant un premier test sur le terrain en Ligue des Nations, la nouvelle compétition de l’UEFA, le 8 septembre à Wembley face à l’Angleterre.
“Il y aura de tout”: des revenants, des débutants et des joueurs expérimentés, a-t-il promis, ajoutant que l’âge n’avait pas d’importance.
Il a également rendu hommage au “travail impressionnant” de ses deux prédécesseurs, Fernando Hierro et Julen Lopetegui, protagonistes d’un psychodrame à la veille de la Coupe du monde.
Julen Lopetegui, sélectionneur, avait été brutalement renvoyé à deux jours de l’entrée en lice de l’Espagne en Coupe du monde par le président de la RFEF Luis Rubiales, furieux d’avoir été prévenu à la dernière minute de son départ pour le Real Madrid après le Mondial.
Et Fernando Hierro, remplaçant au pied levé de Lopetegui, a quitté le poste de sélectionneur après le Mondial, mais aussi celui de directeur sportif de l’équipe nationale qu’il occupait auparavant.
Accompagné du président de la fédération, Luis Enrique a tranché: “Cela appartient au passé”.