Désigné le 18 octobre 2017 à la tête de l’équipe nationale de football avec comme objectif de relancer la machine, le sélectionneur national Rabah Madjer a finalement échoué dans sa mission, après 232 jours de service, bouclés jeudi soir avec une lourde défaite en amical face au Portugal à Lisbonne (3-0). Retour sur l’ère Madjer, dont le départ de la barre technique algérienne est imminent.
Ayant succédé à l’Espagnol Lucas Alcaraz, limogé au bout de six mois pour mauvais résultats, Madjer se voyait en l’homme capable de permettre à l’équipe nationale de reprendre confiance, elle qui venait d’être éliminée sans gloire de la course pour le Mondial 2018 en Russie (14 juin – 15 juillet).
Mais le bilan de l’ancien capitaine des Verts à la CAN-1990 est loin de plaider en sa faveur, se montrant incapable de trouver des solutions, ne serait-ce que sur le plan psychologique pour un groupe certes composé de joueurs talentueux, mais en proie au doute et ayant perdu toute confiance en soi.
Madjer allait effectuer son baptême du feu le 10 novembre 2017 face au Nigeria, déjà qualifié pour la Coupe du monde, au stade Chahid-Hamlaoui de Constantine, dans un match sans enjeu pour les Verts, éliminés avant ce dernier match entrant dans le cadre des qualifications du Mondial russe.
Tenus en échec sur le terrain (1-1), la sélection allait gagner ce match sur tapis vert (3-0) en raison de la participation d’un joueur nigérian qui était sous le coup d’une suspension. Quatre jours plus tard, l’équipe nationale s’est imposée au stade du 5-juillet en amical face à la modeste sélection centrafricaine (3-0). La manière n’a pas été au rendez-vous en dépit du score final. Les premières critiques fusaient déjà contre Madjer.
Après deux mois de répit, Madjer allait reprendre service avec l’équipe nationale A’, composée de joueurs locaux, en affrontant le Rwanda le 10 janvier 2018 au stade d’El-Menzah de Tunis avec à la clé un large succès (4-1), une rencontre qui avait permis au staff technique de dénicher quelques éléments de cru qui allaient être convoqués pour les deux tests face à la Tanzanie et l’Iran de mars.
Printemps maudit
Puis vint le mois de mars, qui s’est avéré fatal pour Rabah Madjer et son staff avec au programme deux rencontres amicales, s’inscrivant dans le calendrier de la fédération internationale (Fifa).
Le 22 mars 2018, les Verts l’avaient emporté largement sur la Tanzanie (4-1) au stade du 5-juillet d’Alger, après avoir été menés au score. Cinq jours plus tard, la sélection nationale avait connu son premier revers sous la conduite de Madjer face à l’Iran (2-1) au stade de Graz (Autriche).
Une défaite qui allait plonger les Verts dans un véritable tourbillon pour ne jamais s’en sortir. Désormais dans l’œil du cyclone, l’homme à la célèbre talonnade avait beau justifié ce revers face à un mondialiste, mais la rupture entre lui et l’opinion sportive commençait à voir le jour.
Deux mois plus tard, l’ancien joueur vedette du FC Porto (Portugal) dirigeait le 9 mai 2018 l’équipe locale face à l’Arabie saoudite, qualifiée pour la Coupe du monde, au stade de Cadix (Espagne). Une défaite (2-0) qui avait mis Madjer dans une position inconfortable, même si la campagne d’acharnement menée contre sa personne par certains médias n’avait pas lieu d’être du moment qu’il ne s’agissait pas de l’équipe A qui affrontait les Saoudiens.
Ce revers a poussé la fédération algérienne (FAF) à réagir rapidement en prenant la décision 12 jours plus tard de décharger Madjer de sa mission avec les locaux. Le patron de l’instance, Kheireddine Zetchi, venait en sorte d’avertir Madjer que le prochain faux-pas lui sera fatal. Ce qui devait arriver arriva.
Vendredi 1er juin, l’équipe nationale a bu le calice jusqu’à la lie en se faisant battre dans son antre du 5-juillet devant une poignée de supporters face au Cap-Vert (2-3) en amical. Un véritable coup de massue pour Madjer qui annonçait dans la foulée qu’il refusait de démissionner de son poste, justifiant à répétition qu’il ne s’agit que d’un match amical.
Au lendemain de cette surprenante défaite, les médias et le public algérien n’ont pas hésité à descendre en flammes Madjer et son staff, le rendant responsable de cette débâcle. Pour calmer le jeu, la FAF a publié un communiqué trois jours plus tard, en dénonçant « la compagne d’acharnement menée contre la personne du sélectionneur national », tout en soulignant que seul le Bureau fédéral est habilité à décider sur l’avenir de Madjer.
Alors que tout le monde s’attendait à un sursaut d’orgueil de l’équipe nationale face au Portugal, champion d’Europe, il n’en fut rien, puisque les Verts, sans âme et manquant terriblement de volonté, se sont fait battre logiquement (3-0) dans ce qui est vraisemblablement le dernier match de Madjer. Une défaite logique pour l’équipe nationale qui devait réagir pour relever la tête, alors qu’elle s’enfonce un peu plus dans le doute.
Les jours de Madjer avec l’équipe nationale seraient comptés, alors qu’il reste sur quatre défaites de rang, du jamais vu. Le président de la FAF Kheireddine Zetchi a indiqué mercredi que l’avenir de Madjer sera tranché le 24 juin à l’occasion de la réunion du Bureau fédéral, à moins que son sort ne soit scellé bien avant au vu de la contestation populaire de plus en plus importante. La FAF n’est pas exempte de tout reproche, puisqu’elle a également sa part de responsabilité dans cette “mascarade”, elle qui avait accepté de confier les rênes de l’EN à un technicien qui ne faisait pas l’unanimité autour de lui.
Les prochaines heures seront ainsi décisives pour Madjer, dont les deux premiers passages à la tête de la sélection (1999 et 2001-2002) s’étaient soldés par un fiasco.
Le bilan de Madjer avec l’équipe nationale :
10 novembre 2017 : Algérie – Nigeria 1-1 (puis victoire 3-0 sur tapis vert) à Constantine
14 novembre 2017 : Algérie – Centrafrique 3-0 à Alger
10 janvier 2018 : Algérie A’ – Rwanda A’ 4-1 à Tunis
22 mars 2018 : Algérie – Tanzanie 4-1 à Alger
27 mars 2018 : Algérie – Iran 1-2 à Graz (Autriche)
9 mai 2018 : Algérie A’ – Arabie saoudite 0-2 à Cadix (Espagne)
1er juin 2018 : Algérie – Cap Vert 2-3 à Alger