Sauf miracle, l’Algérie ne jouera pas le Mondial 2018 en Russie. Battus ce samedi à Lusaka par la Zambie, les Verts ont consommé leur dernière chance de rester dans la course. Même si mathématiquement, tout reste possible, il faudrait un miraculeux alignement des astres, pour se qualifier. Les Verts doivent gagner leurs trois derniers matches et espérer des défaites de leurs adversaires. Ce qui est très peu probable, au regard de la prestation fournie ce samedi après-midi par le onze national.
Face à la Zambie, et comme lors des deux premiers matches contre le Cameroun (1-1) et contre le Nigeria (1-3), l’EN a montré encore une fois ses limites tactiques et techniques. Les joueurs ont été transparents. Ils ont manqué d’engagement sur le terrain. Durant toute la durée du match, les joueurs, si l’on excepte quelques petites phases en seconde période, n’ont jamais réussi à hisser leur volume de jeu, encore moins à déstabiliser l’arrière garde de l’équipe zambienne, pourtant fébrile et en infériorité numérique dès la 55e minute.
Avec un gardien revenant de blessure, une défense très faible, un milieu sacrifié au profit de l’attaque et un Slimani transparent, la défaite était inéluctable.
Il est vrai que la pelouse n’arrangeait pas les affaires des joueurs, du moins une bonne partie d’entre-eux, habitués à évoluer sur des terrains plus confortables.
Il est tout aussi vrai que l’EN était privée de Riyad Mahrez, son meilleur joueur, mais cela ne peut occulter la faiblesse de l’équipe à tous les compartiments de jeu. La faute incombe principalement à l’entraîneur Lucas Alcaraz. Il a commis des fautes fatales. Il a titularisé le défenseur Hassani qui pour sa première sélection s’est illustré par deux erreurs de marquage et un manque flagrant de coordination avec Bensebaini. Il a aligné quatre joueurs à vocation offensive (Brahimi, Slimani, Hani et Soudani), au détriment du milieu de terrain, où Taider et Bentaleb, ont été « mangés » par les Zambiens.
Incapable de poser son jeu, marqué par beaucoup de déchets et de pertes dans la transmission de ballons et peu de combinaisons, et avec un Brahimi trop individualiste perdant un nombre incalculable de balles -mettant parfois la défense en difficulté-, l’équipe nationale a prouvé que ses contreperformances cumulées depuis la qualification historique aux 8es de finale du Mondial 2014 et le départ de Vahid Halilhodzic ne sont pas de simples accidents de parcours, mais relèvent d’un problème structurel, plus profond.
Si elle est truffée d’individualités, l’équipe nationale ne dispose pas encore de groupe. Les Verts manquent de cohésion, de discipline tactique, de détermination et d’engagement. C’est une équipe sans âme.
Mais cette situation était prévisible depuis le départ de Vahid Halilodzic, qui a plongé l’équipe dans l’instabilité. Les interférences de tous genres dans les affaires de la FAF ont fait le reste. Le successeur du Bosnien, Christian Gourcuff, avait juste commencé à mettre en place son plan de jeu, qu’il a été poussé à la porte de sortie.
Le technicien français avait pourtant mené l’Algérie jusqu’aux quarts de finale de la CAN 2015 en Guinée équatoriale et a réussi à qualifier les Fennecs pour la phase de groupes de la Coupe du monde 2018, sans compter le bon parcours lors des éliminatoires pour la CAN 2017.
Son remplaçant, Milovan Rajevac, n’est pas resté longtemps. Après le match nul contre le Cameroun à Blida en éliminatoires du Mondial 2018, il a été limogé. Non seulement le Serbe avait des relations difficiles avec les joueurs, mais il éprouvait aussi des difficultés dans la communication. Son successeur, le Belge Georges Leekens s’est également révélé comme un mauvais choix puisque sous sa houlette l’équipe avait montré une piètre image notamment en coupe d’Afrique 2017 qu’elle a ratée lamentablement.
Les entraîneurs ne sont pas les seuls en cause. Le nouveau président de la FAF porte également une part de responsabilité importante. C’est lui qui a choisi Alcaraz, sans consulter personne. Au lieu de gérer les affaires du football national, il se perd dans des polémiques stériles, un jour avec les présidents de clubs, un autre avec le président de la Ligue. Zetchi n’a clairement pas la stature pour diriger une Fédération comme la FAF.
| LIRE AUSSI : EN : Alcaraz, un choix surprenant et risqué
Que faire maintenant ? Changer encore de sélectionneur ? Garder le même et essayer de construire ? Une chose est sûre : l’actuel entraîneur, en plus du handicap de la langue, montre, au fil des matchs, qu’il n’a pas encore apporté son empreinte dans le jeu de l’équipe. Il montre aussi qu’il n’a pas l’expérience et la compétence nécessaires pour diriger une équipe nationale. Tenter de construire avec lui est un pari trop risqué. Tout comme continuer avec Zetchi à la tête de la FAF.