Le fusible a sauté, mais la panne demeure. Maintenant que le départ du sélectionneur national Rabah Madjer est devenu officiel, au lendemain de l’annonce faite par la FAF, d’aucuns s’interrogent sur l’avenir des Verts, même si la succession des sélectionneurs avait prouvé que le problème est ailleurs. Depuis le départ de Vahid Halilhodzic après une qualification historique aux 8emes de finale du Mondial 2014, l’EN a consommé cinq entraîneurs.
Si le bilan de Madjer avec la sélection était loin de plaider en sa faveur, le problème de l’EN n’est pas lié à la qualité et aux compétences des entraîneurs. Arrivé en octobre 2017 en remplacement de l’Espagnol Lucas Alcaraz, Madjer a dirigé huit matchs au total avec l’E.N. Son bilan comptable est mitigé : quatre victoires, dont une acquise sur tapis vert (sans enjeu) face au Nigeria en clôture des qualifications du Mondial-2018 (1-1, puis 3-0), et quatre défaites de suite en amical.
Le dernier revers en date a été concédé le 7 juin à Lisbonne face au Portugal de Cristiano Ronaldo (3-0). Son bilan global est mauvais. Il est devenu la risée des réseaux sociaux et ne faisaient pas l’unanimité parmi les supporteurs de l’EN. Parachuté à la tête des Verts, il a très vite affiché ses limites en matière de communication et de tactique de jeu. Sous son règne, les Verts étaient méconnaissables et pratiquaient un jeu pauvre, aux antipodes de son style et de la qualité de ses individualités comme Mahrez et Brahimi.
Mais Madjer n’était pas le vrai problème dont souffrait l’équipe nationale ?, pas sûr. Les mauvais résultats concédés, avant même son arrivée, en est la parfaite illustration et une preuve que le mal qui ronge cette sélection est plus profond pour se limiter à un simple limogeage pour essayer d’arranger les choses, plutôt une manœuvre pour calmer les esprits.
C’est une certitude. Madjer a échoué à remettre l’équipe sur les rails, alors qu’il avait hérité d’une situation chaotique. Son prédécesseur avait également enchaîné trois défaites de rang, en matchs officiels contrairement à Madjer, avant d’être éjecté de son poste au bout de six mois de collaboration.
Avant Alcaraz, le technicien belge Georges Leekens, engagé par l’ancien président de la FAF Mohamed Raouraoua, n’avait pas eu la réussite escomptée, en se faisant éliminer sans gloire dès le premier tour de la dernière Coupe d’Afrique des nations CAN-2017 au Gabon, réalisant un maigre bilan d’une défaite et deux matchs nuls.
Des joueurs pas exempts de tout reproche
Dorlotés et parfois hissés au rang de « héros », certains joueurs de l’équipe nationale, notamment les tauliers, ne sont pas exempts de tout reproche, et ont leur part de responsabilité dans la situation que vit actuellement l’équipe nationale, qui a vu la succession de cinq entraineurs en l’espace de quatre années seulement. Du jamais vu.
Des cas d’indisciplines avec l’épisode de Saphir Taider (il avait quitté le banc des remplaçants lors du match amical face à l’Iran), en passant par celui de Riyad Mahrez (il n’a pas apprécié son remplacement face à l’Iran), sont des exemples que Madjer parvenait mal à gérer son groupe et des joueurs qui n’adhéraient pas à sa méthode.
On se rappelle des circonstances qui avaient mené l’ancien sélectionneur national le Serbe Milovan Rajevac (juin 2016 – octobre 2016) à démissionner de son poste à l’issue du match nul concédé face au Cameroun (1-1) au stade de Blida, en ouverture des qualifications de la Coupe du monde 2018.
L’ancien coach du Ghana s’était senti « dégoûté » par le comportement de ses joueurs au point de faire part au président FAF de l’époque, Mohamed Raouraoua, de son envie de quitter son poste. Le technicien serbe, qui n’avait dirigé que deux rencontres (Lesotho et Cameroun), avait plutôt été poussé vers la sortie. « Les joueurs trouvaient les charges de travail trop lourdes aux entraînements », selon des rapports de presse.
Le mea culpa de Zetchi
Elu à la tête de la FAF le 20 mars 2017, Kheireddine Zetchi a déjà consommé deux sélectionneurs en 15 mois.
« Notre objectif est de permettre à cette équipe de renouer avec les bons résultats. J’espère que le futur sélectionneur puisse permettre de réaliser cet objectif. Aujourd’hui, j’avoue que nous n’avons pas réussi à trouver le sélectionneur idéal pour cette équipe. Maintenant, nous devons tourner une nouvelle page, j’appelle les joueurs à se remettre en question, quel que soit l’identité du futur coach et à travailler avec la volonté de créer un nouvel état d’esprit », a affirmé le patron de la FAF à la presse dimanche soir, peu après la fin de la réunion du Bureau fédéral tenue au Centre technique national de Sidi Moussa.
Et d’enchaîner : « L’équipe nationale s’apprête à aborder des échéances importantes à commencer par la reprise des qualifications de la CAN-2019. Nous allons engager un technicien, qui va j’espère, parvenir cette fois-ci à remettre cette sélection sur les rails. Nous devons trouver le profil que nous recherchons c’est-à-dire quelqu’un avec un vécu en Afrique. Il y’a une Coupe du monde qui se déroule actuellement en Russie, je pense que l’idéal est d’attendre la fin du premier tour pour finaliser une short-list de techniciens susceptibles de prendre en charge la sélection ».
Zetchi a révélé également que le successeur de Madjer sera connu « d’ici à la fin du mois de juillet prochain, pour lui permettre de préparer l’équipe », en vue du match en déplacement face à la Gambie à Banjul prévu en septembre, dans le cadre de la 2e journée (Gr.D) des qualifications de la CAN-2019 dont la phase finale aura lieu au Cameroun.