Probablement aucun sélectionneur national n’a été auparavant contesté et critiqué comme lui. La défaite concédée mercredi dernier par l’équipe nationale A’ de football, composée de joueurs locaux, face à l’Arabie saoudite (2-0) au stade de Cadix (Espagne) a encore une fois mis Rabah Madjer au centre de toutes les critiques.
L’intéressé a clamé haut et fort que cette équipe venait juste de reprendre service après plusieurs années d’hibernation.
D’aucuns estiment que le métier de sélectionneur attire bien évidemment les critiques, comme ça se passe d’ailleurs un peu partout dans le monde. Madjer, a encore une fois, confirmé à ses dépens que rester sur le banc de l’équipe nationale était loin, très loin, de se limiter à une simple affaire de choix de joueurs ou de tactique pour gagner tel ou tel match. Il ne savait certainement pas qu’il allait affronter d’autres « adversaires » en dehors du rectangle vert.
Mais pourquoi tout cet « acharnement » s’interrogent certains, contre un entraîneur qui espérait bénéficier de plus de soutien alors qu’il n’est qu’au début de son aventure.
Ne serait-il pas préférable de le juger réellement dans les matchs officiels ? Ou bien ne s’agit-il pas d’une campagne qui vise l’entraîneur local à travers Madjer improvisé par les partisans du « made in » ? Toutes ces questions taraudent l’esprit des supporters de l’E.N.
Première défaite, Madjer dans la tourmente
Ayant débuté son aventure en sélection en novembre dernier avec une victoire, acquise faut-il le rappeler sur tapis vert face au Nigeria à Constantine (1-1, sur le terrain, puis 3-0) en clôture des qualifications de la Coupe du monde 2018, Madjer ne savait pas qu’il allait faire face plus tard à un « acharnement », comme il l’a si bien qualifié dans l’une de ses interventions aux médias.
Quelques jours plus tard, l’homme à la célèbre talonnade a permis aux Verts d’enchaîner avec une victoire, cette fois-ci décrochée sur le terrain, face à la Centrafrique (3-0). Un succès réalisé certe face à un modeste adversaire, qui allait offrir un « sursis » à l’ancien joueur vedette du FC Porto.
En mars dernier, la sélection nationale reprenait service en amical face à la Tanzanie (victoire 4-1). La presse venue couvrir cette rencontre au stade du 5-juillet était frustrée par la réaction du sélectionneur national, qui a refusé de s’exprimer à l’issue du match, une manière de montrer son mécontentement envers « certains journalistes » qui ne l’ont pas épargné. Sa sortie avait confirmé que ses relations avec une partie de la presse sont plutôt tendues.
Quelques jours plus tard, Madjer allait connaitre son premier revers depuis sa prise en mains, au stade de Graz (Autriche) face à l’Iran (2-1), qualifié pour le Mondial 2018. C’est à partir de ce rendez-vous précis que les soucis ont commencé pour Madjer qui s’est retrouvé au centre des reproches.
Fortement critiqué et parfois lynché dans les différents plateaux de télévision, il est devenu ensuite la risée des réseaux sociaux après son fameux « Allô Porto » lancé sur le plateau de la télévision nationale. La défaite face à l’Iran n’était pas passée inaperçue, puisque certaines voix avaient même réclamé (déjà) le départ de Madjer. Mérite-t-il un tel sort ?
L’Arabie saoudite le met en position faible
Ce dernier match amical face à l’Arabie saoudite qui devait permettre à Madjer de choisir les meilleurs éléments de cru, appelés à intégrer à l’avenir l’équipe première en vue notamment de la reprise des qualifications de la Coupe d’Afrique des nations CAN-2019, s’est transformé en un véritable cauchemar et l’a mis dans une position de faiblesse.
Les plus sages estiment qu’une défaite de l’équipe A’, relancée en janvier dernier seulement, face à un adversaire au jeu bien huilé, et qui de surcroit prépare le mondial 2018 en Russie, n’est qu’une issue logique.
La presse nationale, et notamment spécialisée, n’a pas raté l’occasion pour descendre en flammes cette équipe et remettre en question les choix de Madjer.
« Les Saoudiens se sont baladés face à notre équipe nationale. Une maîtrise totale des poulains de Pizzi et cela à tous les niveaux (…) Une grande désillusion donc pour cette équipe nationale dont Rabah Madjer veut faire une référence dans un avenir très proche », a écrit le quotidien sportif Compétition.
« Quand je suis arrivé à la tête de la sélection, il y a avait des gens qui étaient pour et d’autres qui se sont opposés, et c’est tout à fait normal. Je ne suis pas là pour répondre à mes détracteurs. Mais, ce qui m’a peiné c’est les attaques dont j’ai fait l’objet sur le plan personnel et qui a même affecté ma famille, ils sont allés trop loin, c’est regrettable », a indiqué Madjer dimanche dernier dans un entretien accordé à El-Heddaf tv.
Madjer est appelé ainsi à gérer, malgré lui, cette « campagne » qui le vise depuis son arrivée en remplacement de l’Espagnol Lucas Alcaraz. Le cadeau empoisonné offert sur un plateau par le président de la FAF Kheireddine Zetchi à Madjer est en train bel et bien de se confirmer.
Lors de sa dernière sortie aux médias, le coach national a rejeté « les attaques gratuites » qui l’ont touché sur le « plan personnel ». D’ici là, il sera en « paix » jusqu’en mois de juin avec deux tests amicaux au menu : le 1er juin à Alger face au Cap Vert, et le 7 juin à Lisbonne face au Portugal, dans ce qui sera le « Big match » pour Madjer et les Verts.