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Erwan Davoux, candidat aux législatives françaises : « Diminuer les visas aux Algériens fut une erreur »

Erwan Davoux est candidat aux élections législatives françaises anticipées du 30 juin prochain dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger (Maghreb et Afrique de l’Ouest). Dans cet entretien, il évoque ses liens avec le Maghreb, sa vision sur l’immigration, les relations franco-algériennes et Gaza.

Vous vous présentez dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger qui comprend le Maghreb. Pourquoi cette circonspection ? 

Je suis natif de Tunisie, (3ème génération), pays où j’ai grandi et pour lequel j’éprouve une immense affection. J’y ai effectué toute ma scolarité, dans l’enseignement français à l’étranger (mon père était enseignant au Lycée Français de la Marsa). Cela m’a particulièrement marqué. J’ai d’ailleurs participé à la création de l’association des Anciens élèves des Lycées Français du Monde.

J’ai sillonné les différents pays de la circonscription dans mes différentes fonctions de conseiller diplomatique. Bien évidemment, j’ai eu le plaisir de me rendre plusieurs fois à Alger et Oran et l’honneur d’y accompagner Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé.

Lorsque je suis arrivé à Paris pour mes études supérieures à l’Institut d’Études Politiques, j’ai choisi de faire aussi un cursus à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), département d’études arabes. Afin de ne jamais rompre avec le monde arabe et consolider mon niveau en arabe littéral, langue que j’ai commencé à apprendre dès l’âge de 6 ans.
Toutes mes racines sont dans cette circonscription.

Vous vous présentez avec quel parti politique ?

Je serai un candidat indépendant dont l’inspiration est gaullienne, chiraquienne et qui soutient les prises de positions remarquables de Dominique de Villepin.

Je n’ai sollicité aucune investiture. Les partis politiques ne jouent plus leur rôle d’éclairer et contribuer au débat public mais servent uniquement les intérêts de leurs dirigeants. L’intérêt général, la France, les Français de l’étranger sont très loin de leurs préoccupations.

Ma voie sera authentique et sincère, conformément à mon engagement de jeunesse derrière Jacques Chirac. 

L’immigration est au cœur des débats de la campagne électorale. Quelles sont vos propositions sur le sujet ?

L’immigration est trop souvent au centre du débat comme si elle était le seul enjeu à relever. Il y en a bien d’autres !

Souvent appréhendée sous un aspect purement négatif, de rejet de l’autre, de tout ce qui est différent, je plaide pour une position plus équilibrée. Une immigration maîtrisée est naturellement indispensable mais encore faut-il avoir une approche intelligente et sortir des clichés. Il y a naturellement des problèmes d’intégration qu’il faut affronter et régler. L’actuel pouvoir délaisse la politique de la ville et abandonne la mixité sociale. On communique peu ou pas sur les réussites exemplaires.

La pratique de la langue et les attaches familiales me paraissent être les deux facteurs clés à prendre en compte. Sous cet angle, les Algériens n’ont aucune vocation à être pénalisés, bien au contraire.

« La France est riche de sa diversité » déclarait Jacques Chirac dans son dernier message aux Français, en mars 2007. C’est ma position.

Et concernant les visas Schengen pour les Algériens ?

La décision brutale et purement électoraliste de diminuer de 50% la délivrance de visas pour les Algériens, en 2021, fut une erreur. Elle laissera un ressentiment durable négatif, en dépit d’un certain retour à la normale. La vie familiale, les projets ne doivent pas être pris en otage de contingences politiciennes décidées à l’emporte-Pièce ! La considération doit l’emporter sur la suspicion.

Que proposez-vous concernant les relations entre la France et l’Algérie pour surmonter les blocages actuels ?

Je souhaite, qu’après l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre, la relation connaisse une nouvelle impulsion forte. Je suis un partisan de l’amitié franco-algérienne. Je n’appartiens pas à la macronie mais mon pays passe avant tout. C’est l’intérêt de nos deux grandes nations, me semble-t-il, de parvenir à une relation intense et apaisée.

L’occasion s’était déjà présentée avec Jacques Chirac, en 2005, mais nous avons manqué ce rendez-vous avec l’Histoire, à cause de ce stupide « Amendement Vanneste » sur le « rôle positif de la colonisation ».

Cette fois, je pense que le contexte est favorable, les annonces faites récemment dans le domaine mémoriel, la restitution des biens, vont dans le bon sens.

Un grand Traité d’Amitié fondateur permettant une appréhension lucide du passé et jetant les bases d’une relation future dense devra émerger. Peut-être doit-on s’inspirer du Traité de l’Elysée, conclu, en 1963 entre la France et l’Allemagne….

Vous avez pris des positions courageuses concernant la guerre à Gaza. Si vous êtes élu, quels sont les projets que vous allez défendre à l’Assemblée nationale ?

Les massacres commis à Gaza ne sont ni une parenthèse ni une simple question qui se limite à l’international. Ils me révoltent car ce sont tous les fondements de la civilisation qui sont remis en cause : égale valeur et dignité de la vie humaine. Le droit international et humanitaires sont bafoués. Les valeurs d’égalité et de Laïcité de la République sont écartées. En effet, la laïcité est la reconnaissance de toutes les religions comme respectables et leur traitement de manière égale. Elle ne doit pas être détournée pour jeter la suspicion sur l’une d’entre elles.

Je déplore la passivité de la diplomatie française sur cette question et sa politique hésitante voir incohérente.  En revanche, je salue avec respect l’immense travail accompli par la diplomatie algérienne sur ce dossier fondateur.

Dans l’immédiat, il s’agit de stopper le gouvernement de Netanyahou, les sionistes révisionnistes et les kahanistes suprémacistes en prenant des sanctions : gel des avoirs, interdiction de se rendre sur le territoire national, sanctions commerciales, révision de certains accords.

Naturellement, les décisions que prendront la Cour Internationale de Justice et le Tribunal Pénal International s’imposeront à tous.

La reconnaissance de l’État palestinien est urgente, je suis certain que Jacques Chirac l’aurait fait depuis longtemps !

À l’Assemblée Nationale, je porterai cette voie et cette voix là pour que la diplomatie française renoue avec sa tradition gaullo-chiraquienne, conforme à son histoire et à ses valeurs.

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