Les retombées économiques de la crise entre l’Algérie et l’Espagne ne se comptent plus. Parmi les secteurs les plus impactés en Espagne, celui de la céramique qui exportait d’importantes quantités d’intrants vers l’Algérie.
Depuis le 18 mars, date du début de la brouille entre les deux pays, on se rend chaque jour davantage compte en Espagne que le gouvernement de Pedro Sanchez a commis une énorme imprudence en mettant en péril les relations avec un partenaire économique important, de surcroît fournisseur historique du pays en gaz.
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En réaction à la décision du gouvernement socialiste de s’aligner sur les thèses marocaines dans le conflit au Sahara occidental, l’Algérie a suspendu le 8 juin le traité d’amitié qui liait les deux pays depuis 20 ans, décision suivie du blocage du commerce extérieur avec l’Espagne.
Pour le secteur de la céramique, les pertes sont énormes. L’Algérie est le deuxième marché, après l’Italie, pour les intrants fabriqués en Espagne, soit les émaux et les couleurs qui constituent la couche supérieure des carreaux.
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Selon le journal El Confidencial, citant l’organisation patronale ANFFECC, la filière avait cessé de facturer pour 25 millions d’euros, et le chiffre a atteint depuis, 40 millions d’euros.
Plus problématique encore, soulignent des membres de l’organisation, le blocage en Algérie ne concerne pas que les intrants fabriqués en Espagne, mais s’étend également à ceux fabriqués à l’étranger par des entreprises espagnoles. Ce qui a causé l’arrêt total des relations commerciales de la filière avec l’Algérie.
Retombées multiples
Devant cette situation, ils mettent la pression sur le gouvernement de Pedro Sanchez pour « trouver une solution au conflit dans les plus brefs délais ».
L’arrêt des exportations vers l’Algérie est survenue au plus mauvais moment pour la filière qui a également vu ses relations avec la Russie, son septième client mondial, disparaître à cause de la guerre en Ukraine.
Et ce n’est pas fini. L’industrie espagnole de la céramique doit faire face en plus à la hausse des coûts de l’énergie. La fabrication des intrants de la céramique étant considérée comme une filière « à gaz intensif » à cause des énormes besoins en gaz pour le processus de fusion des éléments chimiques qui constituent les émaux et les couleurs.
Ces pressions des industriels de la céramique s’ajoutent à celles de plusieurs secteurs de la sphère économique et même de la classe politique espagnole, et permettent de mieux comprendre les clins d’œil répétés de Pedro Sanchez pour trouver une issue à la crise avec l’Algérie. Des appels du pied pour le moment complètement ignorés par Alger.