Des saisonnières marocaines employées en Espagne à la cueillette des fraises ont dénoncé leurs conditions de travail en portant plainte, dont trois pour harcèlement sexuel et une pour tentative de viol, a-t-on appris mardi auprès des autorités et de leur avocate.
“Dix portent plainte pour dénoncer leurs conditions de travail, dont trois qui dénoncent en plus une situation de harcèlement sexuel au travail et une autre, une tentative de viol”, a dit à l’AFP l’avocate espagnole Belen Lujan, qui représente ces saisonnières travaillant près de la ville andalouse de Huelva (sud).
“Cinq ont porté plainte à la garde civile et cinq doivent faire une déclaration au tribunal”, a détaillé Me Lujan, assurant que beaucoup d’autres Marocaines voudraient porter plainte mais “ont peur de le faire” ou sont reparties au Maroc.
Un porte-parole de la garde civile à Huelva a confirmé le dépôt des cinq plaintes: “une liée aux conditions de travail, trois pour avances sexuelles, une pour abus sexuel, dans la même entreprise”. Un homme de nationalité espagnole a été inculpé pour l’abus sexuel dénoncé, a-t-il précisé.
Selon le secrétaire général du Syndicat andalou des travailleurs et travailleuses (SAT), Oscar Reina, les plaintes visent une entreprise de la commune d’Almonte ayant employé temporairement “500 femmes marocaines et roumaines”.
L’affaire a suscité l’indignation dans la presse marocaine, qui s’est montrée très critique envers les responsables gouvernementaux du pays pour leur inaction.
Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a assuré fin mai que Rabat ne tolérerait “aucune forme d’exploitation (…). La dignité de la femme marocaine est une ligne rouge”.
Interpellé lundi au Parlement, le ministre du Travail Mohamed Yatim a promis la mise en place d’un “système d’accompagnement” pour “faciliter l’intégration” de ces travailleuses et “garantir leur protection”.
Des milliers d’étrangères sont embauchées en Andalousie le temps de la récolte des fraises et fruits rouges, de février à mai, avec des “contrats en origine” les obligeant à rentrer au pays à l’issue de la cueillette.
“Il y a une exploitation (des saisonnières) voire de l’esclavage moderne, c’est une honte”, a accusé le député du parti de gauche radical Podemos, Diego Canamero, lui-même ouvrier agricole andalou, qui s’est fait leur porte-parole.
Selon cet élu joint par l’AFP, l’accord signé au Maroc prévoyait qu’elles seraient “payées 40 euros pour six heures et demi de travail quotidien, avec un jour de repos par semaine”, mais “les employeurs leur donnent 36 euros par jour, ne paient pas les heures supplémentaires, ne respectent pas les repos”.