Politique

Espionnage marocain : la réaction de l’Algérie en 2 actes

L’Algérie a réagi ce jeudi 22 juillet aux informations publiées par de nombreux quotidiens étrangers sur l’implication du Maroc dans une vaste opération d’espionnage contre des dirigeants et des citoyens algériens.

Le scandale Pegasus, du nom du logiciel espion de la société israélienne NSO, vendu à un cercle restreint de pays amis d’Israël, dont le Maroc, a révélé que de hauts responsables militaires et civils étaient espionnés par les services marocains.

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Selon l’enquête du consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International, dont les résultats ont été divulgués dimanche, plus de 6.000 numéros de téléphone algériens ont été ciblés par le Maroc entre 2017 et 2019.

Des numéros présumés du chef d’état-major de l’ANP, des responsables de services de renseignements, de l’entourage du président déchu Abdelaziz Bouteflika, de journalistes, dont le directeur de TSA, et de personnalités politiques.

L’éclatement de ce scandale survient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Déjà à couteaux tirés depuis plusieurs mois, les deux pays sont au bord de la rupture. L’Algérie ne pouvait pas rester silencieuse face à cette vaste opération d’espionnage qui a touché ses responsables et ses intérêts.

Ce jeudi, elle a fini par réagir, en deux actes. Le premier acte est judiciaire. Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné ce jeudi 22 juillet l’ouverture d’une enquête préliminaire sur cette affaire.

Le parquet d’Alger qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué parle d’ « informations divulguées à travers des organes de presse nationaux et internationaux, ainsi que des rapports émanant de certaines chancelleries, faisant état de l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes ».

L’enquête a été confiée aux services de police judiciaire « spécialisée en matière de répression d ‘infractions liées à la cybercriminalité et aux technologies de l’information », selon la même source.

Selon le communiqué, l’enquête va déterminer d’abord si ces informations sont avérées, puis rechercher les personnes responsables de collecte « de renseignements, objets et documents au profit d’une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale et constitueraient également des infractions d’accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d’atteintes aux secrets des communications », a indiqué le parquet.

L’Algérie se réserve le droit de riposter

Le second acte de la réaction est sous forme politique et diplomatique.

Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, l’Algérie a exprimé sa « profonde préoccupation » suite aux « révélations émanant d’un consortium de nombreux organes de presse de grande renommée professionnelle et faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays », et « tout particulièrement » par le Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé « Pegasus » contre des responsables et citoyens algériens, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde ».

Tout en condamnant « vigoureusement » cette « inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales », l’Algérie a affirmé que « cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats ».

Principale cible du Maroc dans cette vaste opération d’espionnage, l’Algérie affirme se « réserver le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte ».

Pour le département de Ramtane Lamamra, « toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international ». Une façon de réclamer des sanctions exemplaires à l’encontre du Maroc.

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