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États-Unis : les monarchies du Golfe et le Maroc redoutent la défaite de Trump

L’élection présidentielle américaine c’est dans moins deux semaines, le 3 novembre, et l’écart dans les sondages entre le président sortant et le candidat démocrate ne se resserre pas.

Joe Biden est en effet donné largement gagnant et, sauf retournement de situation, Donald Trump devrait quitter la Maison-Blanche dès le début de l’année prochaine.

Une éventualité qui fait déjà trembler de nombreuses monarchies arabes qui ont trouvé ces quatre dernières années en Trump un allié et un soutien inconditionnel.

En particulier, l’Arabie Saoudite et son prince héritier Mohamed Ben Salmane dit MBS. Tout le monde se souvient comment MBS est sorti indemne de l’énorme scandale suscité par l’assassinat dans le consulat saoudien à Istanbul du journaliste Jamel Khashoggi en octobre 2018.

Malgré une énorme pression des médias et même d’institutions américaines, Donald Trump a tenu bon et n’a pas lâché son allié stratégique. Pour sa première sortie à l’étranger début 2017, Trump avait choisi l’Arabie saoudite d’où il revient avec un pactole de 400 milliards de dollars de contrats.

« MBS passe des nuits blanches à l’idée de perdre un très bon partenaire, celui qui le sauva après l’assassinat » du journaliste, estime l’opposante et chercheuse saoudienne   Madawi al-Rashid sur le site MiddleEasteye citée par Le Figaro.

Sur le plan géostratégique, il sera aussi difficile pour les monarchies du Golfe de trouver un allié comme Trump. « Les Saoudiens ont trouvé en Trump un président idéal, prêt à se confronter à l’Iran et à son allié le Hezbollah, un président autorisant l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani. Et les rumeurs insistantes de discussions entre l’équipe Biden et les Iraniens pour une reprise des négociations entre les deux pays s’il gagne ne sont pas faites pour les rassurer », analyse de son côté Marc Martinez, chercheur indépendant, cité par la même source.

Une éventuelle défaite de Donald Trump pourrait s’avérer lourde de conséquences au plan interne pour la famille régnante en Arabie saoudite, en ce sens que les dizaines de princes écartés par MBS pourraient se sentir de nouveau forts et en position de mener une sorte de mini-révolte.

Le départ de Trump ne serait pas non plus une bonne nouvelle pour les Emirats arabes unis et Bahreïn qui viennent, sous son égide, de normaliser leurs relations avec Israël.

Pourquoi les Marocains se méfient de Joe Biden et des démocrates  

Au Maroc, on a aussi une préférence pour le statu quo dans l’administration américaine, les démocrates étant considérés comme « ancrés à gauche » et surtout moins favorables aux thèses du royaume sur la question du Sahara occidental.

« La dimension et la qualité des rapports entre les deux pays s’est sensiblement renforcée sous la présidence Trump. Que demander de plus ? C’est là un acquis qui ne peut, me semble-t-il, que se consolider dans l’hypothèse d’un second mandat de Trump », déclare le politologue marocain Mustpha Sehimi au site H24info.

« Je pense que si Trump est réélu, il continuera dans la même politique qui est assez favorable au Maroc. D’abord, en ce qui concerne la question du Sahara, il a toujours soutenu sa marocanité. Ensuite, au niveau de l’aide publique des Etats-Unis au Maroc, ont été inclues les provinces sahariennes sous l’ère Trump. C’est une avancée importante pour le Maroc », développe Jawad El Kardoudi, également politologue.

Néanmoins, l’éventuelle élection de Biden ne pourra pas tout remettre en cause, estiment-ils. « Il ne pourra pas évacuer la nature des liens historiques entre les deux pays ni les multiples composantes du partenariat privilégié entre les deux pays », soutient Sehimi.

« Pour ce qui est de Biden, il ne faut pas non plus avoir une peur bleue de la victoire des Démocrates dans la mesure où par exemple, lorsque Clinton était président il avait des positions assez favorables au Maroc », tente de rassurer pour sa part El Kardoudi.

Dans le Golfe aussi, même si beaucoup s’attendent à un changement de la politique américaine en cas de victoire de Biden, ils ne vont pas néanmoins jusqu’à prévoir un chamboulement radical. L’Arabie saoudite aurait déjà pris les devants, selon Le Figaro qui explique que « l’actuelle ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema Bint Bandar, a noué aussi des liens avec les réseaux démocrates, exploitant la connaissance profonde de son père, le prince Bandar Ben Sultan, qui fut 22 ans ambassadeur à Washington (1983-2005) ».

Pour François-Aïssa Touazi, spécialiste des questions du Golfe et fondateur du think-tank français Capmena, cité par le même journal, « le lobby pétrolier, notamment texan, et le complexe militaro-industriel ont longtemps été au cœur du partenariat américano-saoudien. Mais ces dernières années, Mohammed Ben Salman a su élargir ces réseaux aux milieux financiers et aux grands acteurs de la nouvelle technologie comme Facebook ». 

« Je ne les vois pas rentrer dans une crise (…) Il y a trop d’intérêts en jeu, notamment des intérêts économiques, le business continuera de l’emporter, les groupes de pression derrière s’en chargeront », prévient un diplomate cité par Le Figaro.

 

 

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