Les vacances sur les plages algériennes peinent à retrouver le goût paisible d’antan. Dès l’arrivée des estivants, ils sont confrontés au « parkingueurs » qui leur barrent la route à quelques mètres de la plage.
Leur périple ne s’arrête pas là, puisqu’une fois sur le sable doré de la côte algérienne, ils se retrouvent obligés de « louer » une place. Le tout en parfaite illégalité. Zoom sur la « mafia des plages » en Algérie…
| LIRE AUSSI : Une plage réservée exclusivement aux femmes à Alger – Vidéo
La monopolisation des plages, un phénomène hors de contrôle
Très vite, ce qui semblait n’être qu’un acte isolé s’est transformé en un véritable phénomène de société. Désormais, si l’on souhaite se rendre à la plage, un budget supplémentaire est à prévoir : le parking et les parasols.
Ces « services » sont souvent le fruit de commerces clandestins, gérés par des personnes qui n’ont ni formation ni autorisation et qui monopolisent les plages algériennes. Ce gagne-pain facile attire un nombre élevé de personnes.
| LIRE AUSSI : Un restaurant « flottant » au milieu d’un parc protégé à Jijel
Leur modus operandi ? L’intimidation et parfois la violence verbale et physique. Dès les premiers signes de résistance de la part des estivants, ces groupes de gens font recours à l’intimidation, la violence physique ou la dégradation de biens matériels. Résultat : il est presque impossible de leur échapper si on veut être laissé tranquille.
Un coup d’œil rapide sur les commentaires et publications des internautes algériens sur le sujet suffit à nous dépeindre l’ampleur de ces pratiques et surtout ses dangers pour le citoyen. On parle d’« insécurité » et d’« anarchie » sur les plages du pays.
| LIRE AUSSI : Tarifs excessifs, saleté : le tourisme algérien étale ses insuffisances
« Si vous ne payez pas le parkingueur, vous risquez de retrouver votre voiture rayée, les vitres cassées et ce qu’il y a à l’intérieur volé », énumère un internaute. A noter que ces personnes ne garantissent pas la garde des véhicules, même dans le cas où son propriétaire aurait réglé les frais de parking (200 DA en 2022).
« Et si vous essayez de placer votre parasol sur leur « territoire », vous encourez là aussi des risques d’agression », ajoute-t-il.
Une fois sur la plage, les vacanciers n’ont toujours pas le répit tant recherché. S’ils veulent jouir de la plage, ils devront débourser, contre leur gré, de 1000 à 2000 DA pour une table et un parasol. Autrement, ils devront se replier sur des places plus éloignées du bord de la plage – en compagnie des ordures que laissent les estivants en partant.
A ce propos, les coups de gueule et les appels à l’intervention des autorités se multiplient. Depuis l’année dernière déjà, plusieurs posts sur les réseaux sociaux tirent la sonnette d’alarme : la situation devient hors de contrôle.
« Libérez nos plages ! »
Désormais bien enraciné sur nos plages, ce phénomène est une source d’inquiétude pour les citoyens, qui ne peuvent plus profiter des plages en sérénité.
« Familles, groupes d’amis et touristes, etc., qui veulent prendre place tôt le matin sur le sable fin et doré, mais malheureusement… voilà ce qu’ils trouvent », écrit la page Facebook Les meilleurs et les pires coins d’Algérie. « Libérez nos plages ! » scande-t-elle. Son appel trouve écho dans les voix des citoyens.
Afin de lutter contre ce phénomène, la police et la gendarmerie effectuent régulièrement des descentes sur les plages pour chasser les exploitants illégaux. Des parkingueurs et des personnes qui louent illégalement des parasols sont souvent arrêtés et leur matériel saisi.
Ces personnes, plus connues sous l’appellation des « propriétaires de la plage », tentent parfois de prendre la fuite au moindre policier qui passe, emmenant leur matériel avec eux, appuyant le côté illégal de leurs pratiques.
Avant l’arrivée des forces de l’ordre, des dizaines de tables et parasols sont transportés à la hâte vers l’autre côté de la plage, en vain. Les policiers arrivent sur les lieux, les interpellent et saisissent tout leur matériel.
Bien qu’ils tentent d’argumenter en disant rendre service et gagner leur pain en retour, se cachant derrière l’argument du chômage qui prend de l’ampleur parmi les jeunes algériens, les services de police ne flanchent pas : pour exercer cette activité, comme tout commerce, une autorisation de location d’une parcelle de la plage et l’acquittement de taxes sont obligatoires.
« Nous avons recensé plusieurs infractions, concernant l’exploitation illégale des plages », déclare à ce propos une policière à la chaîne Echourouk TV. « Nous avons également arrêté une dizaine d’individus qui ont commis des infractions », ajoute-t-elle.
« Nous appelons les citoyens à signaler toute infraction qui va dans ce sens et mettons à leur disposition les numéros verts 15 48 et 17 afin de joindre les services de police, en rassurant ces derniers quant à leur mobilisation dans la lutte contre ce phénomène », a ajouté son collègue.
De leur côté, les citoyens algériens encouragent ces interventions afin de mettre fin à ce phénomène qui entache leur été. Même s’ils ne sont pas totalement satisfaits, ils espèrent que plus de contrôles et une meilleure organisation soient mis en place afin de débarrasser les plages algériennes de leur mafia…