Le gouvernement français a annoncé, lundi 30 octobre, un plan qui modifie le système d’accès à l’université. Un projet de loi sera présenté en conseil des ministres le 22 novembre puis devra être débattu au Parlement en décembre.
Fin du tirage au sort
En France, la massification de l’accès à l’enseignement supérieur (résultat de l’objectif « 80% d’une classe d’âge qui réussit son baccalauréat ») a provoqué un embouteillage dans certaines filières. Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 47 % des futurs étudiants expriment des vœux dans seulement quatre licences : Staps (sport), droit, Paces (première année commune aux études de santé, NDLR) et psychologie.
Jusqu’à présent, c’est un système de tirage au sort – appelé plateforme d’inscription APB pour « admission post-bac » – qui permettait de réguler le système et de départager les candidats dans ces filières dites « en tension ».
Vivement critiqué, le gouvernement a annoncé la suppression de cet algorithme d’affectation automatique. Une nouvelle plateforme doit voir le jour début 2018 sur laquelle le lycéen fera moins de dix vœux de formation contre 24 actuellement, sans avoir à procéder à leur classement.
Réduire le taux d’échec à la fac en sélectionnant les élèves
De plus, dans un contexte où seulement 27% des étudiants obtiennent leur diplôme de licence en trois ans, le gouvernement veut mettre en place un parcours d’accompagnement personnalisé pour les lycéens. Désormais, en classe de terminale, deux professeurs principaux auront pour mission de suivre les élèves pour les conseiller. Dans un second temps, le conseil de classe devra donner un avis sur les choix d’orientation de l’élève qui sera transmis aux universités.
Si le gouvernement français se défend de vouloir mettre en place une sélection à l’entrée à l’université, il s’agit pourtant d’une vraie révolution puisque les universités recevront directement les candidatures des élèves, puis décideront d’admettre ou non un candidat.
Dans les faits, explique l’exécutif, l’étudiant reste libre de postuler dans les filières universitaires de son choix. Mais dans certains cas, l’admission dans une filière du supérieur pourra être conditionnée à un parcours de remise à niveau (suivi d’un Mooc ‘cours en ligne’ ou d’une année de remise à niveau).
Pour rappel, à l’heure actuelle, il suffit d’être titulaire du baccalauréat (général ou technologique) pour s’inscrire à l’université (à l’exception de certaines filières comme les double-cursus du type droit/histoire ou droit/sciences politiques qui appliquent une sélection sur dossier après le bac).
En outre, le fonctionnement des filières sélectives (classes préparatoires aux grandes écoles, IUT, BTS) restera identique.
Quid des étudiants algériens ?
Les lycéens et étudiants algériens titulaires d’un baccalauréat français sont directement concernés par cette réforme. Actuellement, ils doivent se soumettre à l’inscription sur la plateforme APB (Admission post-bac) pour poursuivre des études en France dans les filières non sélectives (licence) ou sélectives (IUT, diplôme universitaire) à l’université, et pour les autres cursus post-bac (classes préparatoires aux grandes écoles, BTS, écoles).
En revanche, les étudiants ou lycéens titulaires d’un diplôme algérien à la fin de leurs études secondaires, et désireux d’intégrer une université française en L1, L2 ou L3 ou en master, doivent se soumettre à une demande d’admission préalable (appelée DAP). Les candidats constituent un dossier sur le site de « Campus France » qui est ensuite transmis à l’université ou aux universités de leur choix. Les établissements ont alors la liberté de retenir ou de refuser un candidat.
La procédure CEF (Centres pour les études en France) est commune à 37 pays non européens (Algérie, Maroc, Égypte, États-Unis, Brésil…) et obligatoire pour l’obtention d’un visa étudiant. Le projet présenté la semaine dernière par le gouvernement français ne prévoit pas la modification de cette procédure d’admission.