L’Olympique de Marseille n’est pas favori face à l’Atlético Madrid mais mise sur son inépuisable énergie collective pour remporter un second trophée continental, l’Europa League, mercredi (20h45) à Lyon, 25 ans après son triomphe en Ligue des champions.
Laisser le rôle du favori à l’Atlético permet de filtrer un peu de l’énorme pression. Tous les Marseillais ont répété que les hommes de Diego Simeone, habitués des joutes continentales, étaient plus forts, mais tous aussi ont promis de tout faire pour soulever enfin un trophée européen.
Rudi Garcia reconnaît que « l’expérience est du côté de l’Atlético » Madrid, mais « sur un match tout semble plus possible ».
Mais l’entraîneur de l’Atlético ne veut pas parler de favori. « Marseille est une équipe dangereuse à tous les niveaux de l’attaque et notamment les phases arrêtées, prévient Diego Simeone. Il peuvent attaquer des deux côtés avec des latéraux offensifs. Il y a une sorte de rythme qu’ils peuvent imposer sur le jeu de tête et les phases arrêtées. C’est une équipe bien préparée, l’entraîneur a bien travaillé, il faut s’attendre à un match intense ».
– Maudits –
Car en finale, l’OM a surtout le goût de la défaite. Il en a joué quatre et n’en a gagné qu’une, en 1993 donc, la fameuse Coupe aux grandes oreilles chipée à l’AC Milan et qui reste l’immense fierté du club. En 1991 il l’avait laissée échapper aux profit de l’Étoile Rouge de Belgrade.
En C3, Marseille s’est déjà pris deux fois les pieds dans le tapis rouge de la finale, contre Parme (3-0, 1999) et Valence (2-0, 2004).
Mais l’Atlético aussi est un peu maudit en coupes d’Europe. Il a certes remporté la deuxième édition de la Coupe des coupes, en 1962, et deux C3, en 2010 et 2012, mais a perdu aussi deux finales de C2, dont une déjà à Lyon, 3-0 contre le Dynamo Kiev en 1986, et ses trois finales de C1 (1974, 2014 et 2016), à chaque fois d’un rien.
Pour briser la malédiction, l’OM compte beaucoup sur son meneur de jeu, Dimitri Payet, dans une forme éblouissante depuis quelques mois, meilleur passeur d’Europe avec ses 22 « assists » toutes compétitions confondues.
Le capitaine sera secondé par Florian Thauvin, le meilleur buteur de l’OM (27 buts cette saison) et par le trio de lieutenants cadres qui ont déjà gagné une coupe d’Europe: Luiz Gustavo (C1 2013 avec le Bayern Munich), Adil Rami (C3 2016 avec Séville) et Rolando (C3 2011 avec le FC Porto), si le Portugais est remis de sa blessure à un mollet.
– Russie et sécurité –
Les deux équipes se ressemblent, car l’Atlético s’en remet aussi à un collectif très rodé et un international français, Antoine Griezmann. Le duo que forme « Grizzy » avec le tank Diego Costa reste le danger N.1 pour Marseille.
Pour Payet, l’enjeu de ce match est bien sûr un troisième trophée européen pour la France, qui a perdu onze des treize finales européennes qu’elle a jouées, mais « Dim » aura aussi un coin de maillot Bleu dans la tête, comme son compère « Flotov ».
Le sélectionneur Didier Deschamps a repoussé à jeudi la divulgation de sa liste de 23 joueurs pour la Coupe du monde en Russie. Cela peut être interprété comme une volonté de ne pas saper le moral de Payet et Thauvin avant leur grande finale, mais aussi comme une occasion royale de montrer de quoi ils sont capables dans un très grand match.
Au passage, Adil Rami aussi à ses chances, depuis le forfait de Laurent Koscielny, blessé avec Arsenal en demi-finale contre l’Atlético.
Enfin, cette finale suscite l’inquiétude sur le plan de la sécurité, car depuis un mois et la perspective de disputer un trophée européen dans le stade de leur grand rival, les supporters marseillais chantent qu’ils vont « tout casser chez » le président de l’OL, Jean-Michel Aulas.
Les forces de l’ordre ont prévu un dispositif exceptionnel, car en plus de la rivalité OM-OL il y a un contentieux vieux de dix ans et d’un match de C1 2008 entre Marseille et l’Atlético.
La sécurité est en place pour que ce ne soit qu’une fête du football.