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Européennes 2024 : l’humoriste Naïm raille les Franco-Algériens qui ont voté RN

Européennes 2024 : l’humoriste Naïm raille les Franco-Algériens qui ont voté RN

Les musulmans de France ont voté aux Européennes du 9 juin en faveur du Rassemblement national (RN) dans des proportions « guère éloignées de la moyenne nationale ».

Source : YouTube Naïm

C’est le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz qui l’a dit dans son appel à l’union du camp républicain pour faire barrage à l’extrême-droite, lundi 10 juin.

Le Rassemblement national (ex-Front national) est arrivé largement en tête des Européennes 2024 avec plus de 31 %, suivie de la liste conduite par Valérie Hayer de Renaissance, le parti du président Emmanuel Macron, avec un peu plus de 15 %, et de Raphaël Glucksmann avec un peu moins de 15 % des suffrages exprimés. Manon Aubry, qui a mené la liste La France insoumise (LFI), a obtenu près de 10 % des voix.

Le vote musulman n’a pas suivi cette hiérarchie, puisque selon un sondage Ifop pour le journal La Croix, « plus de 60 % des musulmans français » ont voté pour la liste LFI lors des Européennes du 9 juin. Un taux qui n’est pas loin de celui des présidentielles de 2022 où 69 % de l’électorat musulman a voté pour Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI.

Européennes 2024 : pour qui les musulmans ont-ils voté ?

Toutefois, les musulmans de France ne se sont pas rendus massivement aux urnes lors des élections européennes du 9 juin. Le taux d’abstention de cette catégorie de la population française a atteint 59 %, soit 10 % que la moyenne nationale (49 %).

Loin derrière Manon Aubry, les musulmans de France ont choisi le socialiste Raphaël Glucksmann avec 8 % des suffrages, Valérie Hayer de Renaissance et Jordan Bardella avec chacun 6 % des voix, selon le sondage qui relativise les déclarations du recteur de la Grande mosquée de Paris sur le vote des musulmans lors des Européennes 2024.

Toutefois, des musulmans dont des Franco-Algériens ont donné leur voix au Rassemblement national, ex-Front national, lors de ce scrutin, ce qui suscite des interrogations sur les raisons de ce vote, sachant les positions de l’extrême-droite sur la place de l’islam en France et la guerre à Gaza où elle soutient sans conditions Israël, ainsi que ses attaques récurrentes contre l’Algérie, sans compter son hostilité à l’immigration d’origine maghrébine.

Cette attitude de certains Franco-Algériens, même s’ils sont minoritaires, suscite l’incompréhension et parfois le choc, alors que la diaspora algérienne en France affiche depuis quelques mois un engouement sans précédent pour nouer des liens avec le pays d’origine.

L’humoriste Naïm sur les Franco-Algériens qui ont voté RN : « C’est de l’intra-racisme »

De nombreuses associations ont vu le jour ces derniers mois avec l’objectif de rapprocher les Algériens de France de leur pays d’origine, de faciliter d’éventuels projets d’investissement ou carrément d’installation.

L’humoriste français d’origine algérienne Naïm a pointé, dans une courte vidéo, le cas des Franco-Algériens qui ont voté pour l’extrême-droite. Pour les railler, il raconte avoir reçu un message d’un Français musulman d’origine algérienne après le vote du 9 juin. Voilà ce qu’il lui a dit : « Si on doit encore voter la clique ou Macron, je vote RN. Et il se passera ce qu’il passera ». Naïm reprend ensuite en expliquant que ce Français d’origine algérienne qui lui a envoyé ce message préfère l’expulsion des autres Arabes.

« C’est de l’intra-racisme. Il y avait xénophobe, mais il y a autophobe », l’humoriste d’origine algérienne Naïm, en commentant le geste des Franco-Algériens en faveur de l’extrême-droite.

Pour en savoir plus sur les motivations des Français d’origine maghrébine qui ont préféré donner leur voix à un parti fondé, quoi que l’on dise, sur le rejet de l’autre, de l’immigré maghrébin et musulman, le journal français Le Parisien est allé à leur rencontre. Les motivations qu’ils avancent constituent un début d’explication pour ce comportement électoral qui déroute.

« C’est une ten­dance qui émerge à bas bruit », écrit Le Parisien dans un reportage publié dans son édition de ce mercredi 12 juin.

 Parallèlement à son entreprise de « dédiabolisation » entamée par Marine Le Pen, le parti s’est ouvert peu à peu aux Franco-Maghrébins. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes ayant des origines algériennes, marocaines ou tunisiennes adhèrent au RN ou votent pour ses candidats.

Après l’abandon du discours ouvertement raciste de Jean-Marie Le Pen, les jeunes franco-maghrébins sont de plus en plus nombreux à écouter ce que dit le parti, et même à partager la ligne dure qu’il prône pour lutter contre la délinquance et l’immigration clandestine.

Les thèmes liés à la sécurité et l’immigration clandestine sont pour beaucoup dans la montée du RN en France. Ce sont des questions qui préoccupent les Français, y compris ceux qui ont des origines étrangères.

Dans son billet du 10 juin, le recteur de la mosquée de Paris a tenté cette explication pour le vote musulman au profit du RN : « Les Français musulmans sont avant tout des citoyens français, sensibles aux mêmes enjeux sociaux, économiques et politiques que leurs compatriotes. Leur choix électoral se porte souvent vers le discours qui promet une France plus forte et plus stable, répondant ainsi aux aspirations universelles de sécurité et de prospérité. »

Européennes 2024 : le vote des Franco-Algériens en l’Algérie

Le Parisien a rencontré une jeune femme d’origine algérienne qui a voté pour le RN aux Européennes et qui assure qu’elle fera le même choix aux législatives. La raison est que, dit cette habitante de Mantes-la-Jolie qui travaille comme cadre dans le privé, elle est « adepte de la tolérance zéro » et favorable à « l’expulsion des délinquants ». C’est pour cela qu’elle a donné sa voix à Jordan Bardella, en plus de ses autres promesses sociales et économiques.

« C’est un parti comme les autres et leur ar­ri­vée au pou­voir ne m’in­quiète pas. Je vo­te­rai pour eux (…) pour re­trou­ver de l’au­to­rité, de la fer­meté », dit de son côté un jeune Français d’origine marocaine de Mantes-la-Ville, dans le même département.

Un père de famille avance aussi le même argument de « l’autorité » ainsi que celui du « pouvoir d’achat ».

Ces électeurs Franco-Maghrébins du RN ont accepté de témoigner, mais sous le couvert de l’anonymat, pour des raisons évidentes. Ce vote, ils disent l’assumer auprès de leurs familles, mais pas auprès de leurs amis.

Sans le dire ouvertement, ces Maghrébins bien installés sont peut-être davantage victimes de l’insécurité que le reste de la société. En plus d’y être exposés, comme tous les Français, ils estiment sans doute que les stigmatisations et les généralisations qui ne les épargnent pas sont dues au comportement d’une minorité de jeunes d’origine maghrébine comme eux.

« Il y a ceux qui pensent que les clandestins algériens sont à l’origine de la stigmatisation permanente des Français d’origine algérienne par les courants extrémistes, et qu’en les expulsant, ils se débarrasseront d’un argument de poids de l’extrême-droite sur les méfaits de l’immigration, alors que le problème est beaucoup plus complexe et est lié davantage au rejet de l’immigration d’origine musulmane », pointe un spécialiste des relations franco-algériennes, en rappelant l’engagement de personnalités franco-algériennes comme Malika Sorel avec l’extrême-droite.

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