La demande de remise en liberté de Karim Tabbou sera examinée ce mercredi 18 décembre. Depuis l’arrestation du porte-parole de l’UDS le 11 septembre, la justice a examiné de nombreuses demandes similaires, presque toutes rejetées.

Presque, car le juge d’instruction du tribunal de Koléa a accepté le 25 septembre de le remettre en liberté, mais le militant a été reconduit dès le lendemain en prison.

Cette fois sera-t-elle la bonne ? On peut au moins l’espérer puisque cet examen survient une semaine après l’élection présidentielle qui a vu la victoire de Abdelmadjid Tebboune et la main que celui-ci a tendue au hirak. Lors de sa conférence de presse qui a suivi l’annonce des résultats, Tebboune avait tenu un discours d’apaisement, dénué des habituelles menaces et accusations à l’encontre du mouvement populaire et ses animateurs. Il a même lancé un appel solennel au dialogue avec le hirak qu’il n’a pas hésité à qualifier de « béni », invitant celui-ci à désigner ses représentants.

Les plus sceptiques ont crié au discours de circonstance, relevant une nette contradiction avec ce qui se passait au même moment sur le terrain, précisément dans l’Oranie où les marches du quarante-troisième vendredi du même hiark ont été réprimées avec une violence jamais vue depuis le début de la contestation en février.

L’interrogation demeure donc entière concernant les intentions réelles du pouvoir et de sa nouvelle incarnation. Un début de réponse pourrait être connu dès ce mercredi. Certes, Abdelmadjid Tebboune n’est pas encore entré en fonction et il ne détient officiellement aucun pouvoir de décision, mais une éventuelle libération de Karim Tabbou dans le sillage de son élection serait un signe fort et le premier pas concret du pouvoir sur la voie de l’apaisement, qui serait logiquement suivi par d’autres et la libération de tous les détenus d’opinion.

Avec le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, l’universitaire Fodil Boumala, l’activiste Samir Benlarbi et d’autres, Karim Tabbou est l’une des figures emblématiques du hirak populaire, jouissant du respect et de la confiance des manifestants.

Le chemin le plus court qui mène vers la concrétisation de l’appel du président élu c’est la libération des détenus d’opinion, à commencer par les plus emblématiques, et il est évident qu’il n’aurait que peu de chances de rencontrer un écho avec plus d’une centaine de militants et de manifestants maintenus en détention.

Néanmoins, tout ce qui se dit sur la nouvelle orientation politique des autorités reste pour le moment au stade de la spéculation. On aura peut-être davantage de visibilité à l’issue de la décision qui sera prise ce mercredi concernant Karim Tabbou.