Perseverance, un rover de la NASA n’est pas loin de la planète Mars. Avec son « atterrissage » sur la planète rouge le 18 février prochain, continue une aventure humaine d’exploration spatiale des plus passionnantes.

Perseverance Rover, lancé en juillet 2020, a pour mission de rechercher des signes de vie microbienne ancienne sur la planète Mars, de mieux cerner la question de son habitabilité passée, et de préparer une future exploration humaine de la planète rouge.

C’est l’objet de la mission scientifique Mars 2020. Pour augmenter les chances de réussite d’une telle mission, les scientifiques de la NASA ont choisi une région de la planète où existent des signes de présence de l’eau, présence dans un passé lointain.

Ce choix est motivé par le fait que l’exploration de la planète Mars concerne principalement la présence de l’eau.

Après plus de cinq années d’études approfondies de plusieurs régions, initialement considérées comme potentiellement intéressantes, les scientifiques de la NASA ont choisi d’explorer le « cratère de Jezero », une région de la planète où il y avait autrefois un ancien delta de fleuve.

En effet, des études montrent qu’il y a plus de 3,5 milliards d’années, ce cratère était un lieu où existait un débit fluvial formant un delta qui depuis lors s’est asséché.

Le cratère de Jezero présente donc des caractéristiques qui permettent d’imaginer que cette région de Mars peut encore préserver des signes de vie passée et est donc très intéressante pour l’accomplissement de l’objectif scientifique de la mission Mars 2020.

A bord de Perseverance, les scientifiques auront sur la surface de Mars une panoplie d’instruments à leur disposition pour collecter des données et éventuellement répondre à la question : existe-t-il des signes de vie ancienne au sein ou autour du cratère de Jezero ?

Il est à noter que le cratère de Jezero se trouve à 3700 kilomètres du « cratère de Gale » où le Rover Curiosity, ‘’l’aîné’’ de Perseverance, continue d’explorer la surface de Mars.

Pour accomplir sa mission, Perseverance, dont la conception est basée sur celle de Curiosity, utilisera sept instruments sophistiqués. Les capacités et performances de ces instruments ont été testées dans plusieurs laboratoires, pendant plusieurs années.

Ces instruments serviront à obtenir les données nécessaires pour disposer des éléments de réponses aux questions fondamentales auxquelles la mission scientifique Mars 2020 a été prévue.

Ces instruments serviront notamment à obtenir des images panoramiques et stéréoscopiques de la région du cratère de Jezero, d’effectuer des mesures de température, de vitesse et direction du vent, de la pression et de l’humidité.

De plus, ils permettront d’avoir des données sur la composition organique des sols martiens, sur la composition élémentaire de la poussière, ainsi que des données sur la structure géologique du sous-sol avec une résolution de quelques centimètres.

Avec une vision futuriste, ambitieuse et ingénieuse, Perseverance aura la capacité de collecter des échantillons de l’environnement martien qui, a priori, pourraient être intéressants, donc prometteurs dans le sens où ils peuvent contribuer à élargir nos connaissances sur la planète rouge.

Faute de moyens technologiques appropriés, ces échantillons ne seront pas analysés sur site, mais seront stockés dans des tubes scellés. Ces tubes seront déposés à des endroits bien définis à la surface de Mars. Dans la mesure du possible, ils seront ramenés sur terre ultérieurement par une future mission spatiale.

Pour mieux préparer une future exploration humaine de la planète Mars, Perseverance testera une technologie d’extraction qui va exploiter l’atmosphère martienne composée à 96 % de dioxyde de carbone pour en extraire de l’oxygène qui pourrait servir à la motorisation d’engins spatiaux.

Ces mêmes engins pourraient dans quelques années ramener sur Terre les échantillons préparés et laissés sur la planète rouge. De plus, Perseverance Rover, en pionnier, fera le premier test de vol motorisé et guidé sur Mars.

En effet, il porte à son bord Ingenuity, un hélicoptère, d’un peu moins de deux kilogrammes, conçu pour faire des vols sur un rayon d’environ 300 mètres par vol tout en restant en communication avec Perseverance. En résumé, ces études permettront à mieux connaître la planète Mars et à mieux préparer les explorateurs humains du futur.

Avant de commencer les analyses scientifiques, un des défis pour Perseverance après le lancement depuis Cape Canaveral en Floride est qu’il se pose sur la surface de Mars sans dysfonctionnement et sans dégât.

Perseverance devra entrer dans l’atmosphère de Mars, descendre vers la surface de manière sécurisée et d’atterrir sur une zone prédéfinie d’environ 8 km sur 7 km (zone en forme elliptique) sans endommager ni la structure du rover, ni ses fonctionnalités ni ses équipements embarqués.

Pour cela, les ingénieurs de Perseverance ont prévu un parachute, un véhicule de descente et une « grue spatiale » pour poser en toute sécurité et en douceur le rover sur la surface. Perseverance aura aussi à détecter toutes sortes d’obstacles qui pourraient l’endommager ou l’empêcher de réaliser cette partie de la mission et bien sûr les éviter.

Cet événement scientifique et technologique majeur se produira le 18 février 2021. Il sera diffusé en direct par les canaux de la NASA, les images accessibles à tous. L’entrée dans l’atmosphère de Mars, la descente et l’atterrissage sur la planète n’étant pas anodins, je vous invite à le suivre.

Du rêve, de la vision et de la réalité

La recherche de la vie ancienne sur la planète Mars est une mission scientifique qui se propose de répondre à une des questions que les humains se sont de tout temps posées. La réussite attendue de cette mission et la qualité des technologies développés en conséquence ne sont pas le résultat d’une improvisation.

Au-delà de la finalité de cette extraordinaire aventure scientifique et technologique, nous devrions tirer matière à méditer et nous en inspirer pour faire face à une partie des problèmes qui se posent à nous.

Tout comme les autres accomplissements, Mars 2020 nous enseigne que les réussites sont le fruit d’un rêve, d’une vision partagée et de l’existence d’une ambition et d’une volonté de relever des défis. Elles nécessitent un environnement propice à l’innovation et un enseignement qui encourage le développement de l’esprit critique et l’esprit d’entreprendre.

Pour peu qu’il s’y attache, l’être humain libre a la capacité de pouvoir trouver des solutions aux problèmes les plus complexes que l’humanité connait, notamment la pauvreté, les maladies, les guerres, la santé de notre planète, pour ne citer que ceux-là.

Depuis l’aube de l’histoire, les humains, mus par la volonté d’améliorer leurs propres conditions, ont toujours cherché à agir sur le monde qui les entoure, à en avoir le contrôle et à en tirer profit. Depuis le milieu du siècle passé, la science et les technologies, et les connaissances d’une façon plus générale, y ont grandement contribué.

Aujourd’hui, les nouvelles technologies pénètrent presque toutes les facettes de nos vies et en même temps nous ressentons toujours ce besoin de comprendre plus sur nous-mêmes. Peut-être devrions-nous donner plus d’attention aux sciences sociales, aux sciences humaines, aux arts ?

Les progrès enregistrés ces dernières décennies par certains pays ou ensemble de pays, tant en sciences, en technologies que dans d’autres domaines, sont significatifs.

Ils nous enseignent notamment que le temps n’est plus à l’approximation aléatoire, et encore moins à réduire au silence ceux et celles qui recherchent la vérité ou proposent des idées avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord.

En revanche, il y a nécessité d’avoir une vision bien réfléchie, de faire preuve de rigueur, d’encourager la créativité, d’avoir une ouverture d’esprit et, avec cela, de persévérer tout comme Perseverance.

*Physicien et doyen des sciences; membre de l’équipe scientifique de Mars 2020