Société

Exode des cadres musulmans : « J’aime la France et je ne la quitte pas »

Dans un contexte de stigmatisations tous azimuts, de nombreux musulmans, notamment les cadres, songent à quitter la France, ou sont déjà installés dans d’autre pays d’Europe, en Amérique du Nord ou dans le golfe.

« J’aime la France mais je la quitte », titre d’un livre-enquête paru le 26 avril, est devenu le slogan qui résume parfaitement le déchirement que vivent les musulmans de France.

Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris, fait néanmoins entendre un son de cloche très différent. « J’aime la France et je ne la quitte pas », écrit-il dans son billet paru, ce lundi 6 mai, sur l’Internet de l’institution religieuse.

M. Hafiz explique pourquoi les musulmans de France ne doivent pas songer à partir et leur livre quelques conseils pour faire face à la situation.

« Je m’identifie profondément à la France, tout comme nombre de mes compatriotes de confession musulmane », écrit-il d’emblée, qualifiant ce pays de « creuset de cultures et de croyances » et de « théâtre de multiples identités qui se croisent, s’entremêlent et s’enrichissent mutuellement ».

Sa diversité culturelle et religieuse constitue le « fondement même » de l’essence de la France, ajoute le recteur.

« La France, je l’aime et je ne la quitte pas !!! », assène-t-il, affirmant avoir découvert dans « la richesse infinie de ses terres », « une mosaïque de cultures, une symphonie harmonieuse où chaque note, chaque couleur, contribue à l’œuvre collective ». Hafiz se montre reconnaissant envers la France, « berceau des Lumières », qui l’a « accueilli dans ses bras avec une bienveillance inégalée ».

Musulmans qui songent à quitter la France : l’appel du recteur de la mosquée de Paris

« La France m’a offert un foyer où je peux pratiquer ma foi en toute liberté », reconnaît-il encore.

Bien que les musulmans de France, dans leur grande majorité, expriment comme lui « un désir profond de s’y maintenir », Chems-Eddine Hafiz déplore que cette aspiration est constamment assombrie par « une rhétorique perfide, propagée par certains cercles, qui prétend que notre foi est intrinsèquement incompatible avec les valeurs fondamentales de la République ».

Ces « insinuations », que le recteur de la mosquée de Paris qualifie de « sycophantes », forcent selon lui les musulmans à défendre non seulement leur foi, mais aussi leur « légitimité en tant que citoyens français ».

Le recteur préconise aux musulmans de ne pas se limiter à la dénonciation de ces injustices, mais de partager activement les récits positifs de leurs « contributions à la société française » en mettant en avant leurs « réussites » et « réalisations » et les valeurs communes.

« Il est crucial de dénoncer sans relâche les discours haineux et les stéréotypes répandus qui alimentent les divisions et les préjugés », estime Chems-Eddine Hafiz qui, en parallèle, conseille aux musulmans de s’engager « activement dans l’action citoyenne ».

À commencer par exercer leur droit de vote aux prochaines échéances électorales. Le recteur de la plus importante institution religieuse musulmane de France donne presque une consigne de vote en écrivant qu’il faut que « nous soutenions les candidats et les politiques qui prônent l’inclusion et la diversité ».

« En soutenant les candidats et les politiques qui prônent l’inclusion et la diversité, nous envoyons un message fort à la société dans son ensemble, affirmant notre engagement envers les valeurs démocratiques », estime le recteur de la mosquée de Paris qui conclut par un appel au rassemblement « pour relever d’un front uni les défis qui se dressent sur le chemin de la société française ».

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