La capitale libyenne, Tripoli, abrite depuis ce lundi 6 juin une foire des produits algériens, avec la participation d’une cinquantaine d’entreprises algériennes.
Selon les organisateurs de l’événement, pas moins de 55 entreprises industrielles algériennes, activant dans différents secteurs d’activité à commencer par la construction, les travaux publics, la quincaillerie et l’industrie alimentaire prennent part à cette manifestation économique. Une opportunité pour elles de renforcer leur présence sur le marché libyen ou de s’y installer.
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Renforcer les liens avec la Libye
Parmi les participants figure l’entreprise Général Emballage. Une occasion pour le leader algérien du carton ondulé de « retisser les liens cassés avec la Libye.”
“Nous sommes présents sur le marché libyen depuis un certain nombre d’années. C’est un marché à fort potentiel. Au vu du contexte et de la crise sanitaire que nous avons traversée, il y a eu une petite rupture avec ce marché. Aujourd’hui, nous sommes à Tripoli pour essayer de retisser les liens cassés avec la Libye”, a déclaré à TSA ce lundi 6 juin Mohamed Bessa, directeur de communication du groupe Général Emballage.
“Avant la crise du Covid, la Libye était notre deuxième portefeuille client après la Tunisie, où nous avons une cinquantaine de clients, puis venait la Mauritanie. Mais il y a eu une rupture. À travers ce salon, nous souhaitons reprendre nos parts de marché”, a expliqué M. Bessa.
Bessa assure que Général Emballage vise « tous les marchés qui sont à proximité de l’Algérie, que ce soit la Libye, le Niger, la Tunisie, la Mauritanie ou les pays du bassin méditerranéen ». Il dit espérer qu’à travers la participation de Général Emballage à ce salon, “le flux d’exportation vers la Libye va reprendre, surtout que le contexte est plus favorable maintenant”.
Les potentialités du marché libyen
Racim Benghanem, directeur général l’entreprise BG-ICC, cabinet de conseil en image de marque et d’accompagnement des entreprises sur leur stratégie business-développement à l’export, fondateur du « Club export » au World Trade Center d’Alger et chef de la délégation algérienne aux «Rencontres Africa » en 2018, l’une des plus importantes manifestations économiques sur l’Afrique jamais organisées en France, en 2018, explique l’importance du marché libyen pour les entreprises algériennes.
“La Libye est un pays qui s’apprête à se reconstruire. Il est important d’aller exposer ce que l’Algérie pourrait apporter en termes de matériaux de construction, ciment, quincaillerie, robinetterie etc. Dans ce sens, c’est vraiment opportun d’aller se présenter aujourd’hui à Tripoli”, a-t-il dit.
Interrogé sur la présence des produits algériens sur le marché libyen, M. Benghanem a déclaré : « Le marché libyen est familier avec la production algérienne. Au départ, cela a commencé par de la contrebande, quand des produits algériens partaient en Libye, soit directement via les frontières libyennes, soit par la Tunisie. Ces derniers temps, il y a des entreprises tunisiennes qui importent d’Algérie et qui exportent vers la Libye. C’est pourquoi, il serait judicieux d’aller voir et de se présenter directement sur place en tant que fabricants de différents produits, que ce soit dans l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique ou les matériaux de construction”.
“En termes de services, il y a tous les aspects liés à l’énergie où l’Algérie pourrait être aussi partenaire de la Libye sur l’énergie électrique ou dans l’hydrocarbure”, a-t-il ajouté.
Combien d’entreprises algériennes exportent vers la Libye ? Selon le directeur du cabinet BG-ICC, “il n’y a pas de données officielles”. “Nous n’avons pas réellement de chiffres. En vérité, la grosse part des exportations vers la Libye passe par la Tunisie”, a-t-il dit.
Un marché à 3 milliards de dollars
Depuis quelque temps, l’Algérie a multiplié les initiatives afin de renforcer sa coopération économique et commerciale avec la Libye. Il y a quelques mois, un forum économique algéro-libyen s’est tenu à Alger, avec la participation de près de 400 opérateurs des deux pays.
Estimant la coopération entre l’Algérie et la Libye “faible“, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait alors insisté sur “la nécessité de porter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays à 3 milliards de dollars au cours des prochaines années”.
Cet objectif est-il réalisable ?
« Il faudrait avoir des données sur ce qu’importe la Libye pour pouvoir se positionner sur de tels chiffres. Cela pourrait être atteignable en période de reconstruction, notamment sur les matériaux de construction, ou encore grâce aux produits pharmaceutiques. Mais c’est une stratégie qui doit s’inscrire dans le temps. Nous ne sommes pas les seuls sur le marché libyen. Nous arrivons probablement parmi les derniers. Beaucoup de pays exportent déjà vers la Libye. Il y a actuellement un repositionnement qui se fait sur les parts de marché déjà existantes. Mais le potentiel reste important », a tempéré M. Benghanem.
Il est à noter, par ailleurs, qu’aujourd’hui, alors qu’il visitait les stands des entreprises algériennes à la foire de Tripoli, l’ambassadeur d’Algérie en Libye a annoncé l’ouverture “probable” du poste frontalier de Debdeb au cours du mois de juin. “Il y a de fortes chances qu’au mois de juin, du côté de Debdeb, il y ait une ouverture”, a-t-il dit.