Économie

Export : « Il y a un syndrome de la devise à la Banque d’Algérie »

L’objectif fixé par l’Algérie d’exporter pour quatre milliards de dollars de produits hors hydrocarbures en 2021 est-il à réalisable ? Ali Bey Nasri, président de l’Association des exportateurs algériens (Anexl) est optimiste.

Pour lui, l’Algérie qui a exporté pour 1,4 milliard de dollars en 2020 de produits hors hydrocarbures, peut compter sur des filières « émergentes » à l’instar du ciment et de la sidérurgie.

| LIRE AUSSI : Export : pourquoi la réglementation des changes est « répressive »

« En 2018, nous étions à 0 % en matière d’exportation de ciment, nous avons clôturé l’année 2020 à près de 2 millions de tonnes tandis que les perspectives pour 2021 sont de 5 millions de tonnes », a expliqué le président de l’Association des exportateurs algériens (Anexal) Ali  Bey Nasri, dans un entretien à la Radio nationale, ce mardi.

Idem pour les produits sidérurgiques. « Nous avons clôturé 2020 à 60 millions de dollars et les perspectives sont énormes », se réjouit aussi le président de l’Anexal, qui cite un autre produit émergent en l’occurrence les pneumatiques.

A ce rythme, Ali Bey Nasri n’exclut pas d’atteindre l’objectif de 4 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2021 « au moins à 90% ». Il reste que la filière a besoin davantage d’accompagnement et surtout d’attention.

« C’est plus que jamais le moment de changer de logiciel » notamment de gouvernance quant à l’approche  des pouvoirs publics vis-à-vis des exportations, souligne Bey Nasri.

« Les difficultés qui existent mais aussi les défis qui se projettent notamment avec la fonte systématique de nos réserves de change (…) nous imposent de voir l’exportation autrement », a indiqué Ali Bey Nasri.

Pour le président de l’Anexal, ce changement d’approche doit se traduire en premier lieu par une volonté politique « très forte, exprimée et impulsée par le président de la République».

« L’expérience n’a pas jusqu’à aujourd’hui porté ses fruits », a déploré M. Bey Nasri qui explique que l’activité d’exportation se trouve diluée entre certains ministères « sans chef de file» et qui donne des instructions afin d’être appliquées.

« Il y a un syndrome de la devise à la Banque d’Algérie »

Perdue dans les méandres de l’administration, l’activité d’export « n’est pas traitée en première priorité », regrette Ali Bey Nasri. Pour lui, l’exportation doit être placée au plus haut niveau de responsabilité. Le président de l’Anexal place ses espoirs dans les engagements pris par le président de la République, notamment dans son discours d’août 2020, dans lequel il avait exprimé fortement d’encourager les exportations.

« Cette volonté doit être exprimée par le premier responsable du pays », insiste Ali Bey Nasri qui suggère de nommer « un conseiller export auprès du président de la République qui aura la charge de mener l’action gouvernementale en matière d’exportation. Pourquoi pas, un ministère de l’exportation et du commerce extérieur ? ».

Fustigeant une réglementation des changes rigide, les exportateurs algériens font face à une administration qui coopère peu. « Si les exportateurs font des efforts, les institutions en charge de l’acte d’exportation ne le font pas », déplore le président de l’Anexal qui appelle à un « accompagnement étatique puissant » qui doit intervenir dans l’immédiat.

Ali Bey Nasri cite  l’exemple de la rétrocession à 100 % des recettes en devises aux exportateurs, démarche qui vise à desserrer légèrement l’étau sur le contrôle des changes pour permettre le développement des exportations hors hydrocarbures.

« Entre le 28 avril, date de l’annonce faite par le Banque d’Algérie, il n’y a rien eu », déplore l’exportateur. « Il y a un syndrome de la devise à la Banque d’Algérie qui nous empêche d’avancer, tout simplement », accuse Ali Bey Nasri.

Ali Bey Nasri regrette aussi que les chiffres des exportations pour l’année 2020 n’aient été fournis qu’au mois de juin 2021. « Au moment où l’on parle de digital et d’instantanéité, il n’est pas normal qu’on mette six mois pour publier les chiffres (des exportations) de 2020. En tout cas, ce n’est pas la pratique au niveau international ».

Les plus lus