Économie

Exportations : la véritable réforme, selon Ali Bey Nasri

Le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) a annoncé dimanche une modification de la réglementation des changes pour permettre le développement des exportations hors hydrocarbures.

La mesure est destinée essentiellement aux entreprises activant le secteur des nouvelles technologies.  Les mesures introduites par le CMC autorisent les exportateurs à « disposer de la totalité de leurs recettes d’exportations logées dans les comptes devises, pour les besoins de leur activité », selon un communiqué de la Banque d’Algérie.

Aussi, elles « dispensent de l’obligation des formalités de domiciliation bancaire les exportations de prestations des services numériques ainsi que celles portant sur les prestations de services des start-up et des professionnels non commerçants. »

| Lire aussi : Export : l’Algérie modifie sa réglementation des changes

« Ce n’est pas du tout une bonne décision »

Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), qui réclame depuis plusieurs mois la réforme de la réglementation des changes, n’y voit pas une avancée.

« La note dit que les exportateurs peuvent disposer de leurs recettes en devises.  Pourquoi faire ? Pour acheter de la matière première c’est tout », s’emporte Ali Bey Nasri.

« Pour moi, ce n’est pas du tout une bonne décision », balaie-t-il tout en exposant que cette mesure est bénéfique pour les services numériques. Et là encore, M. Bey Nasri tempère ce bénéfice.

« Exporter des services sans que la carte bancaire professionnelle n’existe, comment vont-ils faire pour acheter et payer ? L’utilisation de la devise par carte bancaire professionnelle n’existe pas en Algérie », argumente-t-il.

Pour Ali Bey Nasri, la véritable réforme « c’est d’accepter le principe de partage de la valeur ajoutée entre les exportateurs et l’État. »

Explication : « Supposons que je suis un exportateur de dattes. Si j’exporte pour 1 000 dollars, je partage avec l’État : lui prend 500 dollars et moi de même. À condition qu’avec mes 500 dollars je fais ce que je veux, libres d’utilisation ».

« Concernant les produits manufacturés, si j’exporte pour 60 000 dollars j’aurai droit à une valeur ajoutée de 20%, soit 26 000 dollars », calcule Ali Bey Nasri.

L’Algérie, qui a exporté pour deux milliards de dollars de produits hors hydrocarbures en 2020, veut porter ce chiffre à 4 milliards de dollars en 2021, afin de compenser la chute brutale des recettes pétrolières, suite à la baisse des prix de l’or noir sur le marché mondial.

Toutefois, les exportateurs algériens sont confrontés à de nombreuses difficultés en Algérie, pour exporter leurs produits, notamment la pénalisation de l’acte d’exportation, l’impossibilité d’ouvrir des bureaux de liaisons à l’étranger et l’absence de banques algériennes à l’étranger.

| Lire aussi : Exportations : la diplomatie algérienne pour ouvrir des portes

Les plus lus